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Victimes de « Hit and Run » indemnisées mardi dernier : la vie continue, mais douloureusement 

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Nul n’est à l’abri sur la route. Un accident peut survenir à n’importe qui et n’importe quand, sans que l’on comprenne vraiment ce qui s’est passé. Certaines personnes ont eu leur vie chamboulée, avec des blessures et des séquelles internes et externes. D’autres ont vu le trou noir au réveil. Quelques victimes de « hit and run » font le récit du jour où leur vie a basculé en une fraction de seconde.


Jean Michel Domun a été victime d’un « hit and run ». Une voiture l’a heurté et le choc l’a projeté sur la route en direction inverse.
Jean Michel Domun a été victime d’un « hit and run ». Une voiture l’a heurté et le choc l’a projeté sur la route en direction inverse.

Jean Michel Domun : « J’ai dû subir deux opérations et une troisième est prévue »

8 janvier 2021. Jean Michel Domun et son ami décident de se rendre à Cascavelle. Pour s’y rendre, chacun enfourche sa moto. Cet habitant de Vacoas, âgé de 32 ans, était loin de se douter que le malheur l’attendait au tournant. « Il était 20 h 45 quand nous avons quitté Cascavelle. Mon ami a pris la direction de Palma, alors que moi, j’ai pris le chemin menant à Solférino, Vacoas. À un certain moment, j’ai vu des phares qui se dirigeaient vers moi. Tout de suite après, ma moto était déséquilibrée et j’étais projeté au sol. Lorsque j’ai ouvert les yeux, j’ai pris conscience que je gisais sur l’asphalte », raconte cet homme marié et père d’un garçon de 8 ans.

En effet, ce Factory Worker de chez Phoenix Bev a été victime d’un hit and run. Une voiture l’a heurté et le choc l’a projeté sur la route en direction inverse. C’est une tierce personne qui lui a donné les premiers soins et qui a contacté les urgences, ainsi que sa famille. « Pourtant, je ne roulais pas vite. J’étais à 60 km/h, au plus 65. Je portais mon gilet fluorescent. À cause de l’imprudence d’un chauffeur qui m’a heurté, j’ai dû subir deux opérations. La première pour retirer des débris dans mon genou gauche et la deuxième pour opérer ma rotule, aussi dit patella. J’ai passé une semaine à l’hôpital et je suis resté trois mois et demi à la maison », déplore Jean Michel Domun. 

" Le chauffeur ne s’est même pas soucié de moi. au lieu de me porter secours, alors que j’étais en règle, il a choisi de se sauver "

Neuf mois après son accident, Jean Michel Domun n’arrive toujours pas à digérer ce qui lui est arrivé.
Neuf mois après son accident, Jean Michel Domun n’arrive toujours pas à digérer ce qui lui est arrivé.

Pendant ce temps, ce père de famille n’a pu travailler, mais il est reconnaissant envers sa compagnie qui a fait preuve de compassion envers lui et qui l’a bien aidé financièrement. Toutefois, neuf mois après son accident, la victime n’arrive toujours pas à digérer ce qui lui est arrivé. « Le chauffeur ne s’est même pas soucié de moi. au lieu de me porter secours, alors que j’étais en règle, il a choisi de se sauver. Jusqu’aujourd’hui, je ne sais pas qui a pu commettre un tel acte. Récemment, j’ai perdu un ami dans un accident fatal. Cela m’a fait réaliser que j’aurais pu y laisser la vie, moi aussi. D’ailleurs, il y a toujours une frayeur en moi. Depuis mon accident, je ne monte plus à moto. Je ne peux même pas voyager en bus, car je ne peux plus plier mon genou », se lamente Jean Michel Domun. Il précise que c’est un ami qui le récupère chaque jour pour aller travailler et le dépose à la maison après les heures de travail. 

De plus, Jean Michel Domun a dû dire adieu à ses activités. « Tout cela, à cause de l’irresponsabilité de quelqu’un d’autre. Je reprends doucement mon rythme, mais c’est fatiguant. Il y a des activités que je ne peux plus faire avec mon fils. Je ne peux même pas le prendre sur mes genoux, car les médecins y ont mis une plaque de métal. J’ai encore une opération à subir. Mais puisque mes dettes se sont accumulées, j’ai dû reporter la chirurgie », indique notre interlocuteur, qui regrette de voir sa vie basculer tout d’un coup.

 


Roshan Khodaboccus : « Ma vie a basculé en une fraction de seconde »

C’est à la route des Pamplemousses, à Port-Louis, que Roshan Khodaboccus, 59 ans, a été victime d’un hit and run. C’était un 21 décembre 2019. Renversé par une moto, cet habitant de Vallée-Pitot est à jamais marqué par ce drame. « J’ai passé la période festive à l’hôpital. Je suis chez moi en janvier 2020. Et dire que ce soir-là, j’allais à la pharmacie. C’était vers 19 h 30 qu’une motocyclette m’a heurté. J’ai subi une fracture du tibia. Cela m’a valu deux opérations. Les médecins ont dû y insérer des vis », explique ce marchand ambulant. Cela fera bientôt deux ans depuis qu’il ne mène plus une vie normale. De plus, sa plaie s’est infectée.

" J’ai subi une fracture du tibia. Cela m’a valu deux opérations. Les médecins ont dû y insérer des vis "

Roshan Khodaboccus ne peut plus sortir. Il doit rester à la maison, car il éprouve des difficultés à marcher. Il ne peut même pas aller travailler. « J’étais très actif. En une fraction de seconde, ma vie a basculé. Aujourd’hui, je suis dépendant des autres. Partout où je vais, j’ai besoin d’aide. Mon moral est bas fixe. Je préfère rester à la maison que de rencontrer des gens », lance notre interlocuteur. Il ne manque pas de remercier les personnes qui lui sont venues en aide après le hit and run. « La seule chose qui me console, c’est que je suis toujours en vie. »


Zaahir Aukin : « J’ai dû interrompre ma scolarité, je ne suis plus autonome »

À 17 ans, il était dans la fleur de l’âge. Il avait des rêves plein la tête. Un accident de la route est venu tout chambouler. Aujourd’hui, le jeune homme marche à l’aide de béquilles. De plus, il a toujours besoin d’aide pour se déplacer.

Zaahir Aukin a eu le tendon et des veines du pied sectionnés.
Zaahir Aukin a eu le tendon et des veines du pied sectionnés.

Le drame s’est joué en début de soirée, le 26 mai 2020. « J’étais parti chez ma sœur à la route Nicolay, à Port-Louis. Peu après 18 heures, je me tenais debout sur le trottoir. J’avais le dos tourné à la route. Je venais d’acheter un gâteau que j’allais donner à ma maman. En une fraction de seconde, j’ai ressenti un véhicule passer rapidement derrière mon dos. J’ai fait à peine deux pas que je me suis senti débalancé. Je me suis écroulé par terre et je saignais abondamment », relate l’adolescent. Des amis de son père, qui se trouvaient près d’une boutique, sont vite venus porter secours à Zaahir. Ils n’ont pas tardé à appeler les urgences et sa famille. 

En effet, Zaahir Aukin a été victime d’une grosse cylindrée. L’identité du motocycliste est toujours inconnue. Vu que l’adolescent était de dos, il n’a pu déceler des détails qui aurait permis à la police de mettre la main sur le motocycliste. « C’est vraiment difficile. Je pensais que c’était un cauchemar. Lorsque je m’étais réveillé, j’étais sur le lit d’hôpital. J’avais le tendon et des veines du pied droit sectionnés. J’ai dû subir deux chirurgies, sans parler de l’infection que j’ai contractée dans ma plaie. Je suis resté pendant plus d’un mois à l’hôpital. Après, j’ai été alité chez moi pendant six mois. Depuis, je ne suis plus autonome. J’ai toujours besoin d’aide pour me déplacer, même pour aller aux toilettes », se désole l’adolescent, qui a dû cesser l’école. 

Sa mère, Mina Ramgoolam, est toujours animée par la colère. « C’est un traumatisme pour la famille. C’est aussi un stress et par-dessus tout une grande souffrance. N’importe quelle maman n’aurait pas aimé voir son enfant dans une telle situation. Zaahir ne mérite pas cela. Il ne peut plus aller à l’école et on ne peut pas lui proposer des cours en ligne. Son avenir est incertain », pleure cette dernière, qui travaille comme marchand ambulant. 

L’accident de Zaahir Aukin a aussi impacté la vie de Mina Ramgoolam, la mère de Zaahir. Celle-ci affirme qu’elle ne peut plus travailler durant une journée entière. Car elle se fait du souci pour son fils Zaahir, qui est seul à la maison. « Je vais travailler après les heures de classe, quand ma benjamine de dix ans rentre à la maison. Je passe la main à ma fille, qui s’occupe de son frère. Cela me permet de partir travailler pour quelques heures. Je ne veux pas laisser mon fils seul, de peur qu’il trébuche et tombe en essayant de se déplacer », explique Mina Ramgoolam. 

" J’avais le tendon et des veines du pied droit sectionnés. J’ai dû subir deux chirurgies, sans parler de l’infection que j’ai contractée dans ma plaie "

Si cette dernière est reconnaissante envers toutes les personnes qui ont sauvé la vie de son fils, elle ne cache pas sa fureur contre l’auteur de cet acte. « Mon fils aimait le body building comme son père, mais sa vie a basculé. Il n’est toujours pas rétabli. Cela peut prendre encore une année. Les médecins disent qu’il faut laisser le temps faire son cours. Cependant, cela aurait pu être pire avec une amputation ou la mort. J’aurais pu perdre mon unique fils », fustige notre interlocutrice, qui ne manque pas de lancer un appel aux personnes afin qu’elles soient sensibles à ce qui se passe autour d’elles et qu’elles portent secours aux victimes d’accident. « Votre geste peut sauver une vie », lâche-t-elle.


Jean Gérard Ratinon : « Il faut des lois plus sévères »

Jean Gérard Ratinon a le cou incliné depuis l’accident.
Jean Gérard Ratinon a le cou incliné depuis l’accident.

Il avait la tête sous la voiture qui l’a heurté. Il s’agit de Jean Gérard Ratinon, qui rentrait du travail lorsqu’il a été renversé par une voiture. Sachant que cela aurait pu lui être fatal, il lance un appel aux autorités concernées afin de renforcer des lois, lorsqu’il s’agit de la conduite en état d’ivresse. 
Notre interlocuteur, âgé de 57 ans, travaille comme mécanicien et aide-chauffeur. Marié et père de deux fils et de deux petits-enfants, il menait une vie paisible auprès des siens. Il jonglait entre le travail et la quiétude de son foyer. Depuis qu’il a vu la mort de près, sa vie a changé à jamais. « Cela fait à peu près trois ans que j’ai été victime d’un accident de la route. Ce soir-là, j’avais quitté le camion à Fuel et je rentrais chez moi à Vieux Grand-Port. J’étais à moto. Arrivé près de la jetée des Bois-des-Amourettes, quand une voiture a débouché devant moi. Voulant l’éviter, j’ai appliqué mes freins. Ma moto a dérapé sur l’asphalte. Et j’ai été projeté hors de la moto. J’avais la tête carrément sous la voiture », explique notre interlocuteur, encore sous le choc.

Avec une poussée d’adrénaline, Jean Gérard Ratinon dit avoir pu y ôter sa tête. « Mais quand je me suis redressé, le conducteur s’est sauvé.

Heureusement que mon casque m’a protégé. Avec l’aide de deux passants, j’ai pu redresser ma moto et je suis rentré chez moi. Mais en y arrivant, je n’arrivais pas à descendre de ma moto, car les douleurs étaient intenses, surtout au niveau du cou et du dos », poursuit le quinquagénaire, qui a été transporté d’urgence à l’hôpital pour des soins. 

" Je suis resté pendant un mois et demi à l’hôpital. On devait m’opérer pour redresser mon cou, mais le médecin a pu le faire sans chirurgie. Je n’avais pas le droit de bouger "

Après avoir passé une batterie de tests, le médecin a décelé que deux nœuds avaient été compressés au niveau de son cou. « Je suis resté pendant un mois et demi à l’hôpital. On devait m’opérer pour redresser mon cou, mais le médecin a pu le faire sans chirurgie. Je n’avais pas le droit de bouger. J’ai dû rester alité pendant trois mois. Grâce à Dieu, j’ai pu m’en sortir. Cependant, mon cou n’est plus droit, mais incliné », confie le quinquagénaire. 

Plus de six mois après le drame, Jean Gérard Ratinon a repris son travail. Si le temps passe, les séquelles, elles, restent. « Mes doigts sont constamment engourdis. Le médecin a dit que je dois apprendre à vivre avec. Mais je ne peux pas rester longtemps assis, car cela provoque des douleurs intenses à la colonne vertébrale et au cou », souligne-t-il. 

Jean Gérard Ratinon concède que la police fait beaucoup de sensibilisation sur la sécurité. Cependant, il pense qu’il faut des lois plus sévères. En raison de l’irresponsabilité de certains chauffeurs, la vie des autres usagers de la route est en danger. « Je rentrais tranquillement du travail ce soir-là. Je portais mon gilet fluorescent et je roulais à 30 km/h. Cela ne m’a pas empêché de voir la mort de près. Le chauffeur qui s’est sauvé est une personne irresponsable. Il ne s’est même pas soucié si j’étais blessé ou pas. Il faut absolument durcir les lois, surtout pour des personnes qui conduisent sous l’influence de l’alcool », estime notre interlocuteur.

 

 

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