«Dir Dawood Rawat vann so group pou enn roupie ek pa pou ena problem devan». Ce sont les propos imputés au secrétaire financier, Dev Manraj, dans un affidavit juré en Cour suprême la semaine dernière. C’est une personne se présentant comme témoin privilégié des discussions qui ont eu lieu suivant la révocation du permis d'opération de la Bramer Bank, le 2 avril 2015, qui a tenu ces propos dans un affidavit.
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L’ancien ministre de la Bonne gouvernance, Roshi Bhadain, est également mis en cause dans ce document. Celui-ci aurait tenté d’obtenir des renseignements auprès des cadres de la BAI sur les garanties bancaires accordées à Navin Ramgoolam sur l’achat de son bungalow a Roches-Noires.
L’identité de celui qui a juré cet affidavit est pour l’heure protégée par ses hommes de loi. Selon ce témoin, le 30 avril 2015, Seemadree Rajanah, Swadeck Taher, Rishi Sookdawoor de la BAI, et lui-même sont partis à la rencontre de Roshi Bhadain à son bureau. Les discussions tournaient autour d'un manque de liquidités à la Bramer Bank.
Le témoin avance que Roshi Bhadain aurait cherché à obtenir des renseignements sur les garanties bancaires accordées à l'ex-Premier ministre Navin Ramgoolam sur l’achat de son bungalow a Roches-Noires. L'ancien ministre de la Bonne gouvernance aurait déclaré ceci : «Come clean, zot ena ene sel chance, dir tou aster laem, sinon dont tell me that I have not given you this chance.»
Selon le témoin, les cadres de la BAI sont alors repartis pour chercher l’information demandée par l’ancien ministre. Le 1er avril, de retour au bureau de Roshi Bhadain, celui-ci, selon le témoin, était très en colère car Seemadree Rajanah, CEO de la BAI, aurait écrit à sir Anerood Jugnauth pour lui dire que ce qui est en train de se passer au groupe BAI relève de la vengeance politique.
Le témoin ajoute que c’est l’ancien Attorney General, Ravi Yerigadoo, présent également à cette réunion qui décantera la situation.
Puis, il y a eu l’épisode du 2 avril 2015. Le témoin laisse entendre qu'à quelques heures de la révocation du permis d'opération de la Bramer Bank, Dev Manraj devait entrer en scène pour une énième réunion avec les cadres de la BAI.
Selon le témoin, Dev Manraj aurait tapé du poing sur la table et déclaré ceci : «Dir Dawood Rawat vann so group pou enn roupie ek pa pou ena problem devan».
Et juste après, c’est Roshi Bhadain qui a enchaîné avec ceci : «Zot ine bien tande la. Ale fer se ki pe dire zot ek fer mwa koner apre. Kouma mo pe dir, tou pa dan mo lame. Sinon pou ena problem devan ek mo pa pou kav fer nanie.»
S’appuyant sur cet affidavit, Laina Rawat, l'une des trois filles de Dawood Rawat, ex-patron du défunt groupe BAI, a fait une demande d’injonction en Cour suprême vendredi dernier. Elle a formulé sa demande contre le Premier ministre et ministre des finances, Pravind Jugnauth, afin de l’empêcher de vendre la Maubank.
Dans sa plainte, elle s’appuie sur l’affidavit du «témoin privilégié» et affirme qu’elle est convaincue que la décision de révoquer le permis d'opération de la Bramer Bank était «purement d’ordre politique».
Laina Rawat demande à la Cour suprême de déclarer le document ayant trait à une somme symbolique pour vendre tous les actifs de la BAI au gouvernement mauricien soit déclaré «nul et de nullité absolue». Elle demande aussi un ordre de la Cour afin de «rétablir rétroactivement à Dawood Rawat tous ses biens et de la même manière rétablir en état de fonctionnement post-2 avril 2015 les compagnies du groupe BAI».
La Banque de Maurice et l’Etat sont aussi visés par cette demande d'injonction. Toutes les parties concernées devront comparaître devant la Cour suprême le 15 octobre prochain.
Dawood Rawat a retenu les services de l’avouée Ayesha Jeewa et des avocats, Mes Shakeel Mohamed et Ameerah Dhunnoo.
Dev Manraj s'explique
Interrogé par Radio Plus, le Secrétaire financier, Dev Manraj, a apporté la précision suivante.
Il affirme avoir déclaré ce jour-là qu’il n’avait aucun problème à ce qu’une autre équipe prenne le relais à la tête de la BAI et que c’est Swadeck Taher qui devait devenir le nouveau chairman du groupe.
Selon Dev Manraj, si une nouvelle direction avait repris la BAI à l’époque et avait procédé à une baisse des salaires dans toutes ses compagnies, le conglomérat serait redevenu profitable aujourd’hui.
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