Après 50 ans d’indépendance, Maurice a-t-elle pu se muer en une nation? Lors du débat sur l’édification de la nation, le dimanche 4 mars au centre Swami Vivekananda, à Pailles, les intervenants ont affirmé que les Mauriciens ont évolué dans la bonne direction, laissant derrière eux les vestiges d’une île indépendante mais fragmentée.
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Ce dernier débat, se tenant en parallèle au Salon de trois jours organisé par Le Défi Media Group et ses filiales Events Plus et Radio Plus, a réuni quatre intervenants : Arnaud Carpooran, linguiste et doyen de la Faculté des sciences sociales et humaines à l’Université de Maurice; Ibrahim Koodoruth, sociologue; Armoogum Parsuramen, ancien ministre de l’Éducation et fondateur de la Global Rainbow Foundation et Roshni Mooneeram, universitaire et observatrice politique. Le modérateur a été Jean-Luc Emile.
Tenant compte des arguments avancés par le panel, il en ressort que le chemin vers une nation moderne risque d’être long. Le chantier est vaste quand on tient compte du travail à être effectué au niveau des langues, de la prise de conscience du citoyen et des traces de préjugés d’il y a 50 ans mais qui sont toujours là.
Maurice abrite une population de quelque 1,3 million de personnes vivant sur 2,040 kilomètres carrés. Le pays est au confluent de cultures venant de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Et la nation ? « Nous avons bien évolué. Nous avons vécu ensemble malgré les affrontements qu’il y a eu. Nous avons appris à vivre ensemble. C’est un fondement de l’éducation, de la sagesse et de la spiritualité. Chaque composante pratique sa religion avec une ferveur extraordinaire, » a dit Armoogum Parsuramen.
Selon Arnaud Carpooran, une nation signifie une volonté de vivre ensemble, construire un avenir et transmettre des valeurs. La question reste posée sur le fait de savoir si nous avons pu cultiver des valeurs morales, culturelles et philosophiques. Une nation est un terme abstrait. Roshni Mooneeram a indiqué qu’au moment de l’indépendance, plus de 50 % de la population ont cru dans la création d’une nation.
Le sociologue Ibrahim Koodoruth apporte une analyse très critique de la situation. D’une part, ce sont les considérations ethniques qui entrent en jeu après les élections générales, afin de constituer le conseil des ministres. Aujourd’hui, a-t-il rappelé, il existe une « certaine léthargie » relative à la souveraineté de Maurice, citant Tromelin, Diego Garcia et Agalega.
« Je dois me sentir Mauricien, » a-t-il précisé. « Elle doit être plus que cela. C’est à cet instant qu’on pourra dire que nous sommes en train de créer une nation mauricienne. »
Bien que nous puissions maintenir le cap et aller plus loin, le respect des institutions est nécessaire. Or, il y a eu tant de bouleversements ces derniers temps, avec des institutions qui sont bafouées, que cela donne matière à réflexion, selon Armoogum Parsuramen. Celui-ci exprime des craintes pour le pays. « J’ai bien peur pour cette nation arc-en-ciel. Il y a des fissures », a-t-il laissé entendre.
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