Taux de change : la roupie mauricienne reste embarquée dans un cercle vicieux

• Une dépréciation de 10 % par an 

Comment la roupie mauricienne évoluera-t-elle en 2022 ? Cela dépendra de plusieurs facteurs, dont l’intervention de la Banque de Maurice (BoM). 

La valeur de la monnaie locale a chuté drastiquement durant les dernières années par rapport aux principales devises étrangères. 2022 pourrait ne pas déroger à la règle. Cependant, il serait difficile, selon Alexandre Sanchini, CEO de Blue Ship Capital, de se prononcer quant à l’éventuelle évolution de la roupie mauricienne pour toute l’année.

« Depuis les trois dernières années, on constate que la roupie locale s’est dépréciée de 10 % par an », avance-t-il. Et pour 2022, la progression de la roupie mauricienne sera, selon Alexandre Sanchini, jalonnée par l’intervention de la Banque centrale, la croissance de l’économie locale, le flux de devises ou encore de la balance des paiements. 

Quid de ce dernier facteur ? L’économiste Rajiv Lutchmiah rappelle qu’elle n’est pas favorable à Maurice. Pour cause, le coût galopant des matières premières couplé au fret qui influence le prix des produits importés. « Maurice aura besoin davantage de devises puisque nous importons plus que nous exportons. Les taux d’intérêt ont également une tendance haussière dans nos marchés », fait observer Rajiv Lutchmiah. Ainsi, l’économiste est d’avis qu’au vu de cette tendance, « la dépréciation de la roupie n’est pas prête de s’arrêter ».

Toutefois, à en croire Alexandre Sanchini, la dépréciation serait normale pour une devise émergente comme la roupie mauricienne. « Une économie qui a une forte croissance a besoin d’une devise qui s’affaiblit, c’est normal et souhaitable. Or, il faudrait que la dépréciation soit constante et maîtrisée », argue-t-il. La raison ? L’idée de contrecarrer l’inflation en dévaluant la monnaie est un cercle vicieux. Certes, c’est un moyen de booster l’exportation, explique Alexandre Sanchini, qui cite l’exemple de la Turquie où cette politique a plongé le pays dans une dépréciation monétaire. D’où l’importance, selon le CEO de Blue Ship Capital, de manipuler les devises et l’inflation avec attention.     

Par ailleurs, le contexte actuel à Maurice est loin d’être approprié pour dévaluer davantage la monnaie locale. Rajiv Lutchmiah soutient que le pouvoir d’achat est en chute libre et que la chaîne d’approvisionnement sur la scène internationale est perturbée.

Prix d’achat en roupie de l’euro et du dollar