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Mehtab Rose Palan, la première Mauricienne primée par la Banque de France

Mehtab Rose Palan

Elle hésite à se servir du terme modèle pour les jeunes issus de milieux modestes, mais elle en est bien l’incarnation. Mehtab Rose Palan, 32 ans, est la seule Mauricienne qui s’est illustrée au concours international Ethics and Trust In Global Finance, en se classant 3e ex-æquo.

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Le 15 janvier 2018, à la Banque de Paris, en France, elle s’est vue remettre 3 000 dollars américains en guise de prix. Plus que l’argent, cette récompense internationale atteste de la détermination de cette jeune curepipienne, employée à la Mauritius Commercial Bank (MCB), de déjouer les obstacles du destin.

Joviale et la communication facile. Ce sont les traits que laissent apparaître à première vue Mehtab Rose Palan. Aînée d’une famille qui compte trois  filles, elle fréquente l’école St-Jean Bosco avant d’intégrer le collège Notre Dame. Après le secondaire, n’ayant pas les moyens de poursuivre des études supérieures, elle prend de l’emploi chez IBL puis dans une boîte de communication, avant de se joindre à la Mauritius Commercial Bank (MCB). « C’était un rêve d’enfant, dit-elle. Un jour, alors que j’avais 8 ans, je suis partie à la MCB avec mon père. Là, j’ai été impressionnée par l’accueil, les bureaux et l’atmosphère. Je me suis dit qu’il fallait que je vienne travailler là. »

À 19 ans, le rêve devient réalité. Mehtab décroche un job de caissière à la MCB. Durant trois ans, elle se familiarise avec les comptes et le service clientèle. Puis, elle est mutée au centre d’appels de la banque, où elle apprend les formules indiquées durant une conversation avec un client. Durant les années qui vont suivre, elle se joint aux départements Internet Banking et ATM, avant d’atterrir à celui de Risk Management en 2015. Elle prends alors conscience que le fait qu’elle n’ait pas de diplôme en banking risque d’entraver ses ambitions. Aussi s’inscrit-elle au London Institut of Banking & Finance pour décrocher une licence.

6e édition du concours Ethics & Trust

C’est d’ailleurs à travers cette institution qu’elle apprendra la tenue de la 6e édition du concours Ethics & Trust in Finance, Global Prize. « J’en ai parlé à mon époux Cédric, qui m’a encouragée à concourir. D’autant que le thème touchait à la crise des subprimes aux États-Unis, un sujet abordé dans mes études », raconte Mehtab.

Je connais mes origines sociales, je veux faire mes preuves, faire la fierté de ma famille, surtout de ma mère»

Elle commence ainsi à se documenter sur la thématique de l’éthique et de la bonne gouvernance dans le milieu bancaire. Mais l’originalité de sa démarche tient au sens que donnent les philosophes grecs Socrates et Aristote, dont le fameux Éthique à Nicomaque, au mot éthique. Elle est déjà fixée sur l’intitulé de sa thèse, Ethical Leadership and Ethical Legacies. « Il fallait transposer ce terme philosophique dans le milieu bancaire, pour examiner sa pertinence, dit-elle. Puis, je me suis intéressée au scandale des comptes fantômes du groupe financier Wells Fargo, aux États-Unis, qui avait dû licencier plus de 5 300 employés, tous liés a ces comptes. J’ai tout trouvé sur Internet, mais il fallait dégager un fil conducteur à la masse d’informations que j’avais trouvées. Puis, en 5 000 mots, analyser, faire des propositions appuyées par des argumentations rigoureuses, des thèses innovantes et des conclusions claires. C’était un challenge de haut niveau, mais je pense que ma volonté et ma foi m’ont beaucoup aidée. »

Onze finalistes

Dans la phase finale du concours, le jury, composé de 20 personnalités mondiales, a établi une liste de 11 finalistes, après avoir réceptionné plus de 700 envois et plus de 70 essais élaborés. « Je me sentais un peu petite face à mes concurrents qui étaient, eux, des gens bardés de diplômes, mais j’étais satisfaite d’être arrivée parmi les finalistes, moi, la petite Mauricienne », raconte-t-elle. Mais, pourtant, une intime conviction l’habite et renforce son intuition : « J’étais confiante que j’allais décrocher quelque chose. J’avais même renouvelé mon passeport pour me préparer à partir », confie-t-elle.

Le 24 novembre 2017, elle vérifie sa boîte mail jusqu’à minuit. Mais rien ne se passe. Trois jours plus tard, banco ! Elle reçoit un message. « J’étais parmi les gagnants. »

Quelques semaines plus tard, elle met le cap sur Paris, loge chez sa belle-sœur avant de filer à la Banque de France, où elle reçoit un certificat et son chèque, au même rang que la Sud Africaine Brett Scott.

Après cette distinction, et en attendant sa licence, la jeune trentenaire entend mettre la barre encore plus haut, ayant toujours au coin de sa mémoire la promesse que, gamine, elle s’était faite. « Rien n’arrive au hasard, fait-elle valoir. Il faut des convictions fortes, d’abord en soi et en Dieu. Puis, je connais mes origines sociales, je veux faire mes preuves, faire la fierté de ma famille, de ma mère, qui travaille encore, et de mon employeur, qui m’offre des opportunités de progresser ».

 

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