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Aux États-Unis, la justice protège ; à Maurice, l’État espionne
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La protection des données personnelles est un enjeu clé dans toute démocratie. Pourtant, selon le pays où l’on se trouve, les règles du jeu ne sont pas les mêmes. Aux États-Unis, la justice a immédiatement stoppé les ambitions d’Elon Musk et du gouvernement Trump d’accéder aux données financières des citoyens. À Maurice, en revanche, l’État avait écouté sa population pendant des années sans la moindre entrave.
Face aux révélations explosives sur la surveillance de masse sous l’ancien gouvernement du Mouvement socialiste militant (MSM), le pays tente aujourd’hui de tourner la page en démantelant les infrastructures d’espionnage et en détruisant les données collectées illégalement. Mais cette démarche suffira-t-elle à restaurer la confiance ?
Maurice : L’État a espionné
L’affaire des « Moustass Leaks » et les accusations du Premier ministre Navin Ramgoolam au Parlement, mardi, ont mis en lumière un réseau d’espionnage tentaculaire, mis en place par le gouvernement du MSM pour intercepter les appels téléphoniques, surveiller les réseaux sociaux et analyser l’ensemble des échanges numériques des citoyens.
Des experts internationaux ont révélé que ce dispositif était l’un des plus sophistiqués de la région. Contrairement aux écoutes ciblées pour des raisons de sécurité, le système mis en place, dit-on, interceptait massivement toutes les communications :
• Appels téléphoniques fixes et mobiles
• Messages WhatsApp et Signal
• Publications Facebook et TikTok
• E-mails et autres échanges numériques
Cette « écoute de masse », financée par l’État à hauteur de Rs 5 milliards, nous dit-on, n’avait pas seulement pour but d’espionner l’opposition, mais aussi des alliés politiques, des ministres du MSM et même des fonctionnaires de haut rang.
Mais le plus inquiétant dans cette affaire n’est pas seulement l’ampleur du scandale, mais le fait qu’aucune institution indépendante n’a réagi depuis l’évocation de « sniffing. »
• Aucune action du Data Protection Office (DPO), l’organisme censé garantir la confidentialité des données.
• Aucun recours judiciaire initié contre ces pratiques.
• Aucune réaction de la Commission des Droits de l’Homme.
Pendant que l’État espionnait en toute impunité, la justice mauricienne serait restée silencieuse.
Aux États-Unis, une riposte judiciaire immédiate
Au pays de Donald Trump, une tentative de collecte massive de données a également eu lieu, mais avec un résultat bien différent. Sous l’administration Trump, Elon Musk et son Department of Government Efficiency (DOGE) avaient obtenu un accès illimité aux dossiers financiers de millions d’Américains. Sous prétexte de lutter contre la fraude et le gaspillage des fonds publics, cette initiative aurait permis l’exploitation et l’analyse de données ultrasensibles sur les finances personnelles des citoyens.
Mais aux États-Unis, les garde-fous institutionnels ont immédiatement réagi.
• 19 procureurs généraux d’États démocrates ont intenté une action en justice contre le gouvernement.
• Un juge fédéral a bloqué l’accès aux fichiers et a ordonné leur destruction immédiate.
• L’administration Trump a été sommée de respecter les lois fédérales sur la protection des données.
En quelques jours seulement, la tentative d’intrusion a été stoppée net. Pas de scandale caché, pas d’années d’espionnage, pas de silence complice des institutions.
Démantèlement tardif à Maurice
Le gouvernement Ramgoolam a pris des mesures radicales :
• Les infrastructures de surveillance ont été déconnectées et désactivées, nous assure-t-on.
• Les fichiers contenant les données personnelles des citoyens ont été détruits, affirme-t-on.
• Le Premier ministre a assuré qu’il n’y aurait « plus jamais » d’interception de masse sous son gouvernement.
Cette décision s’accompagne d’un autre geste fort : la suppression des données collectées lors du réenregistrement des cartes SIM.
Sous le précédent gouvernement, les opérateurs téléphoniques avaient été contraints d’exiger un nouveau réenregistrement des cartes SIM, obligeant des milliers de Mauriciens à fournir des données personnelles sensibles. L’opacité du processus avait soulevé de nombreuses interrogations, certains y voyant une tentative déguisée de ficher la population.
Le gouvernement actuel a donc voulu marquer une rupture nette avec ces pratiques, affirmant que « les libertés individuelles ne peuvent être sacrifiées sous prétexte de sécurité ou de contrôle politique. »
Acculé par les révélations du Premier ministre au Parlement sur la surveillance de masse et les écoutes téléphoniques illégales, le MSM tente de reprendre l’offensive. Dans un communiqué publié samedi, l’ancien parti au pouvoir a exigé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour faire toute la lumière sur ces allégations qui le visent directement. Le MSM cherche à inverser la pression en demandant que l’affaire des « Moustass Leaks » soit également scrutée par cette enquête.
Maurice tente de réparer les dégâts
L’affaire Musk a montré que même dans des démocraties établies, des tentatives d’intrusion dans la vie privée existent. Mais la rapidité et l’efficacité de la riposte judiciaire font toute la différence.
À Maurice, cette riposte est arrivée bien trop tard, et uniquement après un changement de gouvernement. Aucune autorité n’a tiré la sonnette d’alarme avant les élections, aucun garde-fou institutionnel n’a fonctionné. Aujourd’hui, le pays veut tourner la page. Mais cette affaire laisse une question essentielle en suspens : la démocratie mauricienne est-elle capable d’empêcher que cela ne se reproduise ?
Seul l’avenir nous dira si le démantèlement du système d’espionnage marque réellement la fin d’une ère ou si un jour, un autre gouvernement rallumera les micros du Big Brother mauricien.
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