Il est l’un des pionniers à avoir tenté l’aventure en 1983 ! Michaël Lafrance s’adonne à l’apiculture depuis plus de 30 ans et s’est fait un nom dans ce secteur. Cette semaine, il nous accueille dans… sa ruche.
Nous sommes à Forest-Side. Pour une fois, la grisaille n’est pas au rendez-vous. « S’il pleut, il faudra annuler parce qu’il vous sera impossible de faire des photos », nous avait, la veille, indiqué l’apiculteur. Traversant une boutique de maquettes de bateaux, où flotte un agréable parfum de vernis pour bois, Michaël Lafrance nous invite à prendre place dans son bureau. Accueillant les premières questions avec le sourire, notre apiculteur remonte les méandres du passé pour nous parler de son cheminement.
Et surtout, comment il s’est retrouvé sur cette chaise du ministère de l’Agriculture en 1983. « À cette époque, l’apiculture n’était qu’à ses balbutiements. On ne connaissait rien ou presque de cette culture. C’est pourquoi le ministère avait invité les Mauriciens à venir suivre une formation purement théorique pendant quelques jours. Nous n’étions qu’une poignée de personnes à avoir répondu à l’appel », explique notre interlocuteur.
Mais, piqué par cette nouvelle passion, Michaël Lafrance prend son courage à deux mains et décide de se lancer dans l’apiculture. Mais, à l’époque, il était loin de savoir si cela allait marcher. « Avec un ami, nous sommes allés chercher une colonie d’abeilles dans la forêt. Ce n’était pas une mince affaire parce que nous ne savions pas trop comment nous y prendre. Cependant, avec beaucoup de peine, nous avons pu ramener la colonie. Cela, sans savoir si nous avions la reine ou pas », poursuit-il.
La chance étant de leur côté, la colonie n’abandonnera pas la ruche. « Si elle ne l’a pas fait, c’est soit parce que nous avons pu ramener la reine avec nous ou parce qu’elle a couronné une nouvelle reine. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucune colonie ne peut survivre sans elle. La reine se distingue des autres abeilles de par sa grande taille. De plus, en sus de pondre des œufs, elle assure surtout l’organisation et la stabilité d’une ruche », explique Michaël .
Une visite de courtoisie
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Pour mieux se faire comprendre, notre apiculteur se lève de sa chaise et nous invite à le suivre dans le jardin pour voir une ruche de près. Nous étions d’abord surpris et appréhendions un peu cette visite. Mais notre hôte nous rassurera. « Vous ne craignez rien. Et puis, je veux que vous m’aidiez à démystifier une fausse croyance longuement répandue, comme quoi les abeilles n’attaquent uniquement si elles se sentent agressées. Vous êtes ici pour une visite de courtoisie, donc tout se passera bien », affirme-t-il.
L’instant d’après, nous nous retrouvons avec une coiffe grillée sur la tête et une combinaison blanche laissant les mains découvertes. Nous nous avançons à tâtons vers le jardin où règnent une demi-douzaine de ruches et des milliers d’abeilles. Leur bourdonnement nous donnera des frissons. « Nous sommes là en présence de 35 000 à 40 000 abeilles. C’est le nombre que peut contenir une ruche », indique l’apiculteur, avant de nous faire un exposé fort intéressant sur le miel.
Il faut savoir qu’une abeille ne butinera pas moins de cinq millions de fleurs pour produire un kilo de miel, explique-t-il. « Une ruche peut, en moyenne, produire 10 à 30 kilos de miel. C’est généralement le cas en été parce que c’est la période où abeilles produisent plus de miel. C’est d’ailleurs pour cette raison que leur espérance de vie ne dépasse pas 20 jours. Comme en hiver, elles ne produisent pas beaucoup moins de miel, elles peuvent vivre jusqu’à trois mois », ajoute notre homme en enfumant les abeilles.
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Une denrée chère
Cette fumée, souligne-t-il, ne fait que calmer leurs ardeurs. Puis, Michaël ouvrira la ruche. « Nous voici à l’intérieur d’une ruche. Comme vous le voyez, les abeilles vaquent à leurs préoccupations sans se soucier de notre présence. Et là, si je les enfume un peu, elles vont se mettre à saisir le miel qu’elles sont en train de produire. Elles font cela dans l’éventualité où elles doivent de reconstruire une nouvelle ruche si elles doivent abandonner celle-ci. » Il faut aussi savoir, précise notre interlocuteur, que chaque miel a une composition et donc un goût différent. « Si un miel à un goût fruité, c’est que les abeilles ont butiné des fleurs provenant d’arbres fruitiers par exemple. Par contre, si le goût est légèrement acre, c’est qu’elles ont butiné des fleurs avec ces saveurs. Ainsi, dépendant de la location de la ruche, aucun miel ne sera identique au goût », affirme-t-il. Le miel étant une denrée chère, il arrive que des charlatans se mettent à l’imiter pour les fourguer aux non-connaisseurs. « Un litre de vrai miel vaut dans les Rs 350. Si vous en achetez à moins cher, c’est que vous êtes en train de consommer du sucre qu’on a fait cuire avec de l’eau. Pour reconnaître le vrai miel, c’est simple, il se cristallisera au bout d’un certain temps », conclut Michaël Lafrance.
Jean-Jacques, 8 ans, apprenti apiculteur
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16308","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-27512","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"150","height":"109","alt":"Jean-Jacques"}}]]Michaël Lafrance a aussi assuré la relève à travers son fils Jean-Jacques, 8 ans. « Je l’initie à cet art depuis qu’il a trois ans. Comme cela l’intéresse, il peut s’occuper d’une ruche comme un grand. J’espère qu’il continuera dans cette voie, parce que très peu de jeunes s’intéressent à l’apiculture de nos jours. »Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !