Faits Divers

Six morts en sept jours : 104 victimes sur nos routes depuis janvier

Six morts en sept jours

Début de mois d’octobre meurtrier. En une semaine, six personnes dont trois piétons, deux cyclistes et un auto-cycliste ont trouvé la mort dans des circonstances tragiques sur nos routes.

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Leur disparition a bouleversé leurs proches. Le nombre de morts sur nos routes, de janvier au 7 octobre, s’élève à 104.

Hit & run à Mahébourg : Abdool Reshad Nunkoo fauché à sa sortie de la mosquée

C’est la consternation chez la famille Nunkoo. Le samedi 1er octobre, Abdool Reshad, âgé de 66 ans et domicilié à Mahébourg, s’était rendu à la mosquée pour ses prières quotidiennes. Il revenait à pied chez lui vers 20 h 30, quand il a été percuté de plein fouet par un van. Le véhicule, qui se dirigeait en direction du Sud, ne s’est pas arrêté. Alerté par le bruit de l’impact, les habitants se sont attroupés et la police de Mahébourg a été informée. L’autopsie a révélé qu’Abdool Reshad Nunkoo est décédé des suites de ses blessures.

C’est la police criminelle de Mahébourg qui s’est chargée de mettre la main sur le chauffard. Dimanche, les limiers de la CID ont pu retracer le suspect. Le van que conduisait Dinesh T., âgé de 22 ans, a été repéré à Forest-Side. La police a procédé à une perquisition du domicile du jeune homme. Ils ont retrouvé le van dans une pièce, recouvert d’un drap. Le suspect n’était pas présent lors de la perquisition. Il s’était rendu à la police de Mahébourg en compagnie de son avocat.

Dinesh T. a expliqué aux policiers qu’il venait de prendre de l’emploi dans un supermarché de la localité. Samedi soir, il venait de déposer des employés à leur domicile. Il rentrait chez lui à Ville-Noire. « Un homme a surgi de nulle part. J’ai essayé de l’éviter, mais en vain. En voyant les gens qui venaient sur le lieu de l’accident, j’ai poursuivi ma route », a-t-il déclaré à la police. Cependant, après un détour chez lui, le jeune conducteur soutient qu’il s’est rendu à la police. « Quand j’ai aperçu la foule devant le poste de police, j’ai pris peur. Je me suis rendu chez mon père, à Forest-Side », a-t-il ajouté.

Le suspect, connu des services de police, a passé la nuit en cellule avant de comparaître, lundi, devant la Cour de Mahébourg sous une charge provisoire d’homicide involontaire. La police a objecté à sa remise en liberté sous caution.

Du côté de la famille d’Abdool Reshad Nunkoo, c’est la colère. « Il était le vice-président de la mosquée et faisait du social. Il est mort dans d’horribles circonstances. Le chauffeur aurait dû s’arrêter », dit l’un des fils de la victime.

Osman Jaunboccus, recteur de la Doha Academy, est un ami proche de la victime. « Combien de morts faudra t-il avoir encore pour que les autorités fassent leur travail ? Ce n’est pas la première fois qu’une personne trouve la mort sur cette route. Nous avons maintes fois demandé que des feux de signalisation soient placés afin d’éviter ce genre de situation.

J’espère que notre appel ne tombera pas dans l’oreille d’un sourd, cette fois », déplore-t-il. Les funérailles d’Abdool Reshad Nunkoo ont eu lieu dimanche après-midi.

À Plaine-Verte : un piéton tué par un motocycliste

Imran Ahmadally

Imran Ahmadally, âgé de 42 ans, habitant de la rue Criméa, à Vallée-Pitot, a également connu un triste sort. Mardi, ce père de famille s’était rendu à la boutique, mais il n’en est jamais revenu. Alors qu’il traversait la rue Lenepveu, à Plaine-Verte, vers 18 h 30, une motocyclette pilotée par un jeune de 19 ans l’a percuté. Le quadragénaire a rendu l’âme quelques heures plus tard.

Le motocycliste, habitant Vallée-Pitot, a été place en état d’arrestation. Dans son récit à la police de Plaine-Verte, le jeune homme a indiqué qu’il roulait à environ 30 km/h. « J’ai vu le monsieur à une vingtaine de mètres de moi. Il traversait la route. J’ai alors klaxonné. Il a hésité, puis a rebroussé chemin. J’ai poursuivi ma route. Mais sans que je ne m’y attende, il a de nouveau traversé devant moi. Il a heurté la partie avant de la motocyclette. Nous nous sommes retrouvés au sol », devait-il préciser dans sa déposition aux policiers.

Le motocycliste a été soumis à un alcotest, qui s’est avéré négatif. Il a comparu, le lendemain, en Cour de Port-Louis sous une charge d’homicide involontaire.

Nushira, la veuve de la victime, est effondrée. « Mon époux était parti acheter à manger. Il ne prend jamais beaucoup de temps pour faire nos courses. Mais ce soir-là, il a tardé. Je lui ai téléphoné à plusieurs reprises. Finalement, c’est un inconnu qui a pris l’appel. Il m’a dit que mon époux avait été victime d’un accident de la route. Nous nous sommes rendus à l’hôpital, mais mon mari a rendu l’âme peu après », nous dira-t-elle.

D’autres familles dans la même détresse

Anupam Kumar Somram, un employé de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, fait partie des victimes de la route. Cet habitant de Saint-Pierre a été admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, le 30 septembre. Ce jour-là, il était à bicyclette à la rue Suffren, à Beau-Bassin, quand il a percuté l’arrière d’un camion en stationnement. Grièvement blessé, il a poussé son dernier soupir le 2 octobre. L’autopsie a révélé qu’il a succombé à ses multiples blessures.

Ibrahim Basha Ausgur, vigile de 67 ans habitant Lower-Vale, était aussi à vélo à Grand-Baie, mercredi soir, quand il a été percuté par une voiture. Il a été grièvement blessé. La police de Grand-Baie a été alertée. L’alcotest effectué sur le chauffeur de la voiture, un habitant de Pamplemousses, s’est révélé négatif. Admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital SSRN, le vigile a rendu l’âme, jeudi, aux petites heures.

Deux nouvelles victimes à Terre-Rouge

En moins de 24 heures, la police de Terre-Rouge a enregistré deux cas d’accidents fatals. Said Joomun, 62 ans, habitant à la rue Deschartes, Port-Louis, était à mobylette, le samedi 1er octobre, à Terre-Rouge, lorsqu’un autobus l’a heurté. Le sexagénaire a été transporté à l’hôpital du Nord et admis aux soins intensifs. Il est décédé jeudi soir.

En début de soirée vendredi, Dunraj Jugdhur, âgé de 63 ans, était à proximité d’un arrêt d’autobus à Terre-Rouge quand un autobus se dirigeant vers le Nord lui est passé dessus. La victime, qui habite la localité, est mort sur le coup. Le chauffeur du bus, âgé de 59 ans, s’est soumis à un alcotest qui s’est révélé négatif. Cet habitant de Petit-Raffray a comparu, samedi, devant la Bail & Remand Court pour répondre d’une charge provisoire d’homicide involontaire.

Retrouvé mort sous une benne à cannes - Nizam, le frère du laboureur : « Nazir ne méritait pas de mourir ainsi »

Nazir Ramjan, la victime, était apprécié de tous.

Fin atroce pour Nazir Ramjan. Le corps sans vie de ce laboureur de 49 ans a été retrouvé, jeudi matin, sous une benne dans un champ de canne à Grand-Bois. C’est l’un de ses collègues qui a fait la découverte macabre. La Major Crime Investigation Team (MCIT) a procédé à l’arrestation du chauffeur du camion ayant transporté la benne. Il répond d’une accusation provisoire d’homicide involontaire.

Nizam, le frère de Nazir Ramjan, est en colère. « Mon frère ne méritait pas de mourir ainsi », lâche ce policier à la retraite. Cela fait de nombreuses années, dit-il, que Nazir exerce ce métier. « Il travaille la terre depuis son jeune âge », explique le frère. « Débrouillard, il se réveillait très tôt chaque matin. Il lui en fallait du courage, car à 4 h 30, il était prêt pour le boulot », poursuit Nizam.

Le laboureur travaillait pour un habitant de la localité. C’est d’ailleurs le propriétaire qui était au volant du camion ayant remorqué la benne. « Nazir n’a jamais fait de mal à qui que ce soit. Au contraire, c’était un homme généreux. Il aimait aider les gens dans le besoin. Je me demande comment le chauffeur a pu agir de la sorte », se désole l’ex-policier.

Multiples blessures

Jeudi, Nazir, comme à l’accoutumée, se réveille aux aurores pour se rendre dans les champs. « Li ti bizin met ban kann koupe dan ben la. Il a dit sa prière avant de sortir sans faire de bruit. C’est un peu plus tard qu’on est venu m’annoncer qu’il avait été victime d’un accident. Je me suis précipité sur les lieux. Nazir était coincé sous la benne », explique Nizam. L’autopsie, pratiquée jeudi, a établi que le laboureur est mort de ses multiples blessures.

Il a fallu l’intervention des sapeurs-pompiers pour extirper le corps de la victime. La police de Grand-Bois, qui a initié une enquête, a dans un premier temps interrogé le chauffeur. L’homme de 59 ans a expliqué avoir déposé la benne à canne mercredi. La MCIT a ensuite pris le relais. Le chauffeur a ainsi été arrêté, puis inculpé provisoirement d’homicide involontaire. Les funérailles de Nazir Ramjan ont eu lieu jeudi après-midi.

Un pêcheur meurt noyé à Bel-Ombre - Son fils : « Nous avons été surpris par une houle »

Sa passion pour la pêche a eu raison de lui. Jayduth Bholah, âgé de 62 ans, pêcheur originaire de Bel-Ombre, a peri noyé, mercredi soir, lors d’une sortie en mer. Son fils Sunildutt, âgé de 38 ans, qui l’accompagnait, est sous le choc. « Nous avons été surpris par une houle. Il est mort sous mes yeux », nous relate avec peine le fils.

Cette soudaine disparition laisse ses proches dans la détresse. « Mon père était le pilier de la famille, dit-il. Il était meilleur nageur que moi. Cela fait 14 ans que je l’accompagne en mer. Je travaillais dans une usine, mais j’ai quitté mon poste pour lui donner un coup de main », explique Sunildutt. Selon lui, il n’y avait pas d’heure pour sortir en mer. « Des fois, c’est le matin et d’autres fois, c’est en début de soirée. Mercredi, nous étions sortis pour aller pêcher le berri », poursuit-il.

Mercredi, père et fils quittent la maison vers 18 heures. « La mer était calme », dit le jeune homme. Ils prennent place à bord du Roi des mers, leur pirogue. Cependant, la partie de pêche ne se passera pas comme prévu. Alors qu’ils s’y attendent le moins, ils sont surpris par une grosse vague. « Une houle silencieuse, comme on l’appelle. Elle frappe sans crier gare. Elle a soulevé notre pirogue et mon père et moi, sommes retrouvés à l’eau. Le courant m’a poussé sur les brisants. Mon père est resté dans l’eau.

La coque du bateau a été endommagée sur des coraux. Puis, il y a eu une seconde houle. Mon père m’a dit qu’il allait venir me rejoindre. Je n’aurais jamais pensé que c’était ses dernières paroles. Il y a eu une troisième houle qui nous a emportés. J’ai été projeté plusieurs mètres plus loin et j’ai alors perdu mon père de vue. J’ai nagé jusqu’à la plage et j’ai alerté la garde côtière », explique Sunildutt.

Des recherches seront tout de suite entamées.

« Avec les officiers de la NCG, nous avons retrouvé l’embarcation en premier, puis le corps inerte de mon père flottant à la surface. Je savais qu’il était mort », se désole le fils du disparu. L’autopsie a révélé que Jayduth Bholah est mort d’une asphyxie due à la noyade.

Pour Sunildutt, c’est une grande perte. « Nous sommes une famille de pêcheurs. Mon père avait son permis, alors que moi,  j’attends d’être enregistré depuis plusieurs années. J’ai fait des demandes qui n’ont jamais abouti. Avec la mort de mon père, je ne sais pas ce qui va se passer. J’ai une fille qui doit prendre part aux examens du School Certificate. Je pense arrêter sa scolarité pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille », soutient le fils du disparu.

 

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