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Après le record de 545,7 MW mercredi : Une consommation énergétique entre 550 et 551 MW attendue en février

Le secteur énergétique est sous pression en raison de la forte chaleur à laquelle le pays fait face.
  • Des coupures d’électricité pas à écarter
  • Réunion d’un comité de crise ce mardi

Le secteur énergétique est confronté à une pression inédite. Mercredi soir, 22 janvier, un record historique a été enregistré à 21 heures : la demande énergétique a atteint un pic de 545,7 MW, dépassant largement le précédent record de 528 MW. Cette situation, prévue initialement pour le mois de février avec une estimation à 544 MW, est survenue plus tôt que prévu et présage des semaines difficiles pour le réseau énergétique.

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Traditionnellement, la pointe de consommation est observée entre 18 heures et 21 heures, mais ce nouveau record met en évidence une imprévisibilité grandissante. Les experts du Central Electricity Board (CEB) attribuent cette augmentation rapide à une conjugaison de facteurs : une saison estivale marquée par des températures élevées et une demande domestique et industrielle en constante progression. Le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, a tiré la sonnette d’alarme lors d’une conférence de presse, jeudi matin. « La gestion de notre demande doit être rigoureuse et suivie au jour le jour », a-t-il déclaré. Avec des infrastructures déjà sous tension, le pays pourrait faire face à des coupures énergétiques si la tendance se maintient.

Selon nos recoupements d’informations, les projections pour le mois de février sont encore plus alarmantes : la consommation pourrait atteindre entre 550 et 551 MW, un seuil que les capacités actuelles du CEB risquent de ne pas pouvoir soutenir. Cette situation inquiète les autorités, qui redoutent une multiplication des incidents techniques sur le réseau. 

Face à cette crise imminente, un comité de crise dirigé par le Deputy Prime Minister Paul Bérenger se réunira mardi prochain pour déterminer les mesures à prendre. Parmi les pistes évoquées, le Conseil des ministres pourrait approuver des stratégies visant à améliorer l’efficacité énergétique et renforcer la résilience du réseau.

Campagne de sensibilisation

Parallèlement, une campagne de sensibilisation à l’utilisation responsable de l’énergie est à l’étude. Les autorités appellent la population à être proactive, en limitant la consommation pendant les heures de pointe. « Il est primordial d’utiliser l’énergie uniquement lorsque cela est nécessaire », a souligné le ministre Assirvaden dans une déclaration à Le Dimanche/L’hebdo. 

Cette crise met en lumière les faiblesses structurelles du système énergétique mauricien. Si des efforts ont été faits pour encourager le développement des énergies renouvelables, ils restent largement insuffisants pour répondre à la demande croissante. « Il est crucial d’accélérer les investissements dans les énergies propres et d’adopter une diversification des sources d’énergies », estime un expert en énergies renouvelables.

Avec un réseau déjà fragilisé et une consommation qui dépasse toutes les prévisions, Maurice se prépare à un mois de février décisif. La mobilisation des autorités, des entreprises et des citoyens sera essentielle pour éviter une crise énergétique majeure. L’énergie, plus que jamais, s’impose comme un enjeu vital pour l’avenir du pays.

« Le pic record de la demande est lié à la forte chaleur et à l’humidité. D’abord, il y a eu des milliers de climatiseurs achetés ces derniers temps. Si nous ajoutons au moins 30 000 climatiseurs en moyenne par an, cela représente une hausse de la demande de pointe d’environ 30 MW », fait ressortir le professeur en Energy Management Khalil Elahee. 

Les réfrigérateurs aussi consomment beaucoup plus quand il fait chaud, ajoute-t-il. « Et si nous ouvrons et fermons leurs portes plus souvent, comme en été, il faut ajouter plusieurs MW à la demande maximale sur le réseau. » De plus, fait-il valoir, « avec la chaleur estivale, les gens se couchent tard et laissent allumer les lampes et autres appareils jusqu’à fort tard ». 

Face à cette situation, le Pr Khalil Elahee estime qu’« il y aura probablement un autre record dans les prochaines semaines, sauf si nous agissons. Et nous avons le pouvoir de le faire, ensemble ».

« Nous parlons beaucoup de ‘sobriété énergétique’ », rappelle le Pr Khalil Elahee. Il explique que cela englobe des concepts comme les économies d’énergie, l’efficacité énergétique, ou encore ce que certains appellent la maîtrise de la demande ou les ‘négawatts’. « Mais la sobriété, c’est avant tout un changement de mentalité. Nous ne pouvons plus agir comme si nous pouvions consommer sans limite et considérer le CEB comme un esclave chargé de satisfaire cette demande à n’importe quel prix », martèle-t-il.

Culture de sobriété

D’ajouter qu’avec le projet Maurice Île Durable (MID), une institution avait été mise en place pour justement promouvoir cette culture de « sobriété ». « On l’appelait alors l’Energy Efficiency Management Office (EEMO) », indique-t-il. 

Que faut-il faire, selon lui ? « Aux heures de pointe, il est essentiel de sensibiliser les consommateurs à travers des rappels diffusés à la télévision nationale, sur les radios et les réseaux sociaux. Par exemple, au lieu de régler le climatiseur à 16 degrés, pourquoi ne pas le mettre à 24 degrés ? Éteindre les lumières inutiles est également un geste simple, mais efficace. De nombreux appareils restent en veille ou en mode sleep : il faut les éteindre, au moins pendant le peak load », propose-t-il. 

De plus, des actions comme laver le linge ou repasser durant le week-end sont des pratiques responsables, car elles réduisent le risque de demande record, poursuit le Pr Khalil Elahee. « Et si les moustiques ne posent pas problème, pourquoi ne pas privilégier la ventilation naturelle ? » dit-il.

Le Pr Khalil Elahee souligne que le CEB doit impérativement « planifier la fourniture et le programme de maintenance de manière à répondre aux périodes de pointe. Les moments où la demande maximale est attendue doivent être anticipés. À la Réunion, par exemple, il existe une prévision météo de la demande en électricité ».

Cependant, il tempère en affirmant qu’avec une gestion optimale du système énergétique, il n’y a pas lieu de céder à la panique. « La collaboration d’un seul gros consommateur peut suffire à réduire la demande de pointe d’au moins 1 MW. Par ailleurs, des dizaines de mégawatts de générateurs en mode stand-by sont disponibles un peu partout pour intervenir en cas de besoin. »

Le Pr Elahee insiste également sur le manque d’une véritable politique de maîtrise de la demande. « Par exemple, le tarif Time-of-Use, qui permettrait de payer moins durant les heures creuses, constitue une incitation forte », fait-il valoir. 

Enfin, il met en garde contre des décisions hâtives prises sous le coup des circonstances actuelles : « Par le passé, des situations similaires ont été utilisées pour justifier des choix discutables, comme l’installation de la centrale à charbon de CT Power. »

Chaleur persistante

Selon les services météorologiques de Maurice, cette période de fortes chaleurs, caractérisée par des températures moyennes autour de 34°C, devrait se prolonger jusqu’à la fin du mois de mars. « La chaleur sera particulièrement incommodante dans les semaines à venir », précisent les météorologues. Ils ajoutent que mars restera chaud, mais avec une intensité thermique légèrement atténuée par rapport aux mois de janvier et février.

Les dernières prévisions du Service météorologique mauricien pour l’été 2024-2025, publiées en octobre 2024, anticipent des températures légèrement supérieures aux normales saisonnières. Certains jours, les températures pourraient dépasser les moyennes mensuelles de 2 à 3 degrés Celsius. « À Port-Louis, les maximales pourront atteindre 35,5°C, voire 36°C.

Dans les autres régions, elles oscilleront autour de 31°C », détaillent les experts.

Des épisodes caniculaires ont déjà été enregistrés en janvier. À Médine, les 9 et 10 janvier, les températures ont dépassé les 35°C. À Saint Félix, le mercure a grimpé jusqu’à 34,9°C, tandis que Port-Louis a connu des températures proches de 34°C. Il est à noter que les températures les plus élevées sont généralement observées entre 13 heures et 16 heures.

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