Vandana Vaghjee, la cheville ouvrière de Pro-Medica

Depuis la disparition d’Ibrahim Sheik-Yousouf, directeur des laboratoires Pro-Medica, Vandana Vaghjee est devenue la cheville ouvrière des activités de ces centres d’analyse. La jeune femme est une véritable ‘droguée’ du travail, dans un métier où la rigueur et la mise à jour des données demeurent des priorités.

Ses mots s’enchaînent comme une kalachnikov, et elle n’a pas trop de temps pour les amabilités même si elle reste courtoise. « Cela fait partie de mon travail, car le droit à l’erreur n’est pas permise d’autant que les clients sont devenus très exigeants, car les tests eux-mêmes doivent répondre aux normes internationales », explique-t-elle, installée derrière son ordinateur au 1er étage des bureaux et laboratoire Pro-Medica, à l’angle des rues St Georges et Labourdonnais, à Port-Louis.

Certes, elle n’est pas une scientifique, malgré son vœu d’étudier les sciences au collège Hassen Raffa, à Terre-Rouge, où sa famille est domicilié. Elle finira par devenir Certified Technician, grâce aux cours par correspondance dispensés par  l’Université de l’Afrique du Sud, après avoir essuyé un refus de son père, qui ne voulait pas que sa fille unique parte étudier le Structural Engineering en Inde.

Durant ses études par correspondance, elle travaille comme comptable et responsable des ressources humaines pour une société de construction belge. Puis elle enchaîne deux autres jobs chez PriceWaterHouse et à Limbada & Limbaba Consulting Engineering respectivement.

Touche-à-tout

En 1996, à la création de Pro-Medica, elle rejoint Ibrahim Sheik-Yousouf. « Je voulais travailler dans le secteur médical, avec mes acquis en termes de management des ressources humaines », se souvient-elle. À l’époque, les ambitions de Pro-Medica pouvaient se résumer aux deux seules personnes que l'entreprise avait les moyens d’employer. « J’ai moi-même commencé à effectuer les prises de sang. J’ai appris sur le tas, mais aussi énormément de M. Sheik-Yousouf, qui m’a montrée comment interpréter les résultats des analyses. Puis, je me suis occupée du design des formulaires à l’informatique, car le directeur ne voulait pas de manuscrit. En fait, c’est un peu grâce à nous que ces procédures ont été suivies par d’autres labos. »

À Pro-Medica, Vandana Vaghjee est une touche-à-tout : de la formation des salariés, aux relations-clients, en passant par l’observance stricte des normes internationales.

« Nous avons réussi à établir une relation personnalisée avec la clientèle sans monnayer tous les services. C’était un des aspects de la gestion de M. Sheik-Yousouf, qui concevait ce métier comme un service fondé sur une approche humaine, j’essaie de perpétuer sa philosophie. Nous ne sommes pas dans la compétition », dit-elle.

Mais, les défis ne manquent pas, car il faut des investissements et le renouvellement du personnel et sa formation en fonction du développement de la société, indique-t-elle. À ce jour, Pro-Medica emploie 15 personnes, dont deux laborantins, tous conscients des défis qui s’imposent en termes de qualité et de rapports avec la clientèle en vue de décrocher la certification ISO 15189.

Si elle-même élève la rigueur au plus haut niveau au travail, elle reconnaît que dans la vie privée, trop de rigueur est un trait de caractère et peut être une attitude qui nuit à soi-même. « On peut se rendre malheureuse, or il faut rester humble et apprendre des autres », fait-elle valoir. Elle cherche l’équilibre indispensable avec ses parents et au sein de l’association Gujerati Cultural Society of Mauritius, qui regroupe environ 50 personnes. « C’est à l’image de la communauté gujarati à Maurice, qui compte quelque 100 familles, mais nous essayons d’être actives socialement. Moi-même, tous les samedis, je me fais un devoir d’aller enseigner à lire et à écrire à des enfants défavorisés. Je  pense que tout individu peut faire avancer la société à sa manière en aidant les personnes les plus vulnérables », fait-elle ressortir.