Le contrat pour le Metro Express ira sans doute à une firme indienne. Quant aux Singapouriens, ils soumettront leur rapport en octobre. Ils ont pour tâche de faire descendre le coût sous la barre des Rs 20 milliards et de réviser le tracé pour inclure Bagatelle et Ébène.
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Si ce sont bien les Singapouriens de Singapore Cooperation Entreprise (SCE) qui travaillent sur le rapport pour le Metro Express, ce sera probablement les Indiens qui prendront en main le chantier. C’est ce que confirment des sources au ministère des Infrastructures publiques, expliquant que la donation de la Grande péninsule pour financer en partie le projet rend la chose inévitable. Le rapport des Singapouriens sera soumis le mois prochain et il devrait inclure un nouveau tracé, incluant Bagatelle et Ébène.
« Il n’y a pas d’accord signé en ce sens, mais c’est sous-entendu que n’importe quel gouvernement qui fait un don s’attend à un retour d’ascenseur », confie une source proche du dossier aux Infrastructures publiques. Ce qui indique que le contrat de construction pour le métro-léger devrait être alloué à une firme indienne.
Une deuxième source, dans la hiérarchie du ministère des Infrastructures publiques, confirme l’information. « Il existe cette entente tacite et ce sera sans doute l’Inde qui sera à la barre pour le chantier. » D’autant, indique notre source, que la majorité des Rs 12,7 milliards de l’Inde seront attribués au Métro Express. En sus des Rs 7,2 milliards initialement prévus, il faut y rajouter les Rs 2,7 milliards de Heritage City, ce qui fait un total de Rs 9,9 milliards.
SCE aura tout de même un rôle important à jouer, malgré l’implication de la Grande péninsule. « Tout dépendra du rapport des Singapouriens, explique notre deuxième source, qui ont pour mission de faire leur possible pour réduire le coût à moins de Rs 20 milliards et de revoir le tracé. » Quant au nouveau tracé, SCE devait y inclure Heritage City, mais désormais seules les régions de Bagatelle et Ébène seront ajoutées au corridor initial Curepipe-Port-Louis. « Nous espérons que le coût total tournera autour de Rs 17 milliards », explique notre source. Le métro-léger du gouvernement Ptr-PMSD devait coûter Rs 24,8 milliards à l’époque.
L’option d’un prêt
La question de financement n’est toutefois pas entièrement réglée. Le gouvernement doit encore décider s’il va investir directement dans le capital ou pas. « On ne sait pas encore, mais plus on investit, moins on aura à rembourser en matière de rente », fait remarquer notre source. L’option d’un prêt auprès des bailleurs de fonds demeure en effet la piste la plus probable pour financer la différence, « parce qu’il faudra trouver une autre source de financement. » Pour le projet de métro-léger du gouvernement travailliste, l’Exim Bank devait financer une partie du projet et c’est probablement un accord similaire que le gouvernement devra conclure.
Pour ce qui est de la gestion, c’est la formule classique de Special Purpose Vehicle, à savoir une compagnie créée pour Metro Express, qui devrait être privilégiée comme dans tout projet de cette envergure.
Les différentes vies du projet
Le projet de métro-léger ne date certainement pas d’hier. Comme le Premier ministre l’a lui-même indiqué au moment de commenter le budget au parlement, il l’avait d’abord envisagé dès 1995. Toutefois, sir Anerood Jugnauth avait dû abandonner l’idée, avait-il rappelé, vu la vive opposition au projet. Depuis, le projet de transport public est passé par plusieurs cases avant d’en arriver à celle de Metro Express.
Si c’est en mettant de l’avant le grand rival du métro, à savoir le Busway, que l’alliance MSM-MMM prend le pouvoir en 2000, plusieurs rapports sont rédigés sous son mandat sur le métro-léger. Le gouvernement de Navin Ramgoolam rangera par la suite le métro-léger au placard, militant également pour la solution du Busway avant de revenir sur sa décision après 2010 pour promouvoir de nouveau le métro-léger, officiellement baptisé Light Rail Transit (LRT) pour laquelle une Mauritius Land Transport Authority est même créée.
Le gouvernement de l’Alliance Lepep fera même campagne contre le LRT aux dernières élections générales. Mais une fois au pouvoir, cette alliance fera également volte-face et ressort le LRT après un exercice de rebranding. C’est ainsi que naît le Metro Express.
Début des travaux en 2017
Le gouvernement veut avancer très rapidement avec le Metro Express. Si tout se déroule comme prévu, le chantier devrait être ouvert l’année prochaine. Il faudra alors 36 mois aux ouvriers pour faire sortir de terre le Metro Express et ses gares.
Mais avant d’en arriver là, il faudra mener encore plusieurs études, finaliser tous les aspects entourant le financement et trouver à travers un appel d’offres la compagnie qui sera responsable de la construction.
« Nous pensons pouvoir débuter la construction vers mi-2017 pour être prêts en 2020. C’est tout à fait faisable, si le projet est bien ficelé à tous les niveaux. L’avantage est qu’on ne commence pas à partir de rien. Plusieurs études ont déjà été conduites et on connaît plus ou moins le tracé », explique un proche du dossier, qui précise que la prise en main du dossier par le Bureau du Premier ministre est un avantage certain. C’est en effet ce dernier qui pilote le projet.
Environ Rs 2,5 milliards ont déjà été dépensées par le passé quand le Metro Express était encore connu sous l’appellation de métro-léger. Le précédent gouvernement a déjà procédé par voie d’Offres publiques de l’achat de 92 terrains privés pour le projet. Cela a coûté Rs 2 milliards.
Le Metro Express doit prendre son départ à la gare Ian Palach, à Curepipe. Son terminus est à la gare Victoria, à Port-Louis. Il couvrira une distance de 26 kilomètres et 19 gares seront aménagées sur son tracé. Mais ce n’est pas tout. Les concepteurs du projet ne souhaitent pas s’arrêter à la construction de simples gares. Certaines seront transformées en centres d’activité avec leur food-court, magasins, commerces et autres facilités. Ce qui permettra d’engranger des recettes à travers la location d’espaces. De grands espaces parking seront aussi créés ainsi que des gares annexes pour le bus.
À la gare Victoria, il est prévu d’aménager un « terminal urbain », incluant un centre commercial, qui devrait permettre le relogement d’un millier de marchands ambulants. Un hôtel d’affaires construit par le privé figure aussi dans les plans.
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