Issah Bacsoo est décrit comme un individu qui n’a pas froid aux yeux, et ce peu importent les situations dans lesquelles il se retrouve. Ce commerçant de Port-Louis, soupçonné d’être le leader du gang impliqué dans le meurtre de Goolam Khodabux, 68 ans, est presque toujours entouré des membres de sa bande quand il circule. Arborant fièrement des bijoux, il a adopté ce style comme un signe de « puissance » tel que qualifié dans son cercle social.
Issah Bacsoo est derrière les barreaux depuis le samedi 4 mai 2024. Cet habitant de la capitale de 31 ans est soupçonné d’être le meneur du gang à l’origine de l’agression mortelle de Goolam Khodabux, 68 ans, perpétrée lors d’un affrontement à Camp-Yoloff, dans l’après-midi du 3 mai. Les funérailles du sexagénaire ont, elles, eu lieu à Terre-Rouge jeudi soir. L’affaire aurait pour toile de fond une dispute à Karo Kalyptis entre un certain Danté et un membre du clan de l’accusé.
Qui est Issah Bacsoo ? Il gère un commerce spécialisé dans la vente de confections textiles, situé dans la capitale. Père de famille, il a refait sa vie conjugale après une séparation avec sa première épouse, contractant ainsi une seconde union. Il est fiché à la police pour un seul cas d’agression survenu dans la capitale. La police de Plaine-Verte l’avait épinglé en 2008. La cour lui avait infligé une amende de Rs 1 000.
Mais selon des agents du Field Intelligence Office opérant à Port-Louis depuis plusieurs années, il se serait retrouvé, à plusieurs reprises, mêlé à des affaires d’agression et à des descentes musclées orchestrées par des bandes armées. Les victimes, par peur de représailles, ne se seraient jamais tournées vers la police. Depuis l’arrestation d’Issah Bacsoo, les Casernes centrales leur lancent un appel pour qu’elles se manifestent.
L’homme est décrit comme un individu qui n’a pas froid aux yeux, et ce peu importent les situations dans lesquelles il se retrouve. « Li enn dimounn ki ena leker », dit-on dans le milieu. Presque toujours entouré des membres de sa bande quand il circule, il affiche une attitude de vainqueur.
Présumés liens politiques
Il entretiendrait également des liens avec des personnes du giron politique. D’ailleurs, sa bande et lui n’hésitent pas à s’afficher aux côtés de certains politiciens sur les réseaux sociaux. Un autre suspect du meurtre de Goolam Khodabux, qui a déjà été identifié par la police, est aussi connu pour sa proximité avec un député.
Lors de certains événements, tels que des concerts ou des spectacles, Issah Bacsoo a été aperçu au-devant de la scène faisant office d’agent de sécurité pour les artistes concernés. En septembre 2023, durant la visite sur l’île de l’artiste rappeur français La Fouine, il était en première ligne du dispositif de sécurité.
Fêtard dans l’âme, Issah Bacsoo ne manque pas de profiter de la vie lors de soirées bien arrosées en compagnie de ses proches. Arborant fièrement des bijoux et presque tous les doigts ornés de bagues en or, il a adopté ce style comme un signe de « puissance » tel que qualifié dans son cercle social.
Circulant la plupart du temps à bord de 4x4 et en groupe, la bande inspire la frayeur lors de ses déplacements. « Akoz zot roul ar gang dimounn per zot », confient nos sources policières. Des informations suggérant que la bande serait impliquée dans des activités criminelles, acceptant des « contrats » pour semer la terreur moyennant des rétributions financières, sont également entre les mains de la police. Cependant, aucune plainte n’a été déposée à ce jour dans ce sens.
« Kan tir sab koupe, pa fer ‘attempt’ »
Malgré sa précédente arrestation, Issah Bacsoo conserve une personnalité violente et déterminée. On en a eu une démonstration le lundi, à l’issue de sa comparution en cour, quand il a lancé à haute voix aux journalistes présents : « Danté B…., kan tir sab, koupe. Pa fer ‘attempt’. » Un message adressé au gang rival, alors que Goolam Khodabux luttait entre la vie et la mort.
Le sexagénaire se trouvait à l’unité des soins intensifs de l’hôpital Dr A. G. Jeetoo depuis le 3 mai. Il était sous respirateur artificiel. Il a rendu l’âme jeudi matin. L’autopsie a attribué son décès à une fracture du crâne. Issah Bacsoo est le suspect principal du meurtre. Dans des vidéos en circulation sur les réseaux sociaux qui montrent l’agression, Issah Bacsoo est aperçu infligeant des coups à Goolam Khodabux, alors que ce dernier est à terre.
À un moment, le suspect inflige un violent coup de genou au sexagénaire à la tête, lequel était déjà affalé sur l’asphalte. Un coup après lequel ce dernier s’est écroulé.
Six complices ont été arrêtés, en sus du suspect Issah Bacsoo : Nawfar Khodabaccus, un habitant de Vallée-Pitot de 29 ans ; Nasif Hossenbuccus, âgé de 25 ans et originaire de Terre-Rouge ; Sharaad Usamah Kurmally ; Nadhir Khan Chetty ; Kenwell Julien Marie alias Songo ; et Meraj Bageerutty, connu pour sa fidélité au clan et qui est souvent vu aux côtés d’Issah Bacsoo lors de leurs sorties.
Les sept individus, qui étaient inculpés d’agression avec préméditation, sont désormais accusés de meurtre depuis le décès de Goolam Khodabux. L’arrestation d’un huitième suspect a eu lieu vendredi. Il a été repéré sur des enregistrements de vidéosurveillance, vêtu d’une cagoule. Il faisait partie de la bande impliquée dans la rixe sanglante survenue à Camp-Yoloff le 3 mai.
À Camp-Yoloff, certains ressentent un sentiment de soulagement depuis que les sept suspects ont été arrêtés. « Zot ti pe fer lapli ek le bo tan, fer dominer ar dimounn isi », avancent des habitants. Certains vont jusqu’à les qualifier de « nuisances ». Depuis le vendredi 3 mai 2024, des habitants expliquent que des individus à l’allure étrange ne cessent de faire des va-et-vient : « Bann figir pa res isi pe nek ale vini kot bann Bacsoo. »
Soupçonné d’avoir attaqué un présumé voleur avec des chiens
Dans une vidéo devenue virale partagée sur les réseaux sociaux en février, un voleur présumé, localisé à Camp Yoloff, avait été confronté à deux chiens. On peut l’entendre implorer ceci : « Bhai Issah laisse mo aller Bhai Issah laisse mo aller… »
On entend alors ce qui semble être la voix d’Issah Bacsoo dire au suspect : « Pe pitie twa la. To bat lisien kout ros. To fou to vinn la sa ler la ? » Il donne également des instructions aux chiens pour qu'ils attaquent le voleur présumé : « Tchou li, tchou li. »
Ce dernier lance ceci : « Mo pou aret kokin Bhai Issah. » Dans la vidéo, il finit par avouer avoir battu les chiens. « Dimoun la inn per reperkision. Samem zame linn rod port plint », confient des sources.
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