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Au Cœur de l’Info - Forte pluies : Reza Uteem annonce un protocole pour le privé

Les ministres Reza Uteem et Ashok Subron s’accordent sur l’importance de traiter tous les salariés équitablement.
  • Ashok Subron : «Mo pou donn mo lavi pou travayer kan zot lavi menase»

Face à la confusion provoquée par les pluies torrentielles de mercredi, le ministre du Travail et des Relations industrielles, Reza Uteem, a annoncé l’élaboration prochaine d’un protocole dédié au secteur privé. Ce dernier devrait pallier l’absence de cadre légal contraignant lors d’intempéries, contrairement à ce qui est prévu en cas d’alerte cyclonique.

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Invité dans l’émission « Au Coeur de l’Info », animée par la journaliste  et rédactrice en chef adjointe Jane Lutchmaya, sur Radio Plus et TéléPlus, hier, mercredi 30 avril, le ministre du Travail a rappelé que « le NEOC (National Emergency Operations Command) fait des recommandations au bureau du Premier ministre, qui émet ensuite un communiqué ». Il a souligné que les directives actuelles concernent uniquement la fonction publique, et qu’aucun mécanisme équivalent n’existe pour le privé : « Le ‘guideline’ est clair, mais cela ne concerne pas les fonctionnaires des services essentiels. Malheureusement, nous n’avons pas d’équivalent dans le secteur privé. »  

« Les associations comme Business Mauritius n’ont pas autorité pour donner des instructions à leurs membres », devait-il ajouter, précisant : « Contrairement à une alerte cyclonique, lors d’une alerte de fortes pluies, il n’y a pas de règles automatiques. »

Le ministre Reza Uteem a indiqué qu’il encourage le travail à domicile, sans le rendre obligatoire. D’autant que certaines entreprises affirment ne pas pouvoir fermer tout en assurant la sécurité de leurs employés. « Il faudrait inscrire le travail à domicile dans la loi. Ainsi, il s’appliquerait à tout le monde, même aux travailleurs indépendants (self-employed) », déclare-t-il. Reza Uteem précise qu’un protocole pour le secteur privé sera élaboré, comme prévu dans le programme électoral de l’Alliance du Changement.

La déclaration de Reza Uteem fait écho à la montée des critiques sur l’absence d’équité. En première ligne, le ministre Ashok Subron a lui aussi pris position avec force. Intervenu au téléphone comme son collègue Reza Uteem, il a dénoncé l’inaction passée concernant la mise en place d’un cadre légal pour les salariés du privé. Il en a profité de cette tribune pour réaffirmer son engagement indéfectible envers les travailleurs.

Sur sa page Facebook, mercredi matin, le ministre de l’Intégration sociale, de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale avait déjà exprimé sa préoccupation. Dans un message, il saluait la décision du Premier ministre et de l’Alliance du Changement : « Premie Minis, Lalians Sanzman, inn pran enn desizion ki bizin. Bravo ! Aster nou ena pou sanz lalwa kouma nou Manifes dir, pou aret tou diskriminasion dan lavenir. Lavi travayer/lepep avan profi ! »

Sur Radio Plus, Ashok Subron a poursuivi : « Quand la vie de quelqu’un est en danger, chaque humain doit tout faire pour la protéger. » Il a précisé : « Je tiens à exprimer mon soutien aux employés qui ont subi un stress social aujourd’hui, mercredi 30 avril 2025. Je rends hommage au Premier ministre qui, malgré un cadre légal totalement délaissé depuis 2016, a pris, avec le NEOC, la décision qu’il fallait. »

Le ministre a justifié sa prise de parole publique par la volonté d’éviter que des drames comme les inondations de Port-Louis le 30 mars 2013 et le 15 janvier 2024 ne se reproduisent. « J’ai réagi en tant qu’humain, et je pense que j’ai bien fait. ‘Mo pou donn mo lavi pou travayer kan zot lavi menase.’ C’est parce que j’ai été élu dans ce gouvernement qui prône l’absence de discrimination entre les secteurs public et privé que j’ai pris position. C’est aussi parce que j’ai prêté serment en tant que ministre pour protéger l’intérêt public », a-t-il fait ressortir.

Selon Ashok Subron, les inondations de 2013 ont mené à la création de la loi de 2016 et du NEOC. « La loi de 2016 a fait du gouvernement un employeur et a mis la sécurité des employés du secteur privé entre les mains du patronat, qui n’a aucune force de loi. C’est grave. Dans une même maison, une personne est partie travailler, et l’autre non », a-t-il déploré.

Le ministre a évoqué que le retard dans la mise en place d’un protocole pour le secteur privé est dû à une accumulation de changements de la part du précédent gouvernement. Selon lui, les employeurs du secteur privé ont demandé à gérer eux-mêmes la sécurité de leurs employés. « Les employeurs ont mis la pression sur l’ancien gouvernement, qui a cédé en mettant en place un protocole plutôt qu’une loi. Or, un protocole n’a pas force de loi. Nous devons avoir une loi comme celle des alertes cycloniques », a-t-il insisté.

Mais cette posture publique d’un ministre a suscité des remontrances. Jean-Claude de l’Estrac, ancien rédacteur en chef et observateur politique, a rappelé à Ashok Subron qu’il ne peut plus agir comme un syndicaliste. « Il ne doit pas s’exprimer sur Facebook, mais dans les instances gouvernementales. Il est au pouvoir, pas dans l’opposition », a-t-il déclaré.

L’éditorialiste a par ailleurs appelé à une réflexion plus large. « Nous vivons dans un pays tropical sujet à des intempéries récurrentes. L’économie ne peut s’arrêter à chaque pluie. Le problème est structurel : il faut adapter notre infrastructure », a-t-il averti.

Même son de cloche du côté de Subash Gobine, qui critique une « confusion héritée de l’ancien gouvernement » et s’interroge : « Est-ce que les employés du privé savent mieux nager que les fonctionnaires ? » Ironique, il souligne néanmoins la nécessité d’une cohérence dans la réponse gouvernementale.

Enfin, le syndicaliste Reaz Chuttoo a dénoncé un manque de collégialité dans les décisions et une nouvelle forme de discrimination. Il s’en est notamment pris à une décision récente de la cour industrielle qui n’oblige pas les employeurs privés à rembourser les frais de transport des employés de plus de 60 ans, contrairement au secteur public.

Économie

Lindsay Rivière, observateur politique, souligne que la situation économique est « pire que prévu ». La croissance devrait être plus faible en 2025 qu’en 2024. Il pointe également du doigt le déficit budgétaire et commercial : « Nous exportons pour Rs 1 milliard et importons pour Rs 3 milliards. Nous ne pouvons pas continuer ainsi », déclare-t-il. Il regrette également que le secteur touristique mauricien soit moins performant que celui de ses concurrents.

Élections municipales

Jean-Claude de l’Estrac n’est pas d’accord avec les observateurs qui estiment que les élections municipales sont une revanche après les élections générales. « Dans ce cas précis, je pense que le gouvernement agit trop vite. C’est un calcul politique d’organiser ces élections aussi rapidement. Elles sont précipitées », affirme-t-il. Il estime que, sans réforme des municipalités, l’engouement des électeurs restera faible. Selon lui, l’objectif du gouvernement est de reproduire les résultats des élections générales, d’où le court délai entre les deux scrutins.

 

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