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Autonomie de Rodrigues : vingt ans après, quel bilan ?

Le Premier ministre n’a pas manqué de rendre hommage au peuple de Rodrigues pour sa persévérance. Il était accompagné de sa mère lors de ce déplacement.

Rodrigues célèbre aujourd’hui le vingtième anniversaire de son accession à l’autonomie. Initiée sous le gouvernement MSM/MMM de 2000-2005, cette évolution s’est révélée un franc succès politique. L’heure doit maintenant être à la révolution économique, estiment les observateurs.

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Ram Seegobin : «Il n’y a pas eu assez d’investissements pour la modernisation»

L’autonomie de Rodrigues était devenue politiquement inévitable. C’est l’avis de Ram Seegobin, du parti Lalit. « Vingt ans après, je dois dire que l’autonomie a été un succès dans une certaine mesure », dit-il. Toutefois, Rodrigues accuse beaucoup de retard en termes de développement économique. « La production est restée très artisanale. L’activité est surtout centrée sur l’élevage, la pêche et l’agriculture. Il n’y a pas eu assez d’investissements pour la modernisation. » 

Sur le plan politique, Ram Seegobin salue les efforts faits pour introduire la proportionnelle dans le système électoral rodriguais mais dit regretter que les scénarios qui en ont découlé ont souvent été utilisés comme prétexte pour ne pas appliquer la proportionnelle à Maurice. « Sir Anerood Jugnauth a toujours cité l’exemple de la proportionnelle à Rodrigues pour essayer de démontrer que cela engendrerait trop d’instabilité politique. Au niveau de Lalit, nous pensons que la proportionnelle permet de promouvoir davantage la démocratie », soutient-il.

Nicolas Von Mally : «Je regrette que Rodrigues soit divisé» 

L’ancien ministre de Rodrigues se dit fier d’avoir pu œuvrer à la création d’une assemblée régionale élue par le peuple rodriguais, ce qu’il qualifie de « révolution politique ». « L’OPR voulait que les membres de l’assemblée soient nommés par le ministre. Je m’y étais opposé et j’avais insisté pour un mode de fonctionnement comme à Maurice où le peuple élit ses représentants », explique Nicolas Von Mally. 

À présent, pour lui, le temps est venu d’opérer une révolution économique. « On ne peut pas se contenter de développer l’infrastructure. Nous devons nous tourner vers le développement de notre aquaculture et participer davantage au développement de l’économie bleue. Car Rodrigues peut apporter une grande pierre à l’édifice économique de la République de Maurice », avance-t-il. 

Il dit cependant regretter que Rodrigues soit miné par des divisions. « Certains veulent diviser pour protéger leurs intérêts. L’égo rodriguais a été trop fort et cela nous a fait rater beaucoup d’occasions avec l’histoire », ajoute-t-il. 

Jean Claude de l’Estrac : «Un long combat mené par Serge Clair»

« Avant de parler de bilan, on peut parler du principe de l’autonomie, que les Anglais appellent ‘devolution’ », dit Jean Claude de l’Estrac. Selon l’ancien ministre, pouvoir participer à la gestion de la vie collective de son pays est une « aspiration légitime des citoyens, et le gouvernement mauricien a été bien inspiré d’accorder aux Rodriguais la possibilité de gérer eux-mêmes leurs affaires. » 

L’accession de Rodrigues à l’autonomie, poursuit-il, a été un long combat mené principalement par Serge Clair, leader de l’Organisation du peuple de Rodrigues. « S’il y a un homme qui mérite la reconnaissance à l’occasion de ce vingtième anniversaire, c’est bien Serge Clair. Même s’il est vrai que sir Anerood Jugnauth a été d’un fort soutien politique pour faciliter l’avènement de cette autonomie. » 

Commentant la participation du Premier ministre Pravind Jugnauth aux célébrations de l’anniversaire de l’autonomie, Jean Claude de l’Estrac la trouve paradoxale « à un moment où il vient de supprimer l’autonomie de plusieurs institutions mauriciennes, notamment les municipalités qui sont aujourd’hui dépourvues de pouvoir et de moyens financiers, et sont devenues des agences du gouvernement central ».

Jocelyn Chan Low : «Le MMM est à la base mais il n’y aurait pas eu d’autonomie sans sir Anerood Jugnauth»

Qui est le véritable père de l’autonomie de Rodrigues à Maurice ? Le Mouvement militant mauricien (MMM) où le Mouvement socialiste militant (MSM) ? Cette question fait débat à chaque célébration de l’autonomie rodriguaise. L’historien Jocelyn Chan Low tient d’abord à préciser que l’Organisation du peuple de Rodrigues (OPR) a été un allié objectif du MMM aux élections de 1982. « Le MMM a toujours accordé une importance particulière à Rodrigues du fait de cette association avec l’OPR. Et quand le MMM est revenu au pouvoir en 2000 avec le MSM, il a été à la base de l’autonomie. » Cela dit, ajoute-t-il, « c’est sir Anerood Jugnauth, en tant que Premier ministre, qui a accordé l’autonomie. S’il n’avait pas donné son accord, il n’y aurait pas eu d’autonomie. »

Inauguration du Sir Anerood Jugnauth Square mardi

Le PM aux Rodriguais : «Sir Anerood a toujours cru en votre détermination à servir votre île»

« Mes frères et sœurs rodriguais, sir Anerood a toujours cru en votre volonté et votre détermination à servir votre île. Il a eu raison », a affirmé Pravind Jugnauth, ce mardi, à l’occasion de l’inauguration du Sir Anerood Jugnauth Square à Port-Mathurin. Cet évènement s’inscrit dans le cadre des célébrations officielles marquant le vingtième anniversaire de l’autonomie de Rodrigues, acquise le 12 octobre 2002. 

Le Premier ministre n’a pas manqué de rendre hommage au peuple de Rodrigues qui, grâce à sa persévérance, a pu accomplir de nombreuses réalisations. « Certes, nous avons une pensée spéciale pour sir Anerood mais n’oublions pas que sans le travail des dirigeants de Rodrigues, cette transformation ne se serait pas concrétisée », a-t-il dit.

Le chef du gouvernement a aussi salué les nouvelles initiatives des Rodriguais pour développer la pêche, l’agriculture et les PME, tout en reconnaissant l’esprit d’entreprise des femmes à Rodrigues.  

 

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