C’est la figure de proue d’un engagement qui est devenu un combat. Celui de sauver les chiens et les chats en détresse. Abeenesh Mottay, 28 ans, porte-parole de l’ONG La Meute de Zion, créée en 2015, incarne une vision du monde qui prend en compte tous les êtres qui l’habitent et illustrent sa diversité.
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Durant ces derniers jours marqués par le passage du cyclone Berguitta, Abeenesh Mottay était préoccupé pour la sécurité de ses parents et amis, mais son attention était sans aucun doute plus centrée en direction de Bassin, au pied de la montagne de Trois-Mamelles. Là où se trouve l’abri des chiens de l’ONG, La Meute de Zion. « Malgré leur désarroi et leur détresse, les humains peuvent encore se débrouiller, mais les animaux, non », fait-il observer.
Il faut être animé d’un amour de chiens pour se rendre cet abri eloigné de tout et n'ayant qu'un panneau solaire pour l'alimentation électrique. « Tous les jours, Alvin Sohun, un des quatre membres de l’ONG et moi, nous partons nourrir les chiens avec sept kilos de croquettes et il en faut 210 chaque mois. Il nous fqut des lampes de poche. Les chiens nous reconnaissent, mais pas les étrangers », confie Abeenesh. L’ONG compte sept membres à part entière et 20 volontaires sans oublier Ravishen Ramen et Yanish Thacoor qui sont deux autres anciens d’une ancienne ONG qui, comme Abeenesh et Alvin, ont monté La Meute de Zion. « Au départ, nous ne souhaitions pas former une association, mais on s’est vite rendu compte qu’il fallait un abri pour les chiens qu’on ramassait », indique-t-il.
Contributions spontanées
L’abri appartient à l’un des membres et s’étend sur un demi-arpent, sans clôture, qu’il a fallu défricher à grand renfort de pelleteuse. « Chaque membre y est allé de ses économies spontanément afin d’emménager un endroit vivable pour les chiens », fait ressortir Abeenesh.
Leur présence à l’abri est organisée en fonction de leur disponibilité en tenant compte du fait que certains sont totalement pris par le travail durant la semaine. Tous les frais, dont le principal est l’achat des croquettes, sont encourus par les membres, la moyenne étant de Rs 1 000 par mois par chacun. Depuis trois mois, un des membres a fini par s’installer dans l’abri afin de pourvoir aux besoins quotidiens des chiens et surtout pour leur provision en eau.
L’abri compte trois parcs avec une capacité d’accueil de 24 chiens mais en ce moment, seulement 11 sont en hébergement.
Lâchés dans un endroit totalement désert, certains font office de véritables gardiens et les seuls humains qu’ils reconnaissent sont les quatre membres de l’association. Dans la meute, il y a toujours un costaud, de grande taille, qu’on désigne comme l’alpha et qui impose sa domination. C’est sa présence qui permet d’accommoder une meute hétéroclite composée de chiens recueillis, chiots et femelles déjà stérilisées.
La psychologie des chiens
Si les membres de l’ONG ont su se familiariser à la psychologie des chiens, c’est grâce à Cesar Millan, un Américain d’origine mexicaine, auteur de trois best-sellers sur les chiens, producteur d’une série pour la télévision intitulée The Dog Whisperer et d’une ligne de produits alimentaires pour les chiens. « Grâce à lui, explique Abeenesh, nous avons appris comment approcher un chien et particulièrement s’il est blessé. »
À l’abri, si aucun chien n’est vendu, la seule condition requise de l’acquéreur, c’est d’offrir des garanties de bon traitement à l’animal. Avant de donner un chiot, il faut remplir un formulaire avec l’adresse et les numéros de téléphone du bénéficiaire et accepter les visites d’un membre de l’association. « En majorité, les Mauriciens préfèrent les chiots mâles mais lorsqu’il y en a un qui est convoité, on essaye de l’offrir en compagnie d’une femelle. Toutes les couches de la population, des plus modestes aux ‘super riches’, viennent ici parce que les Mauriciens aiment les chiens. » Les conseils sont toujours les mêmes : une alimentation équilibrée, de l’espace pour qu’ils puissent courir et empêcher que les petits ne leur grimpent dessus.
Consolider l’abri
Comment ces chiens atterrissent-ils à l’abri ? « Le plus souvent, nous les trouvons perdus dans les rues, et parfois les gens nous appellent pour nous informer sur un chien abandonné, malade ou accidenté. Un jour, on nous a rapporté le cas d’une personne à Flacq dont le chiot était enchaîné alors qu’il pleuvait et qu’il hurlait. On est parti la voir, on lui a parlé gentiment et elle nous a donné le chiot », explique Abeenesh.
Lorsqu’on lui demande s’il est prêt à recourir à la méthode extrême pour sauver les animaux, Abeenesh préfère s’en tirer avec un sourire énigmatique et évoquer les projets pour consolider l’abri, dont une connexion avec l’eau et l’électricité. À la fin de l’entretien, il lâche, un brin philosophique : « Une société digne de ce nom, c’est une société qui s’occupe de ses habitants les plus vulnérables, mais aussi des animaux. »
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