Malgré deux doses de vaccin, les Mauriciens ne seront pas à l’abri des variants de la COVID-19 qui sévissent à travers le monde. Inquiets, le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur des Services de santé et le Dr Sharmila Seetulsingh-Goorah, Associate Professor à l’université de Maurice, tirent la sonnette d’alarme. Ils étaient les invités de Nawaz Noorbux et de Jugdish Joypaul dans l’émission « Au cœur de l’info » sur Radio Plus le vendredi 13 août 2021.
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Ils se sont notamment appesantis sur la réouverture complète des frontières à partir du 1er octobre, date à laquelle les passagers venant de l’étranger n’auront pas à passer par l’étape de la quarantaine, contrairement à ce qui se fait en ce moment. « Les marchés touristiques de Maurice sont tous impactés par différents variants. Nous tablons sur des arrivées de 100 000 touristes sur un mois, soit quelque 3 000 passagers par jour », a-t-il fait ressortir.
Il concède que cela met le pays à risque car forcément les variants du virus s’inviteront chez nous. Il a notamment fait référence au Delta qui est beaucoup plus transmissible et qui fait pas mal de dégâts à l’étranger. Il s’est dit conscient que Maurice ne pourra pas y échapper.
Le Dr Vasantrao Gujadhur estime également qu’il sera compliqué d’amener les touristes à respecter les protocoles sanitaires et les gestes barrières. « Les autorités peinent déjà à faire appliquer les règlements aux Mauriciens. Pensez-vous qu’elles pourront le faire auprès des touristes ? » s’est-il interrogé.
Le Dr Sharmila Seetulsingh-Goorah est, pour sa part, d’avis qu’il est faux de croire que la vaccination de la population à elle seule parviendra à restreindre la propagation du variant Delta au sein de la communauté. « Si nous ouvrons les frontières sans passer par la quarantaine, pensant que la vaccination mettra le pays à l’abri du variant Delta, nous allons tout droit vers un suicide », a-t-elle soutenu.
L’Associate Professor à l’université de Maurice recommande une réouverture « graduelle », tout en suivant l’évolution de la situation et en prenant les précautions nécessaires. Elle a précisé que le pays ne doit pas s’attendre à obtenir les mêmes revenus à travers le tourisme que dans le passé. « Il faut qu’ils restent à l’hôtel, sans les mesures strictes de la quarantaine. Si nous restreignons leur présence à l’hôtel, nous serons davantage en mesure de mener l’exercice de Contact Tracing si le virus s’échappe dans la communauté », considère-t-elle.
Le « relâchement » constaté au sein de la population et la flambée des cas qui en résulte ont aussi été abordés par Le Dr Vasantrao Gujadhur. Il considère que les autorités ont lâché du lest trop tôt. « Durant la première phase de déconfinement le 31 mars dernier, le pays enregistrait toujours de nombreux cas. Les autorités ont décidé d’octroyer 600 000 Work Access Permits. J’avais recommandé un confinement national strict de deux semaines, mais elles ont poursuivi avec la réouverture partielle du pays », a-t-il déploré. Pour lui, cela a conduit à l’apparition de nombreux « clusters » et contaminations au travail et dans des établissements scolaires.
La Dr Sharmila Seetulsingh-Goorah estime, elle, qu’il faut bien comprendre les limites des vaccins. Il est important, selon elle, d’éduquer la population sur les degrés d’efficacité qu’offrent les vaccins. « C’est déterminé dans un cadre contrôlé. Or, dans la vie réelle, c’est différent car il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu, notamment l’attitude adoptée par la population. D’où l’importance d’une bonne éducation par les médecins mais aussi les autorités », a-t-elle conclu.
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