Amabilité, intimidation, menace, insulte, violence : au cœur des salles d’interrogatoire policières

Les méthodes d'interrogatoire de la p olice sont souvent pointées du doigt.

Une atmosphère lourde, tendue, menaçante règne dans les pièces d’interrogatoire de la police mauricienne, compte tenu que l’enquête policière est basée sur l’obtention de l’aveu du suspect et non sur des indices et des preuves scientifiques. Notre enquête dévoile les techniques courantes utilisées par des éléments du Criminal Investigation Department.

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« Pas perdi nou letemps là. Raconte couma to ti alle coquin et couma to fine batte sa madame là », lance d’une voix grave un élément du Crimiminal Investigation Department (CID). C’est le début de l’interrogatoire d’un suspect d’une trentaine d’années, habitant une banlieue de la capitale. D’ordinaire, l’exercice commence sans menace ni violence par le « bon flic », qui se montre amical. Les enquêteurs donnent l’occasion au suspect de présenter son alibi ou, au contraire, de vider son sac sans tergiverser, ni en s’emmêlant les pinceaux.

Alibi en béton

L'on se souvient de ce cas de brutalité alléguée à la CID de Curepipe et dont les images avaient été postées sue les réseaux sociaux.

Ce début de l’interrogatoire, dit « soft », est qualifié de très intimidant par la dizaine de personnes contactées par Le Défi Plus qui ont passé entre les mains des enquêteurs. Quatre d’entre elles ont été libérées après avoir fourni des alibis solides. « Malgré le fait que vous êtes innocents, une fois que les limiers vous embarquent dans leurs véhicules, vous perdez tous vos moyens. Vous redoutez le pire dans le poste de police », avoue l’un d’eux. La petite salle d’interrogatoire est qualifiée comme la salle d’horreur par tous nos interlocuteurs. « Ce n’est pas une mince affaire d’être entouré dans une pièce exiguë de quatre ou cinq limiers qui vous accusent d’un vol avec violence que vous n’avez pas commis. Je me suis mis à trembler comme une feuille, car je craignais qu’ils me frappent, voire me torturent, pour avouer ce cas », dit un maçon qui a été arrêté en raison de sa proximité avec un groupe de voyous. Il se réjouit que les policiers l’aient laissé partir après avoir vérifié son alibi « en béton. » Au fait, au moment du vol, il était sur un sentier, posant des parpaings.

Tous les enquêteurs interrogés dans le cadre de cette enquête reconnaissent que les pièces d’interrogatoire sont ternes. « C’est la moindre des choses. Ceux qui croient qu’ils vont être interrogés dans une salle cinq étoiles doivent se détromper. Que le suspect soit une haute personnalité ou un citoyen lambda, il est interrogé dans une pièce ordinaire », disent-ils, tout en admettant que c’est très difficile pour un suspect d’être seul face à quatre ou cinq policiers. « Ce n’est pas intimidant. Dès que le suspect prouve qu’il n’est pas mêlé dans une affaire, nous le laissons partir. Il n’y a même pas lieu pour lui d’avoir recours à un avocat et de perdre son argent », ajoutent-ils. Ces policiers sont unanimes à dire qu’ils ne mettent pas la main au collet de n’importe qui. « Toutes les arrestations se font sur la base d'informations que nous récoltons ou que nous fournissent d’autres départements de la force policière », précisent-ils.

Peur bleue

L’époux d’une femme qui avait fait une chute grave concède qu’il ne pouvait pas fermer l’œil la nuit. Vu que sa femme et lui se disputaient souvent, il avait peur que quelqu’un informe la police de la précarité de sa situation conjugale. Et que celle-ci le soupçonne d’avoir poussé sa femme. « Je vivais avec une frayeur obsédante, compte tenu du fait que j’étais à la maison à ce moment précis. Chaque nuit, je me retournais dans mon lit. Je n’ai pas connu les bras de Morphée pendant plusieurs jours », relate-t-il. Cette peur bleue est entretenue en raison de la perception que la police utilise les méthodes musclées pour obtenir des aveux. « Ayant une santé chancelante, je n’aurais pu résister à la force. J’aurais accepté une chose que je n’avais pas faite. Heureusement que mon épouse n’est pas décédée. Elle avait raconté les circonstances de sa chute. Vous savez, il suffit qu’une personne téléphone à la police et raconte que nous nous disputions souvent pour que la police me prenne pour un suspect », dit-il.

Intimidation

Dans certains cas, dès que le suspect est embarqué dans le véhicule de police, menotté, il est sermonné : « Nou pe vinne dans sur la, racontez sinon to gagne casse casser. » Mais la réponse vient tout de suite : « Ki ou pe dire moi missié, mo pas finne faire nanien, mo pou pran aine avocat. » Et il reçoit une gifle soudaine avec le plat de la main « A la la to avocat ». Et dès qu’il descend du véhicule, il est conduit dans un bureau et l’opération commence : on le saisit brutalement, on le tire par les cheveux et on le secoue: « To pou dire, to pas pou dire, koze, si to koze, si to coopéré to gagne caution vite. »

Le jeu du bluff

Les choses commencent à se compliquer pour le suspect lorsqu’il n’arrive pas à fournir un alibi en béton. Et pis, s’il a des antécédents. Très souvent, les enquêteurs utilisent le bluff, pour ne pas dire le mensonge, pour provoquer une première réaction, comme « ena dimouninn trouv twa », « finn gagn to lanprintt », « enn to kamarad inn dir to ti avek zot » … Des enquêteurs soutiennent que cette ruse est utilisée à travers le monde et qu’aucune loi n’interdit à l’interrogateur de mentir, de tromper le suspect, voire d’insinuer que ce dernier est impliqué dans le crime.

Par le bluff, les enquêteurs provoquent une réaction à chaud pour observer le body language du suspect. « Si un suspect peut mentir, très rarement son body language va mentir. Très souvent, il se trahit. Disons qu’on interroge un suspect dans un cas de vol et qu’on lui dit que ses empreintes ont été relevées sur le miroir d’une armoire. S’il a participé au vol, il devient nerveux même s’il porte des gants la plupart du temps. Alors qu’un suspect innocent ne va pas paniquer et maintiendra qu’il n’a rien à voir avec ce cas », explique un policier comptant une vingtaine d’années d’expérience.

La manière forte

Si un suspect continue à tenir tête aux enquêteurs, ces derniers ont recours à la manière forte, c’est-à-dire, qu’ils commencent avec des gifles, tirent les cheveux du suspect, le frappe à coup de livre sur la tête, le déstabilise sur sa chaise par des coups de pied, le secoue comme un biberon jusqu’au début du vertige dans certains cas. Quelques personnes qui ont enduré cette pratique affirment que lorsque les enquêteurs perdent patience face à la résistance du suspect, ils le mettent sur une table, les mains menottées et le corps immobilisé par trois ou cinq hommes, alors qu’un autre lui inflige des coups sur la plante des pieds à l’aide d’un morceau de bois épais, d’un rotin bazar ou d’un tuyau PVC jusqu’à que le suspect déballe la vérité. Comme dans le cas de David Gaiqui, certains suspects sont déshabillés et maintenus ainsi des heures durant. On nous rapporte que dans de très rares cas, quelques limiers ont recours à des pratiques qui frisent la torture, comme enfoncer des objets dans l’anus du suspect. « Ces cas sont très rares et ce sont des exceptions à la règle. Au cas contraire, il y aurait eu des dénonciations de brutalité policière au quotidien. Croyez-vous qu’on pourra avoir l’aveu d’un coriace en lui caressant le dos ? » lance un enquêteur.

Ce qui peut invalider un aveu

Les locaux du CCID aux Casernes centrales.

Une confession peut être invalidée si elle est obtenue par provocation, contrainte, menace ou promesse d’une nature temporelle faite par une personne en autorité (policiers, enseignants, parents et employeurs) à l’accusé en relation à la charge. Lorsqu’une confession est obtenue d’un accusé qui retient les services d’un avocat, très souvent agissant sur le conseil de ce dernier, il va nier cette même confession en Cour. L’avocat procèdera par l’exercice de « voir-dire » quant à l’admissibilité de la déclaration sans consentement de son client en arguant la brutalité policière ou sous contrainte ou la promesse et que cette déclaration n’a pas été obtenue volontairement. Il faudra alors apporter des preuves par des témoignages, des informations, la Video Interrogation Room Under Camera, des rapports scientifiques, la DNA, comme dans le cas de Bernard Maigrot, arrêté dans l’enquête sur le meurtre de Vanessa Lagesse, quant à ses empreintes retrouvées sur un drap.


Les qualités d’un enquêteur/limier

Interroger un suspect n'est pas donné à tout le monde.

Il faut dire que mener un interrogatoire n’est pas donné à tout le monde, que ce soit en criminologie ou en psychologie. Du moment qu’on a une personne en face de soi, il faut savoir l’observer, analyser et expliciter les informations obtenues.

Il faut s’adapter à des tactiques différentes, comme trouver des arguments persuasifs, selon le contexte et la personnalité, avoir une approche douce comme par exemple dans le cas des enfants, et obtenir le maximum de détails quant aux circonstances du crime.

Il faut avoir une bonne lecture du sujet de l’enquête, et connaître les règles concernant les avertissements d’usage d’après le « Judges Rule », Il faut vérifier les informations et obtenir les preuves impliquant les accusés, et procéder aux exercices de confrontation, en sachant qu’une confession est le fait pour une personne accusée d’un délit d’admettre une chose librement et volontairement. C’est une déclaration dans laquelle elle admet sa culpabilité, ou à n’importe quel prix, substantiellement tous les faits que constituent le délit.

Il faut saluer les enquêtes menées de longue haleine par des membres chevronnés, qui possèdent de l’expérience de différentes techniques d’interrogatoire, dont plusieurs cas ont eu des succès en Cour. Lorsqu’on débute une enquête, il faut comprendre le mécanisme, le fonctionnement en interne, les fautes commisses, les articles de loi applicables, ceux qui sont impliqués et établir les faits pour retracer les coupables.

C’est déplorable de nos jours que certains éléments de la police qui n’ont aucune formation en interrogatoire, dont les parents sont bien connectés, fassent des pressions pour qu’ils soient postés à la CID. Et sans expérience, ils agissent avec force pour obtenir des confessions.

Les avertissements d’usage

Les enquêteurs doivent prendre en considération les avertissements d’usage concernant les droits des individus comme garantis par la Constitution. Ils doivent avoir en tête ces droits fondamentaux, principalement :

(a) leur droit au silence
(b) leur droit d’être assistés par leurs représentants légaux
(c) une facilité au téléphone pour qu’ils puissent contacter leurs représentants légaux.

Aussitôt qu’un enquêteur a recueilli des preuves qu’une personne a commis un délit, il devra lui donner l’avertissement d’usage avant de lui poser des questions, ou plusieurs autres questions relatives au délit. L’avertissement d’usage sera comme suit : « Vous n’êtes pas obligé de dire quoi que ce soit à moins que vous le vouliez mais tout ce que vous direz pourrait être mis en écrit et servir de preuve. »

Après un avertissement d’usage quand une personne qui est en train d’être questionnée choisit de faire une déposition, le lieu de l’interrogatoire et l’heure à laquelle celui-ci a débuté et pris fin doivent être mentionnés ainsi que les personnes présentes.

L’objectif de l’interrogatoire est de permettre à la personne de s’expliquer sur les faits, les éléments qui lui sont reprochés couplés à d’autres éléments récoltés (témoignages, empreintes digitales, traces ADN, écoutes téléphoniques et messages). L’interrogatoire doit apporter des réponses à plusieurs questions.


Me Erikson Mooneeapillay : «Il faut passer du système des aveux aux preuves scientifiques»

Me Erikson Mooneeapillay
Me Erickson Mooneeapillay fait partie d’un panel d’avocats bénévoles qui vient en aide aux victimes de brutalité policière.

Les enquêtes doivent être menées sur la base de preuves scientifiques et non sur la confession. C’est l’avis de Me Erickson Mooneeapillay. Celui-ci fait partie d’un panel d’avocats bénévoles pour venir en aide aux victimes de brutalité policière et sensibiliser le public aux droits humains

Plus de 75 % des cas produits en Cour par la police comprennent des aveux de la personne incriminée. C’est ce qu’indique Me Erickson Mooneeapillay qui considère que la technique de la police serait basée essentiellement sur la confession. « Confession que la cour accepte volontiers », précise-t-il.

Or, pour le juriste, il faut privilégier les évidences basées sur des preuves scientifiques au lieu des confessions seulement. « Sauf bien sûr, si le suspect est lui-même disposé à faire une full confession à la police et en cour », dit-il. Le danger avec cette méthode, poursuit-il, c’est que parfois, sous la contrainte, même des personnes innocentes craquent et finissent par avouer n’importe quoi aux policiers. « Et pour justifier ses méthodes, la police évoque parfois des pressions venant d’en haut, de la société ou encore l’urgence. Ce ne sont que des prétextes. La police est payée par l’État, et subséquemment par l’argent des contribuables. Pourquoi ne peut-elle pas faire un travail de professionnel ? » fustige-t-il.

Argument dangeureux

Me Mooneeapillay rejette l’argument que dans certains cas, la confession par brutalité puisse être acceptée. « C’est un argument dangereux. Il y a deux choses à ne pas oublier. D’abord, nous sommes dans un État de droit où règne la démocratie. Ensuite, Maurice a signé la convention contre la torture des Nations unies qui stipule, entre autres, qu’aucun argument ne justifie la torture, même s’il s’agit de terroriste », soutient-il.

De ce fait, l’avocat est d’avis qu’il y aurait toute une mentalité, voire tout un système à changer en ce qui concerne les techniques utilisées par la police pour mener des enquêtes. « Il y a certes quelques policiers qui cherchent à sortir du lot en ayant recours à des techniques autres que la confession mais ils se font malheureusement vite rattraper par le système », se désole le juriste.

En attendant, Me Erickson Mooneeapillay déplore que le projet de loi visant à changer cela tarde à venir.  « Le Police And Criminal Evidence Bill avait été promis par le gouvernement afin de revoir les techniques d’investigation. A priori, le projet de loi sera soumis au vote au Parlement en avril. Mais quand sera-t-elle en vigueur ? » se demande-il.


Inspecteur Jaylall Boojhawon : «La police a un devoir envers la société et les victimes»

Jaylall Boojhawon
L'inspecteur Boojhawon soutient que certaines techniques pour avoir des aveux ou des informations sont un mal nécessaire.

L’inspecteur Boojhawon estime que l’utilisation de certaines techniques par la police, telles que « le fait de hausser le ton » ou « la pression », sont un mal nécessaire pour obtenir parfois des aveux.

L’inspecteur Boojhawon dira que la police n’a pas toujours à faire avec des enfants de chœur. « Ena bandi. Ena ban hardcore criminal. Ceux-ci font souvent le va-et-vient à la prison où ils apprennent, par exemple, comment cambrioler des maisons sans se faire attraper. Eski kan kestionn li lezerrman, servi kourtoizi e san servi presyon li pou vomi tou fasilman ? De par mon expérience, dans 95 % des cas, le suspect n’avouera pas », affirme le président de la Police Officers Solidarity Union (POSU)

Celui-ci ajoute que les criminels font de plus en plus preuve d’ingéniosité pour ne pas se faire prendre. « Aujourd’hui, les cambrioleurs, par exemple, utilisent des gants et des cagoules pour ne pas laisser traîner leurs empreintes ou ADN afin que la police ne parvienne pas à les identifier. Il arrive parfois qu’il n’y a aucune preuve scientifique ou des témoins. Mais la police détient néanmoins des informations sur l’identité probable du cambrioleur à travers des personnes qui nous donnent des informations mais qui ne souhaitent pas cependant déposer par peur de représailles. Comment fait-on alors dans ces cas-là ? » demande notre interlocuteur.

Le président de la POSU dit qu’il y a des techniques autres que la brutalité pour les amener à parler : la pression ou le fait de hausser le ton pour que le suspect donne des informations ou avoue sa participation à un quelconque délit. « Est-ce un crime ? Nous avons un devoir envers la société mais aussi et surtout envers les victimes. Pa pe fer pou nou sa ! » martèle-t-il. 

Il justifie aussi ces méthodes en raison leur utilisation dans tous les postes de police à travers le monde. « Dan fim, trouv la polis asiz lor latab, ou tap latab. Maurice kinn invant sa ? » se demande-t-il encore. « Ban ki koz drwa imin, zot bizin koz oussi drwa bann viktim », conclut-il.


Raj Mootoosamy : «Oui à la manière forte quand c’est nécessaire»

Employer la « manière forte » sans pour autant avoir recours à la violence. C’est ce que recommande par Raj Mootoosamy de Victim Support Mauritius (VSM) concernant les suspects lorsque ceux-ci sont interrogés par la police.

C’est la seule option possible, selon Raj Mootoosamy, si on souhaite qu’un suspect crache le morceau. « Je ne dis pas qu’il faut avoir recours à la violence, mais il faut employer la manière forte. Il faut, au moins, pouvoir faire craquer le suspect », insiste-t-il. Raj Mootoosamy est d’avis que les suspects ne sont pas intelligents mais rusés. « Et si les méthodes nécessaires ne sont pas utilisées, la police n’obtiendra jamais d’aveux d’eux », ajoute-il. Une nécessité, selon notre interlocuteur, si on ne souhaite pas que le chaos s’installe dans le pays. « Si on empêche la police de faire son travail comme il se doit, ce pays sera à feu et à sang », prévient-il.

Raj Mootoosamy concède toutefois qu’il peut y avoir des écarts de la part de certains membres de la force policière. « Me mem nou bann ledwa pa mem longerr ». Il ne manque pas de saluer le travail de la police. « Il suffit de constater la quantité de drogues saisies par la police ces derniers temps, de même que le nombre de personnes arrêtées pour divers délits. Il faut les soutenir si on veut qu’ils parviennent à nous protéger en retour », insiste-t-il. 

Raj Mootoosamy se dit sous l’impression que les suspects bénéficient de plus en plus de « flexibilité » lorsqu’ils sont interrogés. « De nos jours, nous avons l’impression que les suspects bénéficient davantage de droits que les victimes. Les suspects sont protégés par toutes sortes de lois de nos jours, dont la Human Rights. Mo demann mwa si Human Rights ou Criminal Rights sa. Pou viktim pena nanie ? Kouma dir kriminel ena plis drwa ki viktim ! » Et d’ajouter : « Zordi kan gagn enn kriminel, pa gagn droit pouss li, pa gagne drwa koz fort ar li, be li pa normal, pena balans. ».

 

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