Malgré des réservoirs bien remplis : les coupures d’eau restent une réalité dans plusieurs régions

Même si le niveau des réservoirs est plutôt confortable, avec un taux moyen supérieur de plus de 30 % par rapport à la même époque l’année dernière, les coupures d’eau, parfois drastiques, font encore toujours partie de la réalité de beaucoup de gens. 

«Malgré toutes les pluies de ces dernières semaines, on fait toujours face à des coupures drastiques. On ne reçoit que quelques heures d’eau sur une journée », confie Ramen Vythilingum, habitant de Terre-Rouge. Des habitants de Sainte-Croix sont aussi confrontés à des coupures régulières. Dans l’Ouest du pays, elle se fait également rare dans certaines régions, comme en témoigne René Clair, de Rivière-Noire. « Nous avons un petit réservoir. Au cas contraire, nous nous serions retrouvés sans eau », dit-il. 

Au niveau de la Central Water Authority (CWA), on souligne que le taux de remplissage des réservoirs, qui était de 72,3 % le 5 janvier dernier contre 33,5 % à la même date en 2023, fait qu’il n’y a pas de régime de coupures d’eau spéciale mise en place pour économiser l’eau », dit Sunil Gopal, responsable de la communication. 

D’autres paramètres entrent cependant en jeu. « Chaque région a ses spécificités », concède-t-il. L’Ouest, par exemple, n’a pas de réservoir. La fourniture provient d’un centre mobile de traitement d’eau situé à Baie-du-Cap. Celui-ci est installé près des sources d’eau. Mais, en temps de fortes pluies, comme en ce moment, il faut parfois éteindre le filtre et arrêter la fourniture à cause de l’eau boueuse, le temps d’effectuer les opérations requises. Ceci a donc un impact certain sur la fourniture d’eau dans la région approvisionnée par ce centre.
 
Une bonne partie du Sud, et ce jusqu’à la côte sud-est de Maurice, est alimentée par le « borehole » de Cluny. Ici aussi, il n’y a pas de réservoir. En cas de baisse du niveau d’eau dans la nappe phréatique - dont la CWA extrait de l’eau à travers ce « borehole », l’approvisionnement est directement impacté. Par ailleurs, toute la région approvisionnée par Cluny sera sans eau de 9 heures à 16 heures, lundi, pour cause de travaux d’entretien au niveau du « borehole ». 

Une solution durable pour les régions Sud et Ouest, jusqu’à Tamarin, viendra avec la mise en opération du barrage de Rivière-des-Anguilles, qui figure au programme des gouvernements successifs depuis environ deux décennies. Alors qu’en 2009, le financement de la construction de ce nouveau barrage, qui devait être mis en opération en 2015, était estimé à Rs 2,5 milliards, il est passé à Rs 9,4 milliards dans le Budget du gouvernement pour 2021/22. Il s’agit ici de construire un barrage long de 2 km et haut de 55 m. 330 arpents de terre ont déjà été achetés. Un des derniers gros développements concernant ce projet est la signature d’un accord en septembre dernier avec le Saudi Fund for Development (SFD) pour financer la construction du barrage à hauteur de Rs 3,1 milliard. 

Pour ce qui est de la région Est, touchée par de fortes pluies, ici aussi il a fallu éteindre plusieurs unités mobiles de filtrage d’eau avec comme conséquence que certains abonnés se retrouvent sans une goutte d’eau. La CWA indique aussi qu’il y a des problèmes localisés qui peuvent être de nature différente. La semaine dernière, par exemple, la région de La Marie et Henrietta et les environs se sont retrouvés sans eau à cause d’une rupture dans un tuyau principal d’approvisionnement. Ce n’est qu’une fois les réparations faites que la situation a pu être rétablie. 

Puis, des opérations de valve sont effectuées par la CWA sur une base quotidienne au niveau des régions desservies par des réservoirs. Chaque réservoir desservant une dizaine de régions différentes, la CWA explique qu’il faut « fermer d’un côté pour fournir de l’eau à l’autre. Ceci explique qu’un endroit puisse avoir 7 à 8 heures d’eau par jour. On doit s’assurer que la distribution soit équitable partout ». 

Un autre facteur entrant en jeu est l’état des tuyaux. Selon les techniciens de la CWA, environ 1 500 km de tuyaux du réseau de la CWA sont dans un état lamentable avec des pertes sérieuses. Le but est de changer 250 km d’ici 2024. 250 kilomètres ont été remplacés l’année dernière.