Economie

Rapport de la Banque mondiale : moins d’emplois permanents pour les femmes et les jeunes

Rapport de la Banque mondiale

La Banque mondiale (BM) a rendu public, le mercredi 24 avril, au Caudan, son rapport intitulé « Mauritius : Earnings Mobility and Inequality of opportunity in the labour market. »

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Ce rapport explique les inégalités salariales résultant de la transition graduelle du pays d’une économie principalement agricole vers l’industrialisation et à une économie de service. « Cette évolution dans le temps est encourageante, mais le creusement des écarts de revenus entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés reste préoccupant », constate Marco Ranzani, économiste à la Banque mondiale et auteur principal de ce rapport.

Cette transition a de plus en plus besoin d’une main-d’œuvre qualifiée que le pays ne peut trouver aisément, malgré que la population soit de plus en plus instruite. Ce qui fait que les travailleurs qualifiés bénéficient des hausses de salaire plus élevées que les moins qualifiés.

Toutefois, si l’inégalité des revenus à Maurice est plus ou moins modérée comparée à certains pays du continent africain, force est de constater qu’elle s’est creusée davantage durant ces quinze dernières années. Selon ce rapport, le Gini Coefficient est passé de 0.36 à 0.42 point entre 2001 et 2015. Il reconnaît que le gouvernement fait un effort pour réduire l’inégalité des revenus.  Ces données sont toutefois basées avant l’introduction du salaire minimum en janvier 2018.

Ce rapport recommande que le pays prenne des mesures pour satisfaire ses besoins en main-d’œuvre qualifiée. Cela peut se faire à travers la formation et des programmes d’études au niveau des écoles.

La mobilité salariale

Le rapport de la Banque mondiale constate que les salaires des travailleurs qui ont débuté au bas de l’échelle augmentent plus vite que ceux qui ont commencé à des positions plus élevées. Cela s’explique par le fait qu’ils ont plus  grimpé l’échelle salariale, notamment à travers des exercices de promotion.

Les femmes et les jeunes

Le rapport note qu’en dépit des progrès réalisés, les femmes et les jeunes éprouvent des difficultés à trouver des emplois à plein temps. Il recommande que des mesures soient prises pour niveler les salaires et les perspectives d’emplois pour les groupes à la traîne. Il s’agit, entre autres, de poursuivre les politiques sociales favorables aux femmes. Il invite le secteur privé à accorder l’attention nécessaire au problème de discrimination salariale s’il veut attirer davantage de femmes qualifiées.

Cela se traduit notamment par l’introduction des facilités telles que des législations favorisant des heures de travail plus flexibles, afin que les employées puissent accorder davantage de temps aux enfants et aux personnes âgées.


Réactions

Désiré Guildhary : «Éliminer les discriminations»
Commentant le rapport de la Banque mondiale, le président de la Free Democratic Unions Federation, Désiré Guildhary, trouve qu’il est logique que les travailleurs qui débutent au bas de l’échelle ont plus de chance de gravir plus facilement les échelons à travers des promotions et ainsi améliorer leurs revenus. Toutefois, il souhaite que les entreprises leur offrent des conditions de travail plus attrayantes afin qu’ils puissent y faire carrière. Il souhaite aussi que des mesures soient prises pour éliminer les discriminations qui sont toujours tenaces dans le monde du travail.

Beejaye Coomar Appana: «Un rapport réaliste»
De son côté, le président du National Wage Consultative Council, Beejaye Coomar Appana, trouve que le rapport est réaliste. Il est satisfait qu’en dépit du fait qu’il existe une différence au niveau des revenus, les travailleurs ont la possibilité de gravir l’échelle salariale plus vite que ceux se trouvant à un niveau supérieur. Il trouve aussi que les autorités se sont toujours souciées de diminuer le fossé entre les bas salaires et ceux plus élevés. Il est aussi satisfait que l’introduction du salaire minimal ait aussi amélioré les conditions de vie des petits salariés.

Vishal Ragoobur : «Il faudrait appliquer les recommandations»
Pour Vishal Ragoobur, Senior Economist, ce rapport vient confirmer les « observations faites depuis des années ». « Ce rapport propose également plein de recommandations pour améliorer la situation. Il faudrait les appliquer », recommande l’économiste. Vishal Ragoobur fait ressortir, dans la même foulée, que plusieurs mesures ont déjà été mises en place. « Ce qui manque, c’est une évaluation de ces programmes. Ce qui nous permettrait de savoir s’il y a une marge de progression dans le concret », conclut-il.

Me Dev Ramano : «Le salaire minimum n’a pas résolu le problème»
L’avocat Dev Ramano est catégorique. « Les conclusions de ce rapport découle de la politique néolibérale néfaste et des restructurations en termes de nouvelles lois apportées depuis des décennies, soit à partir des années 80, mais également en 2006 avec la politique de hire and fire où les droits des travailleurs ont été arrachés », martèle-t-il. À titre d’exemple, avance-t-il, le Termination of Contract Service Board a été effacé de la Labour Act. « Or, ce board permettait de réunir toutes les partis concernées lorsque le ministre recevait une notification de licenciement sur une base économique pour déterminer si la restructuration et le licenciement étaient justifiés. Il permettait aussi aux employés de bénéficier d’une compensation de trois mois par année de service en cas de licenciement. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui », souligne-t-il.

L’avocat déplore aussi « la transformation de la structure de l’emploi qui prône une politique de polyvalence, accentuant ainsi le problème des travailleurs non qualifiés ». Et de conclure : « C’est aussi un fait que les postes et les emplois hiérarchiquement hauts sont bien payés et ceux au bas de l’échelle le sont moins. Le salaire minimum n’a pas résolu le problème ».

 

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