Depuis des décennies, les gouvernements successifs tripotent notre système éducatif, sans jamais en changer l’essentiel. En 2015, et malgré une petite dizaine de réformes annoncées, l’école reste plutôt exclusive, alors qu’elle aurait dû être tout le contraire.
Certes, et c’est un énorme acquis, Maurice peut se vanter d’être l’un des très rares pays, peut-être même le seul, à offrir le transport gratuit à l’ensemble de ses écoliers, collégiens et étudiants du tertiaire, et même des uniformes et cartables pour ceux au bas de l’échelle. Sans oublier les repas chauds dans les écoles ZEP (zones d’éducation prioritaire) dans un avenir proche. À Maurice, la scolarité est réellement gratuite… du moins au primaire et au secondaire.
La seule tache au tableau reste les leçons particulières ou plutôt, les leçons privées. Quand on regroupe 30 ou 40 enfants dans un garage, elles n’ont plus rien de particulier. Enfantées par un système ultra compétitif, elles sont considérées par un certain nombre de profs comme un acquis. Un acquis qui paralyse le système.
En grande partie inspiré par un système éducatif qui a été très largement effacé en Grande-Bretagne, le nôtre est aujourd’hui complètement dépassé et déphasé.
Après bien des années de blocages, de pseudo-réformes et de révisions avortées dans l’œuf, l’opinion publique est prête à accepter l’idée d’une grande réorientation. La ministre de l’Éducation Leela Devi Dookun-Luchoomun est venue avec une réforme intéressante, tout comme ses prédécesseurs. Pourtant, c’est bien d’une révolution éducative dont nous avons besoin. Sur 100 enfants qui entrent au pré-primaire, plus de 40 % ne parviennent toujours pas jusqu’au Higher School Certificate.
Les pays qui font le mieux sur le plan éducatif sont ceux qui réussissent à atténuer les inégalités sociales. En général, ils envoient leurs meilleurs enseignants dans les établissements les plus difficiles, accompagnés des responsables d’écoles les plus innovants et dynamiques.
Autre leçon irréfutable : des effectifs réduits dans les classes améliorent le niveau. Un suivi plus personnalisé aura forcément de meilleurs résultats que l’enseignement de masse.
Quand on parcourt PISA 2012, la dernière étude faite par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), et considérée comme une référence en la matière, on fait des constats pour le moins instructifs.
Ceux qui ont les meilleurs systèmes éducatifs (Shanghai, Singapour, Japon, Finlande ou encore Australie) concilient qualité d’enseignement et équité. Une certaine forme de compétition y existe, certes, mais elle n’est pas exclusive. L’élève qui assimile moins vite n’est pas poussé hors du système. Tous les moyens sont mis en place « to take him/her on board ». L’élève brillant a, pour sa part, l’opportunité de donner le meilleur de lui-même. C’est en somme tout ce qu’on attend de l’éducation mauricienne.
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