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Portrait - Ananth Chuttoo : de la magie dans les doigts

Il y a une transmission musicale très forte dans la famille d’Ananth Chuttoo. Il y a une transmission musicale très forte dans la famille d’Ananth Chuttoo.

Il a longtemps repoussé l’idée d’un CD. Estimant qu’il n’était pas prêt ou par manque de confiance. Mais avant de partir à la retraite, Ananth Chuttoo, professeur de tabla au MGI, est entré en studio pour enregistrer « Glimpses of Ajrara Gharana », une compilation instrumentale.

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Ananth Chuttoo avoue : « C’était une dure décision, car il s’agissait de reprendre des morceaux traditionnels indiens qui sont passés de génération en génération sans qu’on leur attribue un auteur particulier. C’était un pari audacieux et il fallait éviter toute déviation de la tradition. » À l’écoute du CD et même d’une oreille profane, on se rend compte que le tabliste du MGI, celui qui est de tous les concerts de l’institut de Moka, a su rendre justice à la tradition complexe de l’‘ajrara gharana’. Certes, nuance-t-il, il lui a fallu rechercher la férule et l’expertise d’Indurduth Deerpaul, une référence en musique hindustani au MGI. Toutefois, la prestation d’Ananth Chuttoo a très peu à voir avec son travail à Moka.

« L’‘ajrara gharana’ exige une maîtrise technique absolue et une véritable concentration. Il ne s’agit pas d’une musique comprise par la grande masse qui peut la trouver rébarbative en raison précisément de son très haut niveau technique. En fait, nous sommes en présence d’une musique savante comme il en existe dans toutes les cultures », explique le musicien, qui a été initié à la musique indienne par le biais du ‘gamaat’ avant de se spécialiser dans les percussions à l’exception du ‘mrindangam’.

Il faut dire que dans la famille Chuttoo, quatre membres sont directement liés au MGI, dont les frères d’Ananth, Chandra Kumar et Aryadev, respectivement tabliste et violoniste, ainsi que son épouse, Aruna, danseuse de ‘bharat natyam’. « Dans la famille, il y a eu une transmission musicale très forte, qui a commencé avec mon père, Ramduth, qui était chanteur de ‘gamaat’ », fait-il ressortir. S’il est souvent dans le registre de la musique classique populaire, Ananth Chuttoo ne crache pas sur la chanson contemporaine bollywoodienne. « Parce que les musiciens indiens ont toujours une sensibilité orientale, même lorsqu’ils s’aventurent dans le registre occidental », ajoute-t-il.

Cependant, lorsqu’il en vient à la musique classique indienne et au ‘bharat natyam’, il explique que la dimension sacrée est toujours omniprésente. « Tous les sons sont étroitement associés aux prières qui, elles-mêmes, sont d’inspiration védique. Les danses, offertes aux dieux et aux déesses, se pratiquaient sur les esplanades des temples. Ainsi, les musiciens, chanteurs, danseurs et danseuses sont dans une prégnance spirituelle totale. On ne le fait plus aujourd’hui, mais avant chaque prestation de musique classique indienne, les chanteurs et musiciens font une prière afin qu’ils soient à la hauteur de leurs prestations. »

L’initiation à la musique indienne est-elle toujours recherchée par les jeunes d’aujourd’hui, comparée aux années 70-80 ? « Absolument, répond Ananth Chuttoo, et il existe un retour à la musique classique, mais ce sont des profs qui manquent dans certaines disciplines, car la formation a été insuffisante. Il y a pas mal de jeunes qui souhaitent apprendre à jouer aux tablas et il faut absolument répondre à cette attente », fait observer Ananth Chuttoo. Est-ce qu’il envisage un deuxième album ? « Dans l’immédiat, je ne sais pas, mais ce serait intéressant d’impliquer les membres de ma famille en cas d’un deuxième projet. »

 

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