Interview

Mahen Jhugroo: «Le départ de Danielle Selvon ne change rien»

Mahen Jhugroo
Le dirigeant du MSM et Chief Whip revient sur la démission de la députée de la circonscription Port-Louis Ouest / Grande-Rivière-Nord-Ouest du gouvernement et le Good Governance and Integrity Reporting Bill. Il est convaincu que les amendements constitutionnels seront votés et que Pravind Jugnauth sera le prochain Premier ministre. La députée Danielle Selvon a démissionné du MSM le dimanche 8 novembre. Quel impact cette décision aura-t-elle sur les activités du gouvernement ? Cette démission ne va rien changer au travail qu’abat le gouvernement. Bien au contraire ! Si elle avait eu un peu de courage, elle aurait assisté à la réunion bureau politique pour exprimer son opinion. Il est malheureux que quelques camarades députés, peut-être par manque d’expérience, aient commencé à s’exprimer dans les médias. Danielle Selvon soutient que l’on ne peut s’exprimer au bureau politique. C’est faux. Je dois rappeler que la députée de la circonscription Port-Louis Ouest / Grande-Rivière-Nord-Ouest avait de grandes prétentions. Elle voulait être ministre ou même Parliamentary Private Secretary. Elle s’est vu refuser le poste de PPS. Elle a donc demandé de devenir Présidente de la République ou, à défaut, vice-Présidente. Est-ce que les amendements apportés au projet de loi sur la bonne gouvernance ont permis de faire taire les voix dissidentes au sein du gouvernement ? Premièrement, nous ne pouvons dire que le gouvernement n’a pas donné de temps pour expliquer la loi. J’ai été très surpris que Danielle Selvon vienne maintenant nous dire qu’il n’y a pas de liberté d’expression au MSM. Mais comment se fait-il qu’elle s’en rende compte que maintenant ? Si cela est vrai, elle aurait dû démissionner bien avant. Au parlement, le gouvernement a 50 députés. Il faut 52 députés pour faire voter les amendements constitutionnels. Les choses ne sont-elles pas davantage compliquées avec le départ de Danielle Selvon ? Son départ du gouvernement ne posera aucun problème. Comme vous avez dit, nous disposons de 50 députés. Il y a aussi nos deux camarades de Rodrigues. En plus, avec les amendements apportés par Roshi Bhadain, je suis sûr que les députés qui ont à cœur l’intérêt de leur pays voteront aussi en faveur. Donc, vous comptez sur certains députés au sein de l’opposition ? Je pense que tout député qui aime son pays va batailler dur pour son intérêt et non pas pour celui de quelques gros bonnets. À l’opposition et en particulier au MMM, l’on affirme que le cas de Danielle Selvon n’est pas isolé et que d’autres défections sont à prévoir au sein du gouvernement… J’ai été surpris d’entendre le MMM parler de choses pareilles, surtout que l’on sait que le parti a perdu autant de députés. L’on voit que le MMM et Danielle Selvon se font les yeux doux. Je leur souhaite bonne chance ! Nous voyons que le PMSD attend toujours de donner son avis sur le projet de loi. Quel est votre sentiment sur cette prise de position des bleus ? Ne pensez-vous pas que le parti aurait dû donner son soutien dès le début ? Je pense que nous avons encore amplement le temps pour que chacun approfondisse les débats. Il faut leur donner du temps pour qu’ils puissent apporter certaines suggestions. N’avez-vous pas le sentiment que le gouvernement est allé un peu trop vite en présentant cette loi ? Non, bien au contraire ! Cela fera bientôt une année que nous sommes au gouvernement. Nous avions dit que nous allions nettoyer le pays et c’est ce que nous faisons. Sir Anerood Jugnauth est un homme qui tient ses paroles. Quand il y a des lois, il y a souvent des amendements que nous apportons après des suggestions. Une chose qu’il faut bien faire comprendre : les ‘ti-dimun’ n’ont pas à s’inquiéter. Ce sont quelques ‘gros bonnets’ qui doivent se faire du souci. Quel est votre bilan de cette première année au gouvernement ? Le gouvernement avait promis d’augmenter la pension et il l’a fait. L’Alliance Lepep a offert une compensation salariale de Rs 600. Nous avons dit que nous allions nettoyer le pays et nous le faisons. Mais, nous butons contre certains os durs. Je comprends que les gens veulent de l’emploi. Mais il faut un peu de temps. De grands chantiers vont bientôt démarrer, comme les Smart Cities. Je demande à la population d’être patiente. En parlant de bilan, certains font état d’une campagne de persécution contre des membres de l’opposition, en particulier Navin Ramgoolam… Persécution ? Je ne comprends pas ce que vous entendez par là. Vous voulez me dire que les coffres retrouvés chez lui et tous les scandales qui gravitent autour, vous trouvez cela normal. C’est peut-être normal dans la culture du Parti travailliste, mais pas chez nous. Bien au contraire, c’est l’ancien gouvernement qui a persécuté des membres de l’opposition de l’époque. Vous vous souvenez du cas de Yogida Sawmynaden et comment Pravind Jugnauth avait été conduit de force aux Casernes centrales. Quant à nous, avec une année au pouvoir, personne ne peut venir nous pointer du doigt. Parlant de bilan toujours, il y a eu tout de même pas mal de critiques sur les nominations, notamment concernant les liens de parenté avec des ministres. Ou encore plus récemment avec les 61 médecins. Est-ce une pratique acceptable ? Parlons justement du recrutement de médecins. Je connais, par exemple, le fils de Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui figure sur cette liste et qui est un jeune très intelligent. Ne peut-il aspirer à ce poste parce que sa mère est ministre ? S’ils sont intelligents et qualifiés, ne peuvent-ils faire acte de candidature ? C’est bien au contraire ! Par le passé, il y avait des abus. Nous ne sommes définitivement pas là pour protéger petits copains et petites copines. Au MSM, avez-vous déjà pensé à la relève ? Est-ce Pravind Jugnauth qui sera présenté comme Premier ministre aux prochaines élections ? Nous y avons pensé depuis pas mal de temps au MSM. Rien n’empêchera Pravind Jugnauth d’être le futur Premier ministre. Et je suis certain que le pays aura un très bon Premier ministre, parce que Pravind Jugnauth est une personne intègre et sincère. Je le soutiendrai dans sa mission.
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