Qui a dit que maquiller était l’apanage des femmes ? Ces dernières années, il y a eu l’essor des ‘make-up artists’ locaux. Si une génération de ces artistes a déjà fait ses preuves, des jeunes hommes emboîtent volontiers le pas aujourd'hui. Rencontre avec quelques-uns qui ne vivent que pour sublimer la beauté des autres…
Ils ont déjà fait leurs preuves dans l’univers de la mode. Ils se sont fait un nom. Ils ont surtout réussi à bousculer les mœurs et briser les tabous. Stéphan Moutou, Hans Telvave, Hans Dax ou encore Cédric Lanappe sont autant de maquilleurs qui brillent dans le métier. Si certains travaillaient autrefois dans l’ombre, les jeunes maquilleurs s'affirment aujourd'hui et revendiquent leur créativité, encouragés par leurs aînés.
Pour Stéphan Moutou, pionnier dans le domaine et qui compte près de 25 ans de carrière, il était temps que cette évolution vienne. « À Maurice, nous avons tendance à associer un maquilleur à son orientation sexuelle et auparavant, bon nombre de gens ne savaient pas faire la différence entre un maquilleur et un coiffeur. » Selon le styliste en maquillage, les choses ont changé. « À l’époque, tout se résumait à quatre maquilleurs et il y avait des défilés tous les week-ends et des mariages, dit-il. Je n’étais pas obnubilé par les préjugés, je me laissais porter par ma fougue créative mais il ne suffit pas d’avoir la prétention d’être créatif, il faut garder les pieds sur terre et ne pas se prendre pour le nombril du monde. Un maquilleur doit savoir rester dans l’ombre car c’est l’œuvre qui prime. »
Du haut de ses 19 ans, Ashish Rughoobur est la preuve vivante que tout est possible lorsqu’on s’en donne les moyens. Son nom circule depuis peu sur la Toile. Ce maquilleur, qui travaille chez MAC Cosmetics depuis décembre, trace son petit bonhomme de chemin. « Pour être maquilleur, il faut d’abord aimer l’art », lance-t-il.
Adolescent, Ashish est un passionné d’art et c’est tout naturellement qu’il se tourne vers le maquillage. « J’aimais le fait de pouvoir manier un pinceau et sublimer les femmes ».
À 13 ans, il s’inspire des vidéos YouTube et maquille sa grande sœur. « Il m’arrivait parfois d’essayer des ‘make-up’ sur moi-même. » Bien décidé à exploiter son talent et du haut de ses 15 ans, Ashish créé sa page Facebook. Il se fait très vite connaître sur la Toile et dans son quartier à Flacq où il est sollicité par les habitants pour des événements.
Live make-up
Ashish se fait surtout remarquer lors d’un ‘live make-up’ de Cédric Lanappe. Ce dernier lui propose de suite un job chez MAC. « J’ai pris conscience que mon métier pourrait m’ouvrir des portes. » Depuis, Ashish participe à des photoshoots et collabore avec Cédric Lanappe lors de ses fashion shows.
C’est après moult hésitations que Taahir Shaa, 21 ans se jette à l’eau. « J'avais peur du qu’en dira-t-on… » Fils unique et dès son plus jeune âge, il maquille et coiffe ses sœurs. « On voyait bien que j’avais du talent, mais le regard des gens me freinait dans la poursuite de ma passion. » Ce n’est que quatre ans après et encouragé par ses proches que Tahir décide de prendre des cours en maquillage.
En 2016, il suit des cours en ligne afin de se professionnaliser. « J’ai pu me perfectionner et mettre en pratique ce que j’aimais. » Aujourd’hui, le jeune homme travaille à temps partiel comme make-up artist tout en se spécialisant dans le maquillage des mariées. « Je les coiffe, je les maquille et je les pare de leur horni. »
Dorénavant, Taahir ne se soucie plus du regard des gens. « J’entends souvent ‘enn garson ki pe makiy li ?’, confie-t-il. J’ai maquillé près d’une cinquantaine de mariées jusqu’ici et des mannequins pour des défilés et des photoshoots. » Bien qu’il ne puisse pas encore vivre de ce métier, il souhaite à long terme en faire son gagne-pain et réaliser un make-up show en solo.
Comme Taahir, d’autres ont fait le grand saut. Notamment El Mehsen Khan, 26 ans, aussi connu comme El Mehsen. Ce maquilleur, qui travaille également pour MAC à temps plein, découvre le maquillage très tôt. « Tout s’est fait naturellement. J’observais souvent ma maman et je la prenais comme cobaye. Au début, je voulais devenir styliste mais l’envie de me mettre au maquillage a pris le dessus. »
El Mehsen subit aussi le regard des gens mais il parvient à dépasser les préjugés au fil des années. À 16 ans, il fait ses preuves et il est sollicité pour des maquillages de mariage. « Je me déplaçais à domicile pour faire des make-ups pour les événements ».
Après le collège, il s’inscrit pour des cours de maquillage. « Les maquilleurs qui étaient là avant ont permis une ouverture d’esprit et aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir être encadrés et acceptés. »
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