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Mariage à la marocaine: des unions sur la corde raide

De nombreux Mauriciens souhaitent se passer la corde au cou avec des étrangères. Depuis quelques années, la tendance est à la marocaine. Pour certaines toutefois, la vie conjugale sur l’île paradisiaque est vite devenue un enfer. Inadaptation, rupture, fugues, violence domestique, tentatives de suicide… Le revers de la carte postale.
Par le passé, beaucoup de Mauriciens se rendaient en Inde ou au Pakistan pour trouver l’âme sœur. Mais depuis quelques années, nous constatons qu’ils sont nombreux à se tourner vers le Maroc pour trouver la « perle rare » à épouser pour le meilleur, surtout pour le pire. Il y aurait plus de 900 Marocaines mariées à des Mauriciens, qui vivent à Maurice, selon les chiffres officiels. Rien qu’entre janvier et octobre 2015, 15 mariages de ce type ont été célébrés à l’état civil. Pour se trouver une femme de l’autre côté de l’océan, les Mauriciens se tournent vers des sites de rencontres sur le Net ou ont recours à un intermédiaire, l’agwa. C’est le mariage pré-arrangé.
[panel contents="Le bureau de l’état civil a enregistré en 2013, 15 mariages entre Mauriciens et Marocaines. 16 mariages ont été célébrés en 2014. Du début janvier 2015 à ce jour, on compte 15 mariages. " label=" Une moyenne de 15 mariages" style="info" custom_class=""]
Nous avons recueilli le témoignage de Rachid, un Mauricien de 41 ans qui a vécu cette expérience. Divorcé depuis cinq ans, il a voulu refaire sa vie aux côtés d’une étrangère. Il y a neuf mois, il a épousé une Marocaine, âgée de 30 ans, originaire de Casablanca. Il nous explique la raison de son choix : [blockquote]« Tu letan mo ti kontan marye avek enn madam de tein klair, byen zoli. Ek bann Maroken zot byen zoli, debruyar ek byen respektue. Zot pa pu tir lail kan fer enn demann mariaz avek zot. Tu de suit zot aksepte pourvi gard zot dan byen », déclare Rachid.[/blockquote] Rachid s’était inscrit sur un site de rencontres musulman pour célibataires. Après quelques clics sur le site, il a rencontré une jeune femme de 30 ans cherchant également un étranger pour se mettre la corde au cou. Le quadragénaire, un superviseur dans une firme privée, a dû puiser dans ses économies et contracter un emprunt pour se rendre au Maroc pour son mariage. Au Maroc, il se marie sous des conditions que lui imposent ses beaux-parents qui sont très stricts. Avant de donner la main de sa fille à un étranger, le chef de famille marocain dicte sa loi. « Zot pu exiz ki sak lane bizin pay pasaz zot tifi pu fer li vinn en vakans Maroc. Osi zot anvi asure ki zot tifi al dan byen », dit Rachid. La beauté a un prix, dit Rachid. Il l’aura compris après son mariage. Sa vie est devenue deux fois plus stressante. Les choses ne se sont pas passées, selon ses prévisions. Tout d’abord, la jeune Marocaine a éprouvé un problème d’adaptation à l’alimentation. « Zot pa manz mem manze ki nu ek zot prepar zot manze enn lott kalite avek bann lezot ingredian. Mo madam sak de mwa rod kas avek mwa pu avoy so fami. Oblize donn li, ena kas perna kas, zot pa kas latet ar ou, puvi donn zot seki zot bizin », ajoute Rachid.
 

Qui sont ces Marocaines

Elles sont nombreuses ces Marocaines qui cherchent leur âme sœur ailleurs, loin de leur pays, pour fuir la misère. Elles pensent que l’herbe est plus verte ailleurs. Généralement ces filles viennent de différentes localités, Casablanca, Marrakech, Meknes ainsi que Azoura. Si beaucoup d’entre elles mènent une vie heureuse en couple d’autres n’ont pas la même chance. Souvent ces femmes se plaignent d’être victimes de violence domestique. Le problème d’inadaptation à la vie mauricienne est courant. L’alimentation et la cuisine locales posent problèmes à ces nouvelles mauriciennes.
 

Mal-être

Le mal-être tenaille ces femmes. Il y a deux mois une Marocaine, âgée d’une cinquantaine d’années, qui a vécu plus de cinq ans à Maurice, a tenté de mettre fin à ses jours. Elle ne pouvait plus supporter la violence conjugale à laquelle elle était soumise.

Elle refuse de rentrer

Iqbal, un bijoutier de 35 ans, marié à une Marocaine se retrouve seul depuis trois mois. Sa tendre moitié a quitté le pays pour rendre visite à ses parents au Maroc et ne veut plus retourner à Maurice. Elle demande le divorce. Marié depuis trois ans, Iqbal payait chaque année le billet d’avion de son épouse pour célébrer le ramadan avec ses proches.
   

Formalités

  Pour se marier au Maroc, l’étranger doit présenter aux autorités marocaines sa fiche de paie pour les trois derniers mois, attestant qu’il a un emploi et qu’il peut  prendre la charge d’une épouse. L’étranger doit présenter aussi une pièce d’identité ainsi qu’un certificat de moralité récent – pas plus vieux que trois mois. Il faudra aussi une attestation de la Cour suprême certifiant que la personne est musulmane. Dans le cas d’un pays islamique, l’étranger doit faire traduire ses documents en arabe. Une fois au Maroc, les autorités accordent un visa de trois mois au futur marié. Ce laps de temps permet de compléter les procédures légales pour la célébration du mariage. Les procédures sont complétées généralement dans deux ou trois semaines. L’étranger doit détenir aussi un certificat de moralité émanant des autorités policières marocaines pour attester qu’il n’a commis aucun délit durant son séjour de trois semaines. Par la suite, le couple peut se marier en cour et contracter le Nikaah. Ces procédures coûtent  environ Rs 20 000. Les parents de la fille demandent une somme variant entre Rs 30 000 et 80 000 pour marier leur fille. Il faut leur donner l’argent d’avance, c’est-à-dire avant le mariage. La célébration d’un mariage à Maurice est moins compliquée. L’étrangère ou l’étranger est tenu/e de soumettre aux autorités une pièce d’identité, et un certificat de moralité ne dépassant pas les trois mois. Une application de demande au mariage doit être déposée auprès du Passport and Immgration Office et du Prime Minister’s Office. Une fois les documents avalisés le bureau de l’état civil peut célébrer le mariage. Toutefois, l’état civil peut rejeter une demande au mariage dans l’éventualité où le dossier indique un mariage en blanc. Des demandes son rejetées lorsque l’état civil constate un grand décalage entre l’âge de l’homme et celui de la femme. Souvent des étrangers ont recours à ce subterfuge pour obtenir un permis de résident.
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