Interview

Prof Ved Prakash Torul : «On ne peut parler de travail décent sans dialogue social»

Il faut instaurer des comités d’entreprise pour promouvoir le dialogue social et le travail décent sur les lieux de travail. C’est ce que suggère le Professeur Ved Prakash Torul, ancien président de la Commission de Conciliation et de Médiation (CCM) et chargé de cours à l’Université d’Aberyswyth, Quartier-Militaire.

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Quelle est votre interprétation du travail décent, dont la Journée Mondiale a été célébrée il y a quelques jours ?
C’est donner la possibilité à chaque personne d’accéder à un travail productif et à être convenablement rémunérée. Cela dans des conditions de liberté, de sécurité, de dignité et avec la possibilité de participer dans des prises de décision pour le progrès de la compagnie.

À entendre les syndicats, on est encore loin du travail décent à Maurice ?
Il ne faut pas occulter le fait que les relations entre employeurs et employés ne sont pas toujours faciles. Sinon, le gouvernement n’aurait pas introduit des législations et mis sur pied des institutions pour créer un juste milieu entre les deux parties. Mais comme dans toute relation humaine, on peut résoudre les conflits à travers le dialogue. Ce qui explique que l’Employment Relations Act privilégie le dialogue social. Toutefois, les deux parties doivent avoir la volonté de s’engager dans un dialogue franc, sincère et en toute transparence pour résoudre les conflits industriels. On ne peut parler de travail décent sans dialogue social.

Mais est-ce toujours facile ?
J’insiste… À travers le dialogue social, on peut résoudre les conflits. Cela dépasse le cadre de la loi, car c’est inhérent à la nature humaine. Pour assurer une relation saine et harmonieuse, on peut établir une ligne de communication entre le patronat et les employés à travers le comité d’entreprise. Je connais plusieurs entreprises qui ont su maintenir des relations industrielles saines et harmonieuses à travers les comités d’entreprise. Les représentants des employeurs et employés peuvent se rencontrer, chaque semaine ou sur une base mensuelle dans le respect mutuel et en toute transparence, pour prendre des décisions dans le consensus. Cela va créer un sens d’appartenance au sein de l’entreprise tant du côté des employeurs et des employés. Là où il y a le dialogue social et en l’absence de toute discrimination, les employés sont satisfaits, car ils sont jugés selon leur mérite.

Mais les syndicats ne sont pas d’accord avec la mise en place de comités d’entreprise. Ils craignent qu’à travers leur introduction, le patronat cherche à éliminer la présence des syndicats…
Il n’y a rien de mal à ce que les représentants du patronat et des employés se rencontrent régulièrement pour discuter des sujets touchant le fonctionnement de l’entreprise. Ils peuvent discuter des moyens d’augmenter la productivité et de rendre la compagnie plus efficiente; Et les salariés en bénéficieront par la suite. Si les syndicats sont contre les comités d’entreprise, c’est parce qu’ils craignent une minimisation de leur rôle au sein de l’entreprise.

Le comité d’entreprise ne doit, en aucun cas, représenter un danger pour les syndicats. Comme c’est un forum de discussions pour voir comment améliorer l’efficience de la compagnie, tout en améliorant les conditions de travail des employés, il serait idéal d’avoir une représentation syndicale. Je ne parle pas de tous les membres du syndicat ni d’un négociateur, mais d’un membre du syndicat faisant partie de la compagnie. éventuellement, on peut faire appel à un négociateur en cas de conflit syndical.

 

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