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Alternatif aux produits pétroliers - Biocarburant : ce mélange salvateur qui se fait attendre 

Depuis le 29 décembre, le prix de l’essence à la pompe est passé de Rs 50,70 à Rs 55,75 le litre, alors que celui du diesel est passé de Rs 37,30 à Rs 41,00 le litre. Pourtant, depuis 2002, Maurice ambitionne de développer la biomasse, surtout à travers l’éthanol. Ce qui aurait pu permettre de produire du biocarburant et ainsi réduire nos importations de carburant. 

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Le projet d’introduire du biocarburant à Maurice pourrait-il être efficace ? L’utilisation d’un pourcentage d’éthanol comme combustible aiderait-elle à baisser le prix du carburant ? Il faut d’abord comprendre le contexte mondial. À la State Trading Corporation (STC), on estime que les perspectives ne sont pas brillantes. Avec l’embargo sur l’Iran et l’augmentation constante du fret, le prix du baril de pétrole sur le marché mondial risque de grimper. Ce qui aura un impact sur Maurice. 

Donc « sur papier », un mélange d’essence et d’éthanol serait bénéfique. Dans quel sens ? Rajiv Servansingh, directeur général de la STC, explique qu’en théorie, cela commencera par entraîner une réduction de l’importation de carburant. L’organisme importe en moyenne 200 000 tonnes d’essence chaque année pour le secteur du transport. 

« Si nous utilisons, par exemple, 5 % d’éthanol (E5), l’importation baissera de 5 %. Si ce sont 10 % qui sont utilisés, elle chutera de 10 % », explique Rajiv Servansingh. Du coup, 5 % en moins représentent environ 10 000 tonnes. Si on multipliait ce chiffre par le prix du carburant, qui est à environ $ 800 la tonne, cela devrait permettre au pays de faire une économie d’environ Rs 352 millions. Somme qui pourrait être injectée dans la subvention du prix du carburant. 

Toutefois, le directeur général de la STC fait ressortir que le projet de mélange n’a pas fonctionné pour des raisons techniques. De plus, il ajoute que comparé à dix ans de cela, la production sucrière a diminué de moitié. Maurice ne peut donc pas, selon lui, assurer une production suffisante d’éthanol pour alimenter le marché. Sans compter d’autres facteurs qui entrent en jeu, comme le prix de vente d’éthanol et les taxes qui serviront à rémunérer les planteurs. 

Pour Rajiv Servansingh, ce n’est pas une mince affaire. « L’alternatif le plus réalisable pour que le consommateur fasse des économies sur le carburant c’est le métro, lorsque celui-ci couvrira une grande partie du pays. Ou encore les véhicules hybrides et électriques », dit-il. 

À la Mauritius Cane Industry Authority (MCIA), on nous informe que le dossier avance « positivement ». Les techniciens qui y travaillent ont beaucoup avancé, fait comprendre un responsable de la MCIA. Aucun détail ne peut toutefois être dévoilé sans l’aval du gouvernement, car ce dossier englobe beaucoup d’aspects et nécessitera d’innombrables consultations et accords. 

En 2016, la Sugar Industry Efficiency Act avait imposé un mélange de 2,5 % d’éthanol à la pompe. Cependant, alors qu’un comité travaillait sur ce projet, plusieurs contraintes ont surgi, dont la modification des stockages et des pompes dans les quelque 155 stations-service du pays. Sans oublier le fait qu’il faut payer les rémunérations aux planteurs. Depuis presque cinq ans, le comité tente de trouver une solution viable. Le mélange devait entre rendu obligatoire en juillet 2017 avec une hausse du pourcentage en 2020. 

Le gouvernement fait circuler une notice encourageant les organismes parapublics et publics d’investir dans des véhicules électriques et hybrides. Cette information émane de Rajiv Servansingh. Le but : diminuer la consommation de carburant par ces organismes et par conséquent réduire l’importation.  

Pendant ce temps, Omnicane produit et exporte son bioéthanol. Depuis mars 2014, l’unité de production de La Baraque produit de l’éthanol destiné à être exporté. Son produit allait servir à fabriquer le mélange sur le marché local. Jacques d’Unienville, Chief Executive Officer d'Omnicane, explique que le projet n’a pas été conclu et que jusqu’à présent, aucune discussion n’a été engagée pour le relancer. Mais Omnicane n’a pas abandonné sa production. « Nous produisons 24 millions de litres d’éthanol chaque année pour l’exporter vers l’Europe, l’Afrique et La Réunion, entre autres », affirme-t-il. 

Si la production est là et que les voitures sont prêtes, où réside le problème ? Sunil Dowarkasing, ancien Portfolio Manager de Greenpeace, raconte qu’il a travaillé sur un projet de mélange d’éthanol pour des autobus à Sao Paulo, au Brésil, entre 2014 et 2018. Selon lui, un moteur conventionnel peut supporter un mélange contenant jusqu’à 30 % d’éthanol, sans avoir à être modifié et sans subir de soucis techniques. 

Mais pour être « on the safe side », les experts préconisent entre 5 % et 20 %. « Cela aurait pu être une réalité à Maurice. Nous ignorons si c’est à cause du lobbying ou d’une lenteur administrative », soutient Sunil Dowarkasing. Il explique que le mélange aurait pu se faire sur des moteurs à diesel dans un premier temps. Finalement, le dossier qui est traité à la MCIA pourrait être le salut des automobilistes, en attendant que les véhicules électriques deviennent abordables et que le métro couvre toutes les régions du pays.

 

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