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Autobus fumigènes : une menace silencieuse pour la santé publique

Avec la pollution de l’air, les Mauriciens s’exposent à davantage de complications respiratoires.

La pollution atmosphérique causée par les autobus et véhicules fumigènes constitue un enjeu de santé publique majeur à Maurice. Le Dr Rajiv Kumar, pneumologue et chef de département à la Chest Clinic, tire la sonnette d’alarme sur les conséquences directes et indirectes de l’exposition aux particules fines issues des moteurs diesel.

L’air pollué, avec ses particules invisibles, peut être un vrai danger pour la santé. « La pollution de l’air, notamment celle liée au diesel, a un impact général négatif sur la santé. Elle affecte non seulement les poumons, mais aussi le cœur et même la santé mentale », souligne le Dr Rajiv Kumar. En cause : les particules fines dites PM2.5, l’ozone et le dioxyde d’azote qui, en se concentrant dans l’air, fragilisent l’organisme.

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Ces microparticules, trop petites pour être filtrées par le nez, pénètrent profondément dans les poumons et provoquent inflammation, stress oxydatif et baisse de l’immunité locale. Elles augmentent ainsi le risque d’infections, d’allergies, de crises d’asthme et d’exacerbations chez les patients atteints de BPCO.

Des patients fragilisés

Les personnes déjà vulnérables sont les premières victimes. « Un asthmatique stable peut voir ses crises se multiplier s’il est exposé régulièrement à ces fumées. De même, les patients BPCO, même sous traitement, présentent un risque plus élevé d’hospitalisation », avertit le spécialiste. Les enfants, dont les poumons sont encore en développement, et les personnes âgées figurent parmi les plus exposés.
Cependant, les effets ne s’arrêtent pas aux maladies respiratoires. En effet, des études scientifiques, parues dans des revues médicales de référence comme The Lancet ou le Journal of the American Medical Association, établissent aussi un lien entre pollution urbaine et maladies cardiovasculaires.

Des preuves scientifiques claires

Le Dr Rajiv Kumar cite une étude comparative menée à Londres. Des volontaires ont été soumis à des tests de fonction respiratoire après avoir marché sur Oxford Street, artère très fréquentée, puis à Hyde Park, zone plus préservée. « Les résultats ont montré une nette différence : toux, essoufflement et baisse des capacités pulmonaires étaient accentués après une marche dans un environnement pollué », rapporte-t-il.
D’autres recherches indiquent également une corrélation entre exposition chronique aux particules fines et augmentation des cas de cancer du poumon. Chez les enfants vivant près d’axes routiers très fréquentés, l’incidence de l’asthme est plus élevée que dans d’autres zones.

Un problème de société

Pour le pneumologue, il ne fait aucun doute que la pollution de l’air provoquée par les autobus fumigènes doit être prise au sérieux. « Il n’y a pas de secret : l’air pollué est un facteur de risque de nombreuses maladies. La responsabilité des autorités est de maintenir la qualité de l’air sous contrôle », affirme-t-il.

Des initiatives existent ailleurs, comme en Inde, où certaines villes imposent des restrictions de circulation à certains jours de la semaine pour limiter le nombre de véhicules polluants sur les routes. Maurice pourrait s’inspirer de ces solutions afin de protéger la santé de sa population.

Prévention : la vigilance est de mise

Concernant la prévention, le Dr Rajiv Kumar estime que la lutte contre les autobus fumigènes passe d’abord par un meilleur contrôle des autorités. Il indique : « Il faut des interventions régulières et plus strictes, notamment à travers le Traffic Act, afin de s’assurer que les véhicules, en particulier ceux qui roulent au diesel, respectent les normes ».

Le médecin rappelle que des outils techniques existent déjà pour mesurer les émissions et qu’ils devraient être utilisés de manière systématique lors des contrôles routiers. Une application rigoureuse de la réglementation permettrait de limiter les particules nocives rejetées dans l’air.

Sur le plan individuel, il conseille aux personnes souffrant de maladies respiratoires chroniques, comme l’asthme ou la BPCO, de réduire autant que possible leur exposition aux zones très polluées. Le port du masque, bien que contraignant, reste une solution pour ceux qui doivent se déplacer dans des environnements saturés de fumée. « Le respect des traitements réguliers et le suivi médical sont essentiels pour limiter les risques d’exacerbation », ajoute notre interlocuteur. 

La prévention concerne également les enfants et les personnes vulnérables, qui doivent être protégés en priorité. « Le développement économique ne doit pas se faire au détriment de la santé publique », conclut le spécialiste, plaidant pour un équilibre entre progrès et protection de la population.

Les particules PM2.5, ces ennemis invisibles

Les particules fines, appelées PM2.5, sont des poussières microscopiques en suspension dans l’air, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, soit environ 30 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu. Issues principalement de la combustion du diesel, du charbon et d’autres carburants, elles sont invisibles à l’œil nu, mais pénètrent profondément dans l’organisme.

Contrairement aux particules plus grosses qui sont arrêtées par le nez ou la gorge, les PM2.5 atteignent directement les alvéoles pulmonaires. De là, elles passent dans la circulation sanguine, provoquant inflammations chroniques et stress oxydatif. Ces réactions fragilisent les défenses naturelles, augmentent la sensibilité aux infections (pneumonies, bronchites, virus) et favorisent l’apparition de maladies respiratoires comme l’asthme ou la BPCO.

Toutefois, leurs effets ne s’arrêtent pas aux poumons. Une fois dans le sang, ces particules contribuent à l’hypertension, au durcissement des artères et augmentent le risque de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux et même de diabète. L’exposition chronique est également associée à une hausse des cancers du poumon.

En somme, les PM2.5 sont de véritables « polluants invisibles », capables de perturber l’équilibre de tout l’organisme, ce qui en fait l’un des enjeux de santé publique les plus préoccupants aujourd’hui.

Qu’est-ce que la BPCO ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une maladie respiratoire chronique qui résulte d’une obstruction progressive et irréversible des voies aériennes. Elle touche principalement les fumeurs, mais aussi les personnes régulièrement exposées à la pollution de l’air, aux fumées industrielles ou aux poussières professionnelles.

La BPCO se manifeste par une toux persistante, des expectorations fréquentes et un essoufflement qui s’aggrave avec le temps. Dans les cas avancés, les patients éprouvent des difficultés à réaliser des gestes simples du quotidien, comme monter des escaliers ou marcher sur de courtes distances.

Cette maladie est souvent sous-diagnostiquée, car ses symptômes sont confondus avec ceux d’un « simple » vieillissement ou d’un manque de condition physique. Pourtant, un diagnostic précoce est essentiel. S’il n’existe pas de guérison, l’arrêt du tabac, un suivi médical adapté et des traitements inhalés permettent de ralentir son évolution et d’améliorer la qualité de vie.

 

 

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