Live News

Bilan du 1er trimestre scolaire : plusieurs ombres au tableau à cause de la COVID-19 

Un premier trimestre mouvementé pour la plupart des élèves.

Le premier trimestre scolaire 2021-22 a pris fin le vendredi 27 août. Ces dernières semaines, il y a eu pas mal de chamboulements dans le milieu éducatif à cause de la pandémie de COVID-19. Emploi du temps décalé, fermeture d’écoles au quotidien et manque de manuels scolaires des semaines durant sont autant d’inconvénients qu’ont subis nombre d’établissements.

Publicité

Classes en demi-jauge 

Deux jours pour certains et trois pour d’autres. C’est comme cela que se sont déroulées les classes en présentiel durant le premier trimestre scolaire 2021-22. Les lundis, les mercredis et les vendredis étaient destinés aux élèves qui devront prendre part aux examens nationaux et internationaux en 2022. Les autres élèves s’y sont rendus les mardis et les jeudis. Une situation inacceptable, selon Lekhram Seegoolam, président de la PTA de Royal College Port-Louis. 

Mais il concède qu’il n’y avait guère le choix dans un contexte marqué par la pandémie de COVID-19 et nécessitant d’adopter un protocole sanitaire rigoureux pour mitiger la propagation du virus. Il constate que malgré la décision d’introduire un emploi du temps décalé avec des classes en demi-jauge, des élèves n’étaient pas réguliers à l’école, par peur du nombre de cas positifs recensés. 

Patrick Freyneau, président de la Secondary and Preparatory School Teachers and Other Staff Union, peine à comprendre la logique derrière la décision d’introduire les classes alternées. « Les élèves voyagent dans des autobus remplis avant de se rendre à l’école. Ils se rencontrent dans des centres commerciaux. C’est uniquement dans les écoles qu’ils sont séparés. Ce n’est pas cohérent », analyse-t-il.  

La principale difficulté d’enseigner en fonction d’un emploi du temps décalé, selon lui, est de faire un suivi des élèves. Avis partagé par l’instituteur Vishal Baujeet. Il insiste sur le fait que les classes alternées ont un effet néfaste sur les élèves. « Ils ne sont pas exposés à cette nouvelle méthode d’apprentissage. Il y a aussi la question de l’adaptation », dit-il. 

L’instituteur met également en exergue le fait que les enseignants doivent faire le double du travail. « Ils doivent dispenser les mêmes cours à deux groupes à différents moments. Les jours où ils n’ont pas classe, ils ont une responsabilité vis-à-vis des autres classes », explique-t-il. Il prend l’exemple d’un enseignant de Grade 6 qui travaille les lundis, les mercredis et les vendredis avec deux groupes de 20 élèves par jour.

Puis, poursuit-il, il doit être présent dans une classe de Grade 1 les mardis et les jeudis. 

Angela Ghurburrun, présidente du Student Front, est aussi d’avis que le premier trimestre s’est révélé assez difficile pour la plupart des élèves. « Cet emploi du temps plonge les élèves de Grade 13 (Upper 6) et de Grade 11 (Form 5) dans un état de stress incroyable », estime-t-elle. Elle ajoute que le programme d’études n’est pas fini pour beaucoup. 

Sans compter le fait, poursuit-elle, que la grande majorité des élèves des matières techniques, comme la Design and Technology, est loin d’avoir terminé son projet qui doit être fait à l’école. « Nous sommes inquiets que les examens de Cambridge soient à nouveau reportés. Ce serait une tragédie, mais personne ne nous rassure clairement du contraire », fait-elle ressortir. 


Programme d’études perturbé 

Le programme d’études du premier trimestre n’a pas été complété. Anand Seewoosungkur, président de la Mauritius Head Teachers’ Association (MHTA), explique qu’en temps normal, cela requiert 60 à 65 jours de travail. « Or, avec le nouvel emploi du temps, les élèves qui sont venus en classe les lundis, les mercredis et les vendredis ont eu 24 jours d’école. Quant aux autres, ils ont eu droit à 16 jours », détaille-t-il. 
Sans compter le fait, dit-il, que les parents n’ont pas tous envoyé leurs enfants à l’école. « Ce qui nous a donné un taux de présence de moins de 50 % », déplore-t-il. Le maître d’école estime que dans de telles conditions, il est difficile pour un enseignant de compléter le programme prévu et de faire un suivi des élèves. 

Mathieu Dacruz, élève en Grade 12, souligne que cette fin de trimestre a été particulièrement mouvementée par la fermeture temporaire des collèges à cause des cas de COVID-19 détectés. « De plus, avec le nouveau calendrier scolaire, aussitôt les résultats de School Certificate proclamés, les élèves se sont retrouvés une semaine plus tard à prendre part aux examens du premier trimestre de Grade 12. Pis, ceux qui redoublent ont raté un trimestre entier. Idem pour ceux qui changent de filière. » 

Yugesh Panday, de l’Association des recteurs et assistants recteurs des collèges d’État, souligne que les enseignants s’accordent à dire que le cursus pédagogique a accumulé un retard monstre. « Alors que le contact entre élèves et enseignants a été réduit à 40 %, le taux d’assimilation est, quant à lui, inférieur de 30 %. La performance des élèves aux examens d’évaluation de ce trimestre en est la preuve », indique-t-il. 

Certains collèges ont également accusé un retard dans la réception des manuels gratuits destinés aux élèves des Grades 7 à 9. Les professionnels du secteur éducatif sont d’avis que le retard accumulé sera difficilement rattrapable si le même cursus est maintenu pour l’année scolaire en cours.


Fermeture temporaire de certaines écoles 

Ce premier trimestre a été rythmé par la fermeture temporaire d’établissements scolaires, dont certains ont dû le faire plus d’une fois. À l’instar du Modern College de Flacq qui en est à trois fermetures. Nazima Kholeepa, la présidente de la PTA, trouve que la situation s’aggrave de jour en jour. « Les examens auraient dû commencer le lundi 23 août, mais ils n’ont pas pu se faire à cause des cas positifs enregistrés. Lorsqu’il y en a qui sont dépistés au collège, les parents et les élèves sont stressés », confie Nazima Kholeepa, qui a deux enfants en Grade 9 et 11. 

Yugesh Panday, de l’Association des recteurs et assistants recteurs des collèges d’État, souligne que la propagation de la COVID-19 vient compliquer davantage une situation déjà difficile pour les élèves. « La priorité est de préserver la santé de nos enfants. Mais la rentrée du deuxième trimestre s’annonce déjà floue. Cette situation ne facilite guère la tâche des recteurs. Il y a un sentiment de clivage entre le ministère et les écoles », dit-il. Pour lui, la ligne de communication aurait pu être mieux entretenue.


Solutions proposées 

Avec le deuxième trimestre qui débute le 13 septembre prochain, Patrick Freyneau propose d’étendre le calendrier scolaire 2021-22 jusqu’à décembre 2022. « Le premier trimestre n’a pas donné les résultats escomptés. Avec le nombre de cas enregistrés ces derniers jours, il est probable que les classes du deuxième trimestre soient aussi en alterné », explique-t-il. 

Il propose que ceux qui doivent prendre part aux examens internationaux et nationaux en avril se rendent à l’école tous les jours. « Pour les autres, les classes devraient se poursuivre. Le premier trimestre de la prochaine année scolaire devrait débuter en janvier 2023. » 

Mathieu Dacruz affirme que les trimestres prochains détermineront la performance des élèves. « Il doit impérativement y avoir un gros travail de rattrapage par les enseignants, ce qui n’est pas nécessairement facile vu notre présence alternée », dit-il.

Ce qu’il faudrait aussi, selon lui, c’est que tous les élèves, particulièrement ceux du School Certificate et du Higher School Certificate, soient suivis de près. « L’année dernière, malgré les confinements, il y avait soit les classes en présentiel cinq fois par semaine, soit les cours en ligne cinq fois par semaine, ce qui permettait un suivi constant. »

Pour ce qui est du protocole sanitaire qui stipule que les établissements scolaires doivent fermer pendant deux jours à chaque fois qu’un cas de COVID-19 est détecté, Angela Ghurburrun estime que cela pourrait être facilement évité si les élèves recevaient un kit de test à domicile avant de venir à l’école. Elle ajoute que pour le prochain trimestre, il faudrait davantage d’heures de cours. « Il est primordial que les programmes et les projets soient achevés à l’école avec un temps approprié alloué pour la révision. Le protocole sanitaire est à revoir en tenant compte du temps d’enseignement comme une priorité secondaire après la santé, les cours en ligne, les heures supplémentaires ou les journées pour les élèves des matières techniques… De nombreuses solutions existent pour améliorer la situation. » 

L’Association des recteurs et assistants recteurs ne comprend pas comment le ministère va promouvoir le « Blended Mode of Teaching » comme une des options mentionnées par la ministre de l’Éducation. « Ceux qui s’y connaissent dans le domaine sont d’avis qu’il est temps que le ministère passe à la vitesse supérieure en matière d’enseignement à distance. Pour le moment, la logistique n’existe pas. Chaque école devrait être connectée à son ‘Massive Online Open Course. Les enseignants pourraient utiliser cette facilité pour guider les élèves et suivre le travail », suggère-t-elle.  

Autre point qu’elle met en avant : le gouvernement devrait donner des facilités financières aux enseignants pour qu’ils s’achètent un laptop. « Idem pour les élèves. Les frais de connexion à Internet doivent aussi baisser. Il faut joindre le geste à la parole en matière de Policy pour définir cette nouvelle réalité. »

  • LDMG

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !