Lors d’un séminaire, Gérard Sanspeur, président du Board of Investment, a indique que le pays peut se positionner comme un pôle de la technologie de la blockchain. De quoi s’agit-il ? Eléments de réponse.
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Maurice est en passe de se positionner comme un pôle majeur d’une technologie émergente, la chaîne de blocs, plus connue comme blockchain. Il s’agit d’un registre numérique partagé entre différents acteurs, comme des individus, des entreprises ou des institutions, explique Sébastien Couture, co-fondateur de la compagnie française Stratumn.
« Il peut s’agir d’opérateurs qui se connaissent et se font plus ou moins confiance, par exemple un consortium de banques. Des données, des transactions et des actifs seront stockés dans ce registre, puis transférés sans intermédiaire ou tiers de confiance, comme une banque, par exemple, dans le cadre d’une transaction », ajoute-t-il.
De son côté, Primavera de Filippi, chercheuse au Centre national de recherche scientifique (CNRS) français, précise qu’il s’agit d’un réseau décentralisé. « Son rôle est de maintenir un historique précis d’activités spécifiques à des moments donnés. On peut inscrire des informations dans ce réseau qui utilise un système de cryptographie. Ainsi, on peut prouver qu’un acteur donné a fait une action donnée envers quelqu’un d’autre. Le système se maintient par lui-même, il n’est pas nécessaire d’avoir un régulateur qui va vérifier et valider les transactions. »
Monnaie Numérique
Pour le cofondateur de Stratumn, parmi les applications possibles de la blockchain, notamment à Maurice, on trouve la possibilité d’émettre une monnaie numérique nationale à l’image du Bitcoin, qui utilise d’ailleurs la technologie de la chaîne de blocs. « Parmi les autres utilisations probables, l’on note tout ce qui est en rapport avec la transparence budgétaire. On peut aussi mettre en place des blockchains dans la santé où seront sécurisées des données sur les patients. Dans l’industrie, on peut assurer et suivre la traçabilité de produits comme des pièces d’avions, par exemple. Dans la finance, on peut suivre des transactions et horodater toutes les étapes d’un processus », explique Sébastien Couture.
La chercheuse au CNRS indique que la technologie de la blockchain est encore mal comprise et peut donc être mal interprétée. « Il est donc difficile de savoir comment s’appliquent les lois existantes sur la technologie de la blockchain. Il faut comprendre comment créer un cadre régulateur qui va permettre aux institutions d’expérimenter la technologie sans être dans une zone juridique grise. Concernant les données confidentielles, cette technologie est fondée sur la transparence. Chaque information inscrite sur une blockchain est accessible à tout le monde. On n’enregistre pas de données sensibles, mais des empreintes digitales numériques de fichiers ou de données. Ainsi tout le monde peut voir cette empreinte sans voir les données originales. Les propriétaires des données peuvent donc prouver leur authenticité sans jamais les dévoiler. »
Primavera de Filippi et Sébastien Couture s’exprimaient, le jeudi 15 septembre, à Ébène au cours d’un séminaire sur la technologie de la blockchain organisé par le Board of Investment (BoI). Pour Gérard Sanspeur, président du BoI, Maurice peut devenir un pôle majeur de cette technologie. « Maurice doit mettre en place un cadre régulateur pour cette technologie. Si le pays le fait, il deviendra le premier à avoir un système de gouvernance autour des blockchains. C’est là l’objectif du BoI. Des projets seront ensuite mis en œuvre. Aujourd’hui, seules 4 000 personnes au monde maîtrisent cette technologie. En formant 1 000 Mauriciens, on aura 20 % de la compétence mondiale dans cette technologie. »
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