Actualités

Promesses d’emploi à l’étranger : quand les recruteurs illégaux sévissent

Les jeunes diplômés, sans emploi, ne savent plus à quelle porte frapper. Les jeunes diplômés, sans emploi, ne savent plus à quelle porte frapper.

Les promesses d’emploi en terre étrangère sont souvent des leurres. Si certains arrivent effectivement à trouver un emploi, d’autres tombent dans les filets des agents recruteurs sans scrupule. Ces derniers sont surveillés par le ministère du Travail.

Publicité

Les fausses promesses d’emploi sont légion. Le cas le plus récent rapporté à la police remonte à mardi. Beelall, jeune homme de 27 ans habitant la capitale, a déposé une plainte au Central Criminal Investigation Department, en présence de son homme de loi, contre un homme d’affaires. Ce dernier, qui habite aussi la capitale, aurait promis un visa d’entrée à Beelall et à son épouse au Canada en juin 2016. Il aurait réclamé pour cela une somme de Rs 500 000. Selon Beelall, le paiement a été effectué en plusieurs tranches.

Il y a eu d’abord un versement de Rs 250 000 en deux fois, puis un paiement de Rs 150 000 par chèque et un autre transfert bancaire de Rs 100 000. Après six semaines d’attente, Beelall apprend, par le truchement du recruteur, que sa demande a été rejetée par l’ambassade du Canada, située en Afrique du Sud. Il apprend également qu’un chèque représentant un montant de Rs 250 000 était tiré au nom d’une autre compagnie qui avait déjà fermé ses portes.

« Je n’ai pas de mots pour exprimer mes sentiments. J’ai dépensé toutes mes économies, vendu mon commerce, entre autres, dans l’espoir de m’offrir des jours heureux à l’étranger », confie Beelall.

« Beau parleur »

Comme Beelall, d’autres voulant aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, se sont fait berner par de faux agents recruteurs qui leur avaient promis monts et merveilles.

Mike, un père de famille qui est domicilié dans le Sud du pays, sort de son mutisme. Il raconte qu’un recruteur local lui a « soutiré une somme de Rs 5 000 » pour entamer les procédures de visa d’entrée de son fils. Les faits remontent à une année. Le fils en question, qui vient de terminer sa maîtrise en « Sales and Marketing », à l’Université de Maurice, voulait, à tout prix, travailler à l’étranger. Il avait un penchant pour l’Australie ou le Canada. Au cours de la même  année, relate le père, ils ont fait la connaissance du recruteur.

« Beau parleur, le recruteur nous a assurés qu’il allait entamer les démarches pour que mon fils pose ses valises dans l’un des deux pays. Il a réclamé une forte somme d’argent que je n’étais pas en mesure de fournir. Je lui ai donné Rs 5 000 en promettant que la somme restante suivrait. Mais après quelques jours, il s’est évaporé dans la nature. Il ne prenait même pas mes appels. Ce n’est que récemment qu’il m’a contacté, disant que les procédures prennent du temps et que je ne devais pas me soucier. Mais nos espoirs se sont déjà volatilisés », se désole le père de famille.

Le ministère du Travail enquête

Contactée, une source du ministère du Travail a déclaré qu’une « enquête interne a été initiée en vue de faire la lumière sur les agences de recrutement et  recruteurs qui ne sont pas attitrés ». Selon cet officier, la majorité des promesses non tenues ont trait aux emplois à l’étranger. « L’enquête avance dans le bon sens. Au ministère du Travail, nous surveillons les activités de ces agences de recrutement. Si le besoin se fait sentir, nous ne renouvellerons pas leurs permis d’opération. Nous sommes déjà sur la piste de nombreuses agences et recruteurs illégaux basés dans le pays », a-t-il fait ressortir.

Sollicité à maintes reprises au téléphone par Le Défi Plus, le ministre du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi, Soodesh Callichurn, est par contre demeuré injoignable.

Quant à la cellule de presse de la police, elle n’était pas en mesure de fournir le nombre exact de plaintes enregistrées depuis le début de l’année en ce qui concerne les promesses d’emploi. Mais l’inspecteur Shiva Coothen, responsable de communication de cette cellule, invite les victimes à « dénoncer » tout cas de promesses d’emploi « louches » à la police. Il lance aussi un appel à ceux intéressés à tenter l’aventure ailleurs à procéder à la vérification des agences de recrutement auprès des autorités compétentes, notamment l’Office du tourisme et le ministère des Affaires étrangères. La plupart des agents recruteurs non attitrés, selon l’inspecteur Shiva Coothen,  sont ceux qui « font des promesses d’emplois à l’étranger ».

« La majorité des agents recruteurs qui commettent des escroqueries sont soit fichés, soit activement recherchés, par la police. Ils promettent des emplois sur le sol étranger et prennent une forte somme d’argent en guise d’à-valoir en vue d’entamer des démarches. Mais les victimes doivent aussi prendre les devants en dénonçant ces escrocs. Elles ne doivent pas faire confiance à des inconnus », a-t-il déclaré.

42 agences de recrutement 

Quarante-deux agences de recrutement sont opérationnelles à travers le pays. Elles sont situées, entre autres, à Port-Louis, Belle-Vue Maurel, Flacq, Moka, Quatre-Bornes, Ebène et Beau-Bassin. Depuis 2003, vingt agences ne sont plus autorisées à offrir leurs services,  leur permis n’ayant pas été renouvelé par le ministère du Travail, des Relations industrielles et de l’Emploi. Neuf de ces agences étaient autorisées à offrir trois prestations spécifiques : le recrutement des locaux pour un poste à Maurice, le recrutement des Mauriciens pour travailler à l’étranger et le recrutement d’étrangers pour travailler à Maurice. Leur permis d’opération a expiré entre septembre et décembre 2015.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !