Les jeunes champions ont besoin d’être formés et encadrés tout au long de leur carrière et suivis après leur carrière de sportifs de haut niveau, affirme le ministre de la Jeunesse et des Sports.
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Yogida Sawmynaden explique, dans cette interview, qu’un nouveau Trust Fund suivra les sportifs et sera chargé de repérer des talents dès le primaire. Cela pour nous assurer qu’après la gloire, nos sportifs auront un avenir digne de leurs performances.
« Je me suis lancé le défi de former des champions issus des centres. Ils seront ainsi des exemples à suivre »
Comment expliquez-vous la déchéance de ces deux sportifs de haut niveau ?
C’est toujours déplorable de voir ce genre de choses arriver. Voir ces athlètes de haut niveau chuter démontre qu’il n’y a pas eu de suivi avant, pendant et après leur carrière. Force est de constater qu’à une époque, le soutien était réservée aux élites. Cependant, une fois leur carrière terminée, c’était fini pour eux. Il faut reconnaître que tout le monde a une part de responsabilité. Le gouvernement ne peut pas employer tous les sportifs. Le secteur privé a aussi un grand rôle à jouer.
De nombreux sportifs déplorent le manque d’encadrement à l’heure de la reconversion. à quel point est-ce vrai ?
Comme je le disais, l’État ne peut pas tout faire. Lorsque ces sportifs font la fierté de Maurice, ce n’est pas l’État, seul, qui est concerné. Toute la population est fière de leurs performances. C’est pour cela que je dis que tout le monde a sa part de responsabilité. Pour nous, ces sportifs de haut niveau doivent être des role models. Pourtant, il y a des cas, où ces personnes ne bénéficient pas d’un congé de la part de leurs employeurs du secteur privé pour s’entraîner ou d’une autorisation spéciale pour participer à des compétitions. C’est déplorable. Ces sportifs mènent une vie saine et peuvent amener un vrai esprit d’équipe là où ils travaillent.
N’est-ce pas le rôle de l’État d’aider au mieux les personnes qui ont défendu les couleurs de Maurice ?
Il existe le BECS (Brevet d’État de cadres supérieurs). C’est une formation, dispensée par le ministère des Sports, donnant accès à des métiers comme coach, animateur, gestionnaire d’infrastructures sportives, etc. Il y a des bourses offertes à des sportifs. C’est une mesure initiée dans le but justement de préparer l’après-carrière des sportifs. On ne parle pas que des formations académiques, mais aussi des cours techniques (type MiTD, etc.).
En effet, tous les sportifs n’ont pas le SC ou le HSC, ce qui a été pendant longtemps le minimum requis pour accéder à une formation supérieure. Il est bon de noter que le ministère des Sports emploie déjà d’anciennes gloires, tels Kemraj Naiko, Priscilla Cherry, Richard Sunnee ou Ashley Mocudé. Ceux-là n’ont pas été recrutés que parce qu’ils étaient des champions, mais bien parce qu’ils ont suivi une formation en vue de devenir coach, entraîneur, etc. Au sein du ministère, nous encourageons le sport-études. D’où le fait que nous guidons nos sportifs et nous les encourageons à poursuivre leurs études. Cela, pour qu’à la fin de leur carrière, ils ne se retrouvent pas sans repère.
Comment aider ces deux sportifs à sortir de cette spirale infernale ?
C’est un peu pour cette raison que j’ai introduit le sport dans les centres de réhabilitation pour les jeunes. Les retombées sont positives. Je me suis lancé le défi de former des champions issus de ces centres. Ils seront ainsi des exemples à suivre. Ils vont transmettre un message d’espoir aux autres.
Il semble que Bruno Julie, qui est portant médaillé de bronze aux Jeux olympiques, a dû « mendier » pour trouver du travail après sa carrière de sportif...
C’est complètement faux. Il était employé par une firme privée. Je ne vais pas entrer dans les détails. Il n’était pas au chômage. Il voulait juste être employé par le gouvernement.
Justement, il y a un Trust Fund qui gère la carrière et l’après-carrière des sportifs. Ne pensez-vous pas que l’accent est mis seulement sur l’élite ?
Par le passé, c’est l’erreur qui a été commise : se concentrer sur l’élite. Un peu à l’image de notre système éducatif. Ainsi, ils sont nombreux à rester en sur le carreau. C’est déplorable et cela interpelle. Il faut revoir la façon dont fonctionne le Trust Fund for Excellency in Sports.
Vous avez annoncé la mise sur pied d’un nouveau Trust Fund pour faciliter l’employabilité des sportifs. En quoi sera-t-il différent de l’ancien ?
Ce Trust Fund suivra un sportif, mais sera aussi chargé de repérer un maximun de talents dès le cycle primaire. Il y aura un vrai suivi de ces personnes. L’accent sera évidemment mis sur le sport, mais aussi sur la formation et l’éducation. Cela pour nous assurer qu’après la gloire, nos sportifs auront un avenir digne de leurs performances. Il y aura aussi des psychologues, des nutritionnistes et des professionnels pour accompagner nos sportifs. Puis, pour récompenser comme il se doit un sportif ayant brillé lors d’une compétition d’envergure. Parfois, on offre une maison et de l’argent à des champions. Nos sportifs seront aussi formés à gérer leur argent.
Vous voulez promouvoir le sport pour éviter que des jeunes ne tombent dans le piège de la drogue et d’autres fléaux. Pourtant, avoir accès aux infrastructures sportives n’est pas donné à tout le monde. N’est-ce pas contraire à ce que vous voulez faire ?
Il y a des frais à payer pour la gestion et la maintenance de ces infrastructures. Toute chose a un coût. Il faut, de ce fait, récupérer une somme minimale. Puis, lorsque quelque chose est gratuit, on ne réalise pas sa valeur réelle. C’est lorsque c’est payant qu’on en prend conscience.
L’année dernière, vous annonciez que les infrastructures sportives dans les écoles seraient accessibles au citoyen lambda après les heures de classes. Où en sont les choses ?
Ces infrastructures sont déjà ouvertes au public. Dans plusieurs endroits de l’île, ça marche. Or, il y a certains endroits où il n’y a pas grand monde. Lorsque c’est fermé, on fait du bruit, mais lorsqu’on rend ces infrastructures accessibles au grand public, personne ne s’en sert. Il faut responsabiliser davantage les personnes, puisqu’au final, ce sont les contribuables qui payent les frais.
Pendant longtemps, on a eu tendance à oublier le côté jeunesse de votre ministère. Il y a eu un revamp pour justement ne pas négliger cet aspect. Qu’est-ce que cet exercice donne ?
Depuis que j’occupe ce fauteuil, beaucoup de choses sont faites pour la jeunesse. On a lancé le National Youth Volunteer Scheme, qui a pour but d’inciter les jeunes au volontariat. Il y a aussi la caravane de l’espoir qui ira de centre en centre à travers l’île. Des jeunes joueront des pièces de théâtre pour faire passer des messages axés sur la drogue, l’alcool ou encore la grossesse précoce, entre autres. On va en profiter pour dénicher des talents et on les enverra à l’étranger pour des compétitions.
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