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Phénomènes paranormaux : rencontre avec les chasseurs de fantômes

Depuis toujours, les histoires surnaturelles ont fasciné les hommes. Certains n’y croient pas, alors que d’autres prennent ce sujet très au sérieux. Rencontre avec des personnes qui disent avoir vécu des expériences paranormales et avec des religieux.

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Certaines personnes  ne croient pas à l’existence des revenants. Ce n’est pas le cas de Dominique et de Swalley. Témoignages.

Nous sommes en 1972. La petite Dominique, 7 ans, habite avec ses parents dans une ancienne maison coloniale à Saint-Paul. Perdue au fond d’une allée, la maison appartenait jadis à d’anciens propriétaires de nègres qui ont, dit-on, enterré des esclaves dans leur cour.

Et ce serait justement ces derniers qui viendraient jouer les trouble-fêtes une fois la nuit tombée. « Enfant, j’entendais régulièrement quelqu’un me murmurer à l’oreille le mot cerise. Je ne comprenais pas d’où cela pouvait venir. À la longue, c’était devenu une habitude chaque soir et je ne l’ai jamais dit à personne. »

Une présence au bord du lit

Ce n’est que bien après que Dominique finira par compléter le puzzle. « Par peur de nous effrayer, mes parents ne nous ont jamais parlé des phénomènes qu’ils avaient également vécu. En effet, des années après avoir déménagé, mes parents m’ont avoué qu’un soir, ils ont senti la présence d’une personne sur le rebord de leur lit. Ils ont même senti que quelqu’un était assis sur le matelas. Se réveillant en sursaut, mon père et ma mère ont aperçu un esclave dans leur chambre. Cependant, quand ils ont allumé, le spectre s’est volatilisé. »

De plus, chaque soir, un autre phénomène avait lieu : « On entendait régulièrement la radio se mettre à jouer tard dans la soirée. C’était très flippant. »

«Les mauvais esprits affectionnent les lieux sombres et pas fréquentés par les humains»

Cependant, il y a pire, selon Dominique. « Cette maison disposait également d’un grenier cadenassé de l’extérieur. Et chaque soir, systématiquement, ce grenier s’ouvrait alors que chaque matin, mon père le refermait. »

Bien des années plus tard, Dominique fait une autre expérience qui viendra confirmer ses croyances dans les phénomènes paranormaux. « Mon père était très malade. En l’emmenant à la clinique avec deux proches, j’ai vu une dame toute de blanc vêtue en train de courir. Elle avait les mains sur la bouche et semblait être affolée. En la voyant, j’ai demandé à mes proches ce qui avait bien pu lui arriver. Ces derniers m’ont avoué qu’ils n’avaient absolument rien vu. Deux jours plus tard, mon père est décédé et je me suis dit que c’était peut-être la mort qui était venue m’avertir qu’elle allait bientôt arracher la vie à mon père », raconte-t-elle.

Swalley a 67 ans. Plus jeune, il a aussi vécu dans une maison hantée sans le savoir. « Mon épouse et moi avons un jour aménagé dans une maison en apparence normale. Sauf que quelque temps après, nous avons commencé à vivre des choses très louches. »

En effet, il était difficile à notre interlocuteur d’être dans cette maison sans avoir la chair de poule. « J’ai vite compris qu’il y avait une présence dans la maison », dit-il.

Et les intuitions de Swalley ne vont pas le tromper. « Peu de temps après, en se rendant aux toilettes vers minuit, mon épouse a vu une ombre traverser la pièce. Elle est donc venue m’en parler et j’ai décidé de prendre les choses en main », relate-t-il.

En effet, comme il avait effectué plusieurs visites en Inde, il avait appris une prière pour chasser les mauvais esprits. « En Inde, j’ai côtoyé les disciples de Khwaja Garib Nawaz, l’un des descendants du prophète Mohammad. C’est d’eux que j’ai appris une prière pour faire fuir les mauvais esprits. »

Par ailleurs, selon Swalley, les entités choisissent les endroits où ils vont élire domicile. « Les mauvais esprits affectionnent les lieux sombres et pas fréquentés par les humains. C’est d’ailleurs pour cette raison que les maisons abandonnées, à tort ou à raison, ont la réputation d’être hantées. »

Les mauvais esprits seraient aussi très sélectifs, quand il s’agit de prendre possession d’une personne. « Les esprits malins vont toujours s’en prendre à des personnes vulnérables. C’est-à-dire ceux qui sont touchés par des maladies ou qui ont beaucoup de problèmes. Les esprits s’attaquent toujours aux plus faibles. Mais quoi qu’il en soit, il existe toujours un moyen de les faire fuir avec la prière. »

Mauritius Paranormal Investigators : les chasseurs de fantômes

Le Bishop Kevin Permal indique que beaucoup de Mauriciens sollicitent l’aide de Light Ministries International.

Mauritius Paranormal Investigators (MPI) est une équipe qui existe depuis six ans. L’objectif est de confirmer la présence des esprits qui habitent les maisons dites hantées.

Vishal J., 24 ans, est le cofondateur de l’équipe, qui regroupe une dizaine de membres actifs sur le terrain. Ceux-ci visitent des maisons à la demande des propriétaires qui suspectent la présence de spectres chez eux. « Les gens nous demandent régulièrement d’intervenir sur notre page Facebook. Nous effectuons ainsi plusieurs sorties par mois pour mener nos enquêtes », indique-t-il.

Et pour mener à bien ses investigations, l’équipe n’a pas hésité à mettre la main à la poche : « Nous avons acheté des équipements d’une valeur de Rs 75 000. Nous disposons ainsi d’un dictaphone qui nous permet d’enregistrer des bruits à très basse fréquence. Nous sommes également équipés d’un appareil pour mesurer le flou de l’électricité statique, d'une caméra à infrarouge et d’une caméra thermique pour traquer les fantômes. De plus, chaque sortie nocturne est une prise de risque. Nous ne savons jamais sur quoi nous pouvons tomber. Dans certains cas, cela peut tourner au vinaigre, si l’esprit en question se montre très violent, au lieu de communiquer avec nous. »

Ainsi, ce n’est pas un mythe, les esprits communiquent bel et bien. « Une fois que nous avons confirmé la présence d’un fantôme, nous essayons de communiquer avec lui pour connaître la raison de sa présence dans le lieu. S’ils répondent parfois, souvent ils se contentent de grogner. Nos enregistrements peuvent d’ailleurs le prouver.»

Une force divine

«Nous ne savons jamais sur quoi nous pouvons tomber. Dans certains cas, cela peut tourner au vinaigre, si l’esprit en question se montre très violent...»

Et en pareilles circonstances, il est important d’avoir la foi. « On ne peut pas s’aventurer dans une pareille entreprise si on n’a pas la foi en Dieu. Parce que si les choses se passent mal, il nous faut nous en remettre à une force divine. Au cas contraire, soit on prend ses jambes à son cou, soit on perd la tête carrément. »

Cependant, une protection supplémentaire n’est jamais de trop. « Il est impossible d’affronter les esprits sans une protection supplémentaire. Lors d’une descente des lieux, nous sommes également accompagnés par un religieux, juste pour parer à toute éventualité. Ce dernier nous protège ainsi avec de l’eau bénite et d’autres amulettes. »

Et si MPI ne cesse d’être sollicité, c’est bien parce que leurs services sont gratuits. « Nous n’acceptons pas d’argent pour nos services. Nous ne faisons même pas payer pour les frais de déplacement. Nous offrons ce service pour aider les personnes vivant une situation difficile. Nous ne sommes pas là pour nous faire de l’argent sur l’angoisse des Mauriciens », explique Vishal J.

« Le Seigneur nous a donné l’autorité pour vaincre nos ennemis. Il nous fait comprendre que nous avons le pouvoir de chasser les mauvais esprits. Si le bien existe, le mal est bien présent dans notre univers. Dans le christianisme, Lucifer, le diable, convoitait le trône de Dieu. Il a été puni et envoyé sur Terre. Cela explique probablement la présence des mauvais esprits parmi nous. En général, ils prennent d’assaut les lieux abandonnés ou négligés », soutient Kevin Permal, Bishop de la congrégation Light Ministries International Mauritius.

Il confie que de nombreux Mauriciens l’approchent pour chasser les esprits maléfiques de leur maison. Kevin Permal va d’abord rassurer cette personne qui vit dans la terreur. « Il faut croire en l’autorité divine pour arriver à vaincre le mal. Nous devons être fort spirituellement pour surmonter ces obstacles », ajoute notre interlocuteur.

Ensuite, l’évêque Permal procède à une visite des lieux pour mieux comprendre la situation. Puis, une équipe d’anciens est constituée pour une séance de prière dans la maison. Elle récite les versets bibliques avant de pratiquer l’onction d’huile.

« Nous pouvons dès fois entendre ces esprits qui sèment le chaos. Face à la puissance de la prière, ils peuvent partir en quinze minutes. D’autres se veulent plus tenaces et plusieurs séances de prières sont nécessaires », dit-il.

Les histoires à Maurice...

Lallmatie et toutes ses histoires

Ce village est souvent au centre des histoires les plus bizarres. Lallmatie compte, en effet, plusieurs histoires de fantômes, de “touni minwi” et de “loup-garou”. Mais l’histoire la plus marquante reste la “calèche de Lallmatie”. Et là aussi, chacun y va de sa version. Certains disent avoir vu deux vieilles femmes drapées de sari blanc montant des chevaux blancs. Cela se passe à minuit, aux alentours du cimetière de la localité.

Le fantôme de Balaclava

On est en 2003. Un jeune homme venu de Chine est en vacances à Maurice. Il se promène le soir à Balaclava et décide de se prendre en photo. Sauf que, après avoir fait imprimer la photo, il remarque qu’il n’est pas seul. Un fantôme, une femme, est juste derrière son épaule. Cette histoire fera le tour de Maurice en quelques jours. Toutefois, il s’avère que la photo a été truquée, ce même fantôme ayant été vu en Malaisie, où l’ âme d’une fille qui avait été violée et tuée, revenait pour hanter ses aggresseurs.

La mystérieuse apparition à Terrasson

En 2006, c’était la panique à Terrasson, Pointe-aux-Sables. Environ 300 employés d’une usine, tous des Bangladais, avaient refusé de rester dans leur dortoir, après avoir vu une mystérieuse apparition dans les lieux. Selon ces derniers, il s’agissait du fantôme d’un collège, mort quelques semaines plus tôt, qui reviendrait hanter le dortoir. Les employés ont, par la suite, été relogés à Bois-Rouge, Pamplemousses.

Djinns sous plusieurs formes

Tout comme dans d’autres religions, le bien et le mal existent dans l’islam. C’est ce que fait comprendre l’expert en théologie islamique, Nadeem Edoo. Il existe ainsi des djinns, créatures surnaturelles cohabitant la Terre avec les humains et préférant souvent les endroits isolés, déserts, les points d’eau, les cimetières et les forêts.

« Il s’agit d’une autre race. Et ils prennent diverses formes pour se manifester, dont celles de l’homme ou des animaux », explique-t-il. Ce sont des créatures de Dieu avec de la fumée et sont invisibles à l’œil nu. Cependant, ils peuvent être visibles pour ceux qui sont « possédés ». « C’est expliqué dans le Coran, dans le Surat 7, au verset 27. Ils nous voient et vivent en communauté avec femmes, enfants et animaux », fait comprendre Nadeem Edoo.

Toutefois, ces djinns ne sont pas tous néfastes. En effet, il en existe, selon notre interlocuteur, de bons et de mauvais et ils sont répartis en trois catégories. « La première catégorie concerne les djinns en forme de petite brise et de poussière, alors que la deuxième catégorie comprend ceux qui prennent la forme d’humains et d’animaux. La troisième est non spécifique, ce sont les djinns appelés voyageurs », ajoute-t-il.

«L’une des raisons qui poussent une créature à se manifester est la sorcellerie, car elle est interpellée. Ensuite, il y a le mauvais œil (met lizie)»

En parlant de créatures surnaturelles, il est donc inévitable de ne pas mentionner les différents niveaux de possession, selon lui. Qu’ils possèdent un lieu ou une personne, ces djinns ne se manifestent pas pour rien. « L’une des raisons qui poussent une créature à se manifester est la sorcellerie, car elle est interpellée. Ensuite, il y a le mauvais œil (met lizie) », fait comprendre Nadeem Edoo. Le troisième niveau concerne les émotions de ces djinns, car ils peuvent être amoureux d’un humain.

Et le quatrième niveau est le djinn qui s’est senti menacé par un humain. « Cela peut s’expliquer par un simple geste anodin, mais qui peut heurter ces créatures. Vu qu’on ne les voit pas, on peut, par exemple, les blesser simplement en jetant de l’eau bouillie », relate-t-il. Finalement, certains se manifestent temporairement. Ils viennent et repartent après un moment sans raison spécifique.

Une fois qu’ils se manifestent, comment s’en débarrasser ? « Il n’y a rien, mis à part la prière, qui peut les faire fuir. Il faut réciter certaines parties du Coran pour les faire quitter les lieux. Pour ça, le chapitre 2 du Coran est vivement conseillé », indique l’expert en théologie islamique.

Après onze ans d’études en Arabie Saoudite, à l’International Islamic University of Madina, il est retourné au pays en 2009 pour aider les Mauriciens. « Pendant trop longtemps, les sorciers et autres charlatans ont mélangé la magie à la religion. Il était temps de faire une campagne pour prévenir les Mauriciens, pour qu’ils arrêtent de gaspiller leurs sous dans ce qu’ils croient pouvoir les sauver. En islam, il n’y a que les versets coraniques qui peuvent aider. C’est ce qu’on appelle le Roqyah, qui est la guérison par le Coran et la médecine prophétique », dit-il.

... dans le monde

La  Tour de Londres

L’affaire date de cette année. Il s’agit du fantôme d’un enfant qui aurait été photographié par une mère de famille à la Tour de Londres. Certains affirment qu’il s’agit d’Édouard V, exécuté en 1483. La femme visitait la Tour avec son mari et ses filles et en profitait pour faire des photos du lieu pour des souvenirs. Sauf qu’en retournant à la maison, elle découvre la silhouette d’un enfant.

Au Japon après le tsunami de 2011

Depuis mars 2011, les Japonais ont eu du mal à oublier le tsunami qui a fait près de 16 000 morts. D’ailleurs, de nombreux chauffeurs de taxi avouent avoir transporté des fantômes dans leurs voitures. De plus, des exorcistes sont souvent appelés pour venir en aide aux familles des victimes, car celles-ci se disent harcelées par les spectres de défunts. Ces fantômes sont souvent des dames en blanc et font de l’autostop dans la région où a eu lieu le tsunami.

La Maison-Blanche

En 1950, d’importants travaux de rénovation ont été effectués à la Maison-Blanche. Abbie Rowe, le photographe officiel de la résidence présidentielle, a souhaité immortaliser cette période. L’une des photographies a suscité un intérêt très particulier. Elle a été publiée en 1992 et récompensée du Prix Pulitzer. C’est seulement en 2008 qu’un lecteur remarque une étrange silhouette translucide en arrière-plan. Les spéculations vont bon train et les spécialistes de phénomènes paranormaux voient ici la preuve irréfutable d’un fantôme.

Influence des planètes

Dans l’hindouisme, Shani, Rahu et Ketu sont les trois planètes ayant des effets négatifs sur plusieurs aspects de la vie. « La prière nous aide à repousser ces négativités et diminue la puissance du mal. De ce fait, nous récitons le Hanuman Chalisa. Il s’agit de poèmes rythmiques et spirituels nous permettant de communiquer avec la divinité Hanuman. Il a le pouvoir de combattre le mal. C’est aussi pour cela que les familles hindoues placent un drapeau à l’effigie de Hanuman à l’entrée de leur maison », explique le pandit Umakant Deepchand.

«La prière nous aide à repousser ces négativités et diminue la puissance du mal. De ce fait, nous récitons le Hanuman Chalisa»

Il concède que les familles font appel à lui pour nettoyer leurs maisons des esprits maléfiques. D’abord, il se protege en portant un jantar. Il s’agit d’une amulette contenant des mantras. Ensuite, il récite des versets du livre sacré, le Bhagavad-Gita. « Je vais aussi nouer un raksha sutra, un bracelet protecteur, autour du poignet de chaque membre de la famille. Un hawan sera également organisé. Cette cérémonie de feu nettoiera la maison », dit-il.

 

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