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Rentrée scolaire : la vente des uniformes recalée par la Covid-19

Mimose Lau et Didier Lau présentant une robe.
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Un premier trimestre qui débute au mois de juin. Des cours en ligne obligeant les élèves à rester chez eux. Des parents qui se retrouvent financièrement limités. Ce sont autant de raisons qui font que les uniformes d’école ne trouvent pas preneur et restent sur les étagères des magasins.

Qui dit grande rentrée scolaire, dit achat de nouveaux uniformes, de chaussures et de cartables. Mais ça, c’était avant le « new normal ». Désormais, les magasins spécialisés dans la vente des uniformes sont déserts. Du jamais-vu disent les propriétaires de commerces. 

Dans la capitale, les clients ne sont pas au rendez-vous en ce début de trimestre, que ce soit dans les magasins Jinchi, Petronic et Uniform Shop ou encore Wonders Wholesale and Retail Trade. Pourtant, il n’y a pas eu de majoration des prix des produits, bien que ceux des fournitures et du tissu aient pris l’ascenseur. 

Evangeline Numa, vendeuse chez Jinchi, confie que les clients se font non seulement rares, mais n’achètent qu’à compte-gouttes. « Normalement, au début de l’année scolaire, les parents achètent des uniformes pour les trois trimestres. Ils peuvent revenir quelques mois plus tard, si le vêtement n’est plus à la taille de l’enfant », explique-t-elle. Mais cette année, c’est le calme plat. « De plus, au lieu de prendre par exemple cinq chemisiers et deux robes ou deux pantalons, les parents ne prennent que deux chemisiers, une robe ou un pantalon… » 

Ce que confirme Grace Li, de Petronic. « Il n’y a pas de vente. Le public n’achète pas les uniformes ou les rares clients qui viennent ne prennent qu’un set. » La gérante de la boutique rappelle que la vente des uniformes se fait habituellement lorsque les parents ont reçu leur boni de fin d’année. Ils viennent au magasin à la fin du mois de décembre ou au début de janvier. « Avec la conjoncture actuelle, les parents vont attendre. Ils se disent “les enfants sont à la maison, pourquoi acheter des uniformes ?” »

Grace Li ajoute que le stock initialement prévu pour la rentrée de l’année dernière est encore sur les rayons. « Le magasin existe depuis 1967. C’est la première fois que nous voyons une chose pareille. Même si nous avons gardé les mêmes prix pour ne pénaliser aucun élève, les parents ne viennent pas… »

A la rue Remy Ollier, Port-Louis, nous rencontrons Mimose Lau, propriétaire de Uniform shop. Business qui a vu le jour il y a 35 ans. Au milieu des uniformes de pratiquement tous les établissements scolaires de la capitale et des environs, elle précise qu’elle comprend l’attitude des parents en ce moment. « Nous vivons une situation inédite. Les parents n’ont pas d’argent. Au lieu d’investir dans des uniformes, ils dépensent dans l’essentiel qui est d’acheter à manger. »

Selon la propriétaire, les parents attendent une communication formelle avant de se décider. Cependant, elle est consciente que cela ne dépend pas uniquement des autorités. « En ce moment, nous sommes retournés à l’époque de nos grands-parents. L’économie a été touchée et certaines personnes ne travaillent plus. Je crois sérieusement que nous ne réussirons à nous en sortir que lorsque nous réussirons à trouver un vaccin efficace. Un vaccin qui va vraiment tuer ce virus. »

Sacs d’école

sac ecole
Gorah Khodabocus devant son commerce.

Le business de la vente des uniformes n’est pas le seul à pâtir de cette situation. Car la vente des sacs d’école a aussi chuté. « Cela se passe très mal », lâche Gorah Khodabocus, de Wonders Wholesale and Retail Trade. Il explique que lorsque la grande rentrée se faisait au mois de janvier, les gens avaient de l’argent avec leur boni de fin d’année en poche ; maintenant tel n’est plus le cas. « La vente a chuté depuis le premier confinement. Les clients habituels sont rares, même si nous avons de nouveaux modèles de sac. »

Gorah Khodabocus fait ressortir qu’il a dû augmenter le prix de certains de ses produits à cause de la situation qui prévaut à l’échelle mondiale. « Tout a augmenté drastiquement. Le fret est devenu cinq fois plus cher qu’en 2019, avant la Covid. » 

Le commerçant fait également remarquer qu’avec le confinement dans certaines parties de la Chine, il n’y a pas de transaction. « J’ai actuellement un cargo en Chine qui est bloqué. Le paiement est déjà fait, mais rien ne bouge. Il faut donc attendre que la situation se décante pour que les produits puissent arriver. »

Sanjana, une mère de famille : «Pour le moment, c’est une perte d’argent»

Les parents sont hésitants pour les achats. Sanjana explique qu’elle ne va pas acheter d’uniforme pour le moment. « Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Les autorités ont dû renvoyer la rentrée à cause de la Covid. Mon fils est en Grade 8. Il est en pleine adolescence, c’est bête pour moi d’investir dans des uniformes maintenant. Je préfère attendre pour voir. S’il faudra acheter des uniformes, je le ferai au moment voulu. Pour le moment, c’est une perte d’argent, surtout qu’il est à la maison avec les cours en ligne. »

Ces parents fidèles au rendez-vous

Nous avons rencontré deux parents d’élèves à Jinchi. Mohammodally Khadawoo, dont la fille Zakirah est en Grade 2 à la Calebasse Government School, n’a pas dérogé à ses habitudes. « Chaque début d’année, je viens acheter ce que mes enfants auront besoin pour leur année scolaire. C’est ce que je suis venu faire. » Farozia Poordil, dont la fille Kuthum est en Grade 3 dans la même école, préfère, elle, acheter les uniformes déjà faits, citant la qualité du produit. 

 

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