Economie

Sundy Moonesawmy, transitaire : « Le trafic des conteuneurs est un indicateur du volume des affaires »

sundy_moonesawmy Sundy Moonesawmy souhaite l’adoption des mesures plus rigoureuses à l’examen des Auctions Sheets, délivrés au Japon.

C’est un secteur d’activités qui est le reflet de l’économie de Maurice, en croissance ou en stagnation. Celui du transit, où Sundy Moonesawmy opère, a connu un essor fulgurant vers la fin des années 90, mais notre interlocuteur n’a pas mis ses œufs dans le même panier : sa société est également engagée dans l’importation des voitures seconde main, un marché où il souhaite voir davantage de réglementations.

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Après des heures passées aux douanes, Sundy Moonesawmy arrive toujours à la même conclusion. « Nous sommes encore un petit port, mais le trafic des containers rend bien compte du volume des affaires à Maurice ». Le transitaire sait de quoi il parle, car les arcanes du domaine portuaire, il les connaît depuis un quart de siècle, quand il a pris de l’emploi à la société Fast Shipping Ltd, qui représente la compagnie taïwanaise Evergreen Maritime Corporation, 4e compagnie mondiale engagée dans l’acheminement des containers.

« J’étais essentiellement sur le terrain, sous le soleil du Port, guettant le mouvement des containers, pour ensuite rédiger la documentation pour la douane », se souvient-il encore. Nous sommes alors, en 1988, une période où l’écriture est encore manuelle, ou réalisée à l’aide des machines à écrire. Les équipements portuaires sont dérisoires, il faut louer des grues à Taylor Smith pour le transbordement, si les navires n’en sont pas équipés.

Tsunami au Japon

Durant ses bons et loyaux services au sein  de Fast Shipping, Sundy s’initie à la gestion d’entreprise et au contact-client. « J’ai appris qu’il ne faut jamais sous-estimer personne, ni nourrir de préjugés à qui que ce soit », dit-il. Vers 1996, Evergreen Maritime se lance dans l’acheminement de voitures par containers à destination de Maurice, grâce à des navires adaptés pour ce service.

Le coût va s’en retrouver diminué  permettant ainsi, en aval, aux Mauriciens d’acquérir des voitures à des prix abordables. Mais cette facilité ne va pas sans inconvénient, car elle ouvre, du même coup, la brèche à la revente des voitures accidentées au Japon, lesquelles atterrissent à Maurice où il n’existait pas encore de cadre légal dans ce secteur. Ce n’est que vers 2000 que les réglementations verront le jour pour y faire le ménage.

Quelques années plus tard, Sundy se joint à la société Autoworld Ltd, puis à Express Auto, toutes deux engagées dans l’importation et la commercialisation des voitures seconde main. Les perspectives dans ce secteur et son expérience en poche l’encouragent à lancer sa propre société. Toutefois, le tsunami survenu au Japon, en 2011, et qui entraînera des fuites radioactives à la centrale nucléaire située à Fukushima, force le gouvernement mauricien à suspendre l’importation des voitures du Japon.

« Cette décision a lourdement impacté les sociétés mauriciennes, dont la mienne », explique-t-il. Du coup, il se voit contraint de diversifier ses activités, en créant la société NY link Logistics, dont l’activité principale, est le transit.

« Je ne me suis pas lancé à l’aveuglette avec cette société. Je connaissais bien le milieu portuaire, le secteur maritime, les opérateurs, ce qui m’a permis de constituer un bon carnet d’adresses », explique-t-il, en précisant que le domaine des transitaires à Maurice est déjà saturé en raison de la taille du marché domestique.

« La différence doit se faire en termes de professionnalisation des services offerts et des relations personnelles qui reposent sur la crédibilité du transitaire. Dans mon cas, j’ai été membre fondateur et ancien trésorier de l’association regroupant les importateurs autorisés des voitures seconde main. » Cette notoriété parmi ses pairs lui ouvre de véritables perspectives dans une activité où les marges sont presque identiques d’un transitaire à l’autre.

Auctions Sheets

S’il est un domaine où la réglementation pêche encore par certains manquements, c’est encore celui de l’importation de voitures de seconde main, fait-il ressortir.  Il souhaite que le gouvernement mauricien adopte des mesures plus rigoureuses à l’examen des Auctions Sheets délivrés par les salles de vente à l’encan au Japon.

« Des Mauriciens qui ont acheté des voitures m’ont fait voir des défauts dans ces véhicules, alors que l’examen des 'auction sheets' y relatifs ne mentionne aucun défaut », explique-t-il, avancant que  la voiture est devenue un « accessoire de famille et non un luxe » à Maurice.

« Ce sont de petits détails qu’il faut régler pour que la confiance soit de mise parmi les transitaires, mais aussi, parce que certains Mauriciens ont économisé pour investir dans l’achat de ces voitures », conclut-il.

 

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