Interview

Andrew Bainbridge, Group Chief Executive Officer de la SBM Holdings Limited : «Nous devons être prudents»

À la tête du deuxième groupe financier du pays depuis le début de 2018, Andrew Bainbridge s’appesantit sur les ambitions de la SBM Holdings. La question n’est pas d’être actif sur plusieurs plans à la fois, dit-il. Il s’agit d’être discipliné. Le CEO met l’accent sur les limites du groupe.

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« En Inde, c’est une question d’être plus sensible et humble et ne pas répéter les erreurs du passé. »

Le groupe est très actif à l’international. Comment se présentent son poids et sa contribution dans les revenus et la profitabilité  ?
Quand on passe en revue notre évolution sur le plan international, la SBM Holdings a acquis une petite banque kenyane en 2017, la Fidelity Commercial Bank. En Inde, nous avons une présence limitée qui sera désormais regroupée dans une filiale que nous détiendrons à 100 %. À Madagascar, nous disposons des opérations de petite taille, mais en croissance. Aux Seychelles, nous avons obtenu une licence bancaire. Au terme des 12 derniers mois, les revenus de ces activités ont doublé. Ils sont en-deçà des capacités. La contribution à la profitabilité est négative. Néanmoins, elle s’améliore. Nous nous attendons à ce qu’elle soit positive pour l’année financière en cours.

Quel est le principal moteur de cette mouvance vers la profitabilité dans les activités internationales ? Est-ce le Kenya?
Au Kenya, l’acquisition d’une sélection des actifs et passifs de la Chase Bank nous donnera une certaine dimension que nous ne disposions pas auparavant dans ce pays. Après la fusion de nos deux acquisitions kenyanes, nous passerons de la 38e à la 11e ou 12e place dans le classement des banques. SBM Kenya aura alors des actifs de quelque 700 millions de dollars. Nous sommes dans la catégorie de Tiers II. Nous ambitionnons de passer dans le Tiers I à l’avenir.

Quelles sont vos ambitions en Inde ?
En Inde, la SBM Holdings a été la première banque à avoir obtenu son permis en tant que filiale détenue à 100 % par une entité étrangère. Présentement, nous mettons la dernière main aux soumissions à la Reserve Bank of India. L’ambition est de passer de quatre branches à quelque 10 d’ici la fin de 2018 et 20 à moyen terme. C’est un petit nombre par rapport à la taille du pays.

Pourquoi la prudence est-elle de mise dans la Grande péninsule?
L’Inde aura l’une des plus fortes croissances économiques. L’humeur (dans les affaires) est bien meilleure. Cette prudence ne peut être liée à un manque de confiance dans le pays. Elle repose sur le fait que ces 10 à 15 dernières années, nous avons vu des banques démarrer des opérations en Inde et essuyer des pertes parce qu’elles n’ont pu cerner les caractéristiques propres à l’Inde et aux régions qui en font partie. L’Inde est un vaste pays. Avec 20 branches, on ne couvre pas la Grande péninsule. Nous voulons apprendre davantage sur l’Inde et développer nos capacités, bâtir une clientèle de particuliers. C’est une question d’être plus sensible et humble et ne pas répéter les erreurs du passé.

Certes, SBM Holdings est présent au Kenya et en Inde. Mais il y a également Madagascar, Seychelles et d’autres pays en forte croissance en Afrique. Où se positionne le groupe par rapport à ces opportunités ?
D’une part, il y a notre stratégie qui consiste à bâtir sur les liens entre l’Afrique, l’Asie et Maurice. Avoir des opérations mauriciennes, kenyanes et indiennes qui (collaborent) entre eux est très important. Telle est la première partie de la stratégie. La seconde est que nous sommes un pays sis dans l’océan Indien. Disposer d’opérations (régionales) est tout à fait logique, car nous faisons partie de l’économie de l’océan Indien. Ces deux parties fonctionnent en parallèle. D’autre part, il y a la capacité. Nous sommes une modeste banque. En termes mauriciens, nous sommes une grande banque. Nous ne sommes pas particulièrement une banque internationale. Nous devons être prudents et ne pas faire beaucoup de choses dans la précipitation. Donc, il s’agit d’être conscients de nos limites, développer nos capacités et concrétiser les stratégies. Notre ambition ne consiste pas à avoir une présence physique sur l’ensemble de l’Afrique mais de travailler sur ces liens (…)

À ce stade, quelle est la priorité du groupe SBM Holdings Limited ? Poursuivre l’expansion ou consolider les acquis ?
Notre priorité sera de réaliser nos projets au Kenya et en Inde, continuer à développer et croître nos activités mauriciennes, nous concentrer sur Madagascar et les Seychelles. En ce moment, cela nous suffit. (…) Comme je l’ai promis lors de la rencontre avec les analystes et les investisseurs, notre travail consiste à concrétiser les projets qui sont en cours. C’est ce que nous avons fait.

C’est officiel depuis lundi. La SBM Holdings compte lever un minimum de Rs 2 milliards et 50 millions de dollars du marché. Quelle a été la réaction du monde financier ? À quoi servira cet argent ?
L’exercice de pré-marketing a été très positif. Les investisseurs apprécient ce que nous avons comme ambition. Soyons clairs. Nous avons une belle franchise à Maurice, qui est très solide tout comme le potentiel à l’international. Mais il est question d’avoir (une approche) disciplinée. Une partie des fonds sera destinée au marché mauricien et continuer à soutenir l’économie locale et la croissance de nos clients de longue date. Une partie sera consacrée aux activités indiennes et kenyanes.

Quel regard jetez-vous sur le secteur bancaire mauricien? À votre avis, y-a-t-il trop d’opérateurs ?
Je ne le pense pas. Je ne peux me prononcer de manière précise parce que je suis un nouveau-venu dans le secteur (…) J’ai travaillé dans d’autres économies telles que Singapour et Dubayy, des juridictions qui ont un statut de centre financier, tout comme Maurice. Elles ont plus de banques. Donc, j’ai vu des économies qui sont saturées (…) La concurrence est saine. Aussi longtemps qu’on ne trouve pas un grand nombre de faibles banques, c’est une bonne chose.

Et si vous avez la possibilité d’acquérir une banque à Maurice, le feriez-vous ?
(Rires). Je ne le crois pas. J’ai entendu dire qu’il y en a une qui est en vente depuis un bout de temps. Je ne vois pas pourquoi nous le ferions. La SBM Holdings a une base de loyaux clients. Nous avons 45 années d’existence. Nous avons connu une croissance organique. On pourrait considérer une telle option si elle dispose d’une bonne base de clients et soit compatible (avec notre culture).

 

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