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Les Assises de l’Environnement : Ramano annonce des amendes sévères tôt en 2020

Environnement

Les Assises de l’environnement ont débuté lundi et prendront fin ce mardi. Le but, c’est de fédérer les idées après avoir fait le point sur la situation dans le pays et déboucher sur un plan d’action. Ces Assises regroupent les représentants des départements publics et parapublics, ceux du secteur privé, des experts et des ONG, entre autres. Une première pour Maurice…

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«Nous sommes dans une urgence climatique et cela menace la survie de l’humanité ». Propos de Kavi Ramano, ministre de l’Environnement. Il annonce des mesures « impopulaires mais nécessaires », l’entrée en vigueur en 2020 de l’accord de Paris, le vote du Climate Change Bill et l’amendement de l’Environment Protection Act durant les premiers mois de 2020. « Il faut penser à l’enfouissement, à la création de villes et villages écologiques. 14 % des déchets sont plastiques et il faut embrigader le secteur privé pour combattre cette pollution », dit-il, Interrogé par le Défi Quotidien, sur les mesures « impopulaires » annoncées, il lèvera une partie du voile en soulignant que « les amendements porteront sur des amendes sévères ». Des mesures qui viendront « tôt l’année prochaine ». Il ne dira pas plus « par respect pour les Assises ». 

Kavi Ramano soutient que Maurice n’est pas à l’abri. « Nous ne pouvons rester insensibles à l’enjeu climatique ». L’heure n’est pas au « damage control », il parle de « politique fortes et mesures impopulaires » qui devront aider à un changement de mentalités. « Il faut venir avec un plan d’action court et réalisable », a affirmé le ministre de l’Environnement. « Il faut, poursuit-il, œuvrer pour que la transition écologique soit une réalité. Il faut vaincre la pollution plastique et faire de la société « jetable » une société « verte, propre et durable ». Chaque aspect de l’économie doit pouvoir apporter sa contribution au développement durable au pays ». 

Le Premier ministre Pravind Jugnauth a, pour sa part, affirmé que « la protection de l’environnement ne pourra se faire qu’à travers une meilleure gestion des ressources et des actions responsables ». Le « manque de civisme » a été critiqué par le chef du gouvernement, qui a mis l’accent sur la mise sur pied d’un plan directeur pour s’adapter aux effets du changement climatique. Il a annoncé qu’un Youth Environment Council sera créé et sera sous l’égide du Bureau du Premier ministre. Le gouvernement, dit le PM, prévoit « une politique zéro plastique d’ici 2030 ». 

Pravind Jugnauth annonce aussi la création de trois forêts endémiques sur 200 à 300 hectares, le tri de déchets à la source et des autobus électriques. Il rappelle qu’au cours des cinq dernières années, le gouvernement a mis sur pied des mesures, des lois et des actions en faveur de l’environnement. Le Premier ministre a parlé de la politique des Smart Cities, de l’interdiction des sacs en plastique et du lancement de la campagne de nettoyage nationale, ‘Moris nou zoli Pei’. « Le métro a pour but de rendre le système de transport public plus propre », a souligné Pravind Jugnauth. Toutefois, revenant sur la COP 25, il parle de « déception » par rapport à la réticence de certains pays.


Vincent Degert, ambassadeur de l’UE : «Maurice peut compter sur nous»

Vincent Degert a évoqué l’urgence climatique et a énuméré les axes de partenariat entre l’Union européenne et Maurice en termes de soutien dans plusieurs secteurs, dont le développement durable. « Maurice peut compter sur nous », a rassuré l’ambassadeur de l’UE à Maurice. Maurice et l’UE, dit-il, ont mis sur pied une collaboration en 2018 qui englobe le financement, le partage de la technologie et des données. Par exemple, l’UE a financé des projets de recherche à hauteur de 3 millions d’euros et le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI). En sus, l’Organisation finance un projet de reboisement à Maurice.


La lutte contre la pollution 

Un des ateliers a été dédié à la lutte contre la pollution. Ce qui remonte à Maurice, c’est la problématique de la gestion des déchets ajoutée à un manque de terre et une population en hausse.  

Le déchet plastique est un souci de taille. La firme Ireland Blyth Ltd (IBL) travaille souvent en collaboration avec la Mauritius Ports Authority (MPA) pour le nettoyage de la rade. En moyenne, environ une tonne de débris plastiques est enlevée de la mer. Ces déchets proviennent des rivières.  Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, a, lui, souligné que 928 000 tonnes de charbon sont utilisées par l’industrie énergétique et que la consommation dans les industries productrices augmente. Répondant à cela, Mikael Apaya a souligné que les industriels travaillent sur une baisse de la demande et examinent des solutions comme des chaudières solaires-électriques.  Autre aspect de la lutte, c’est la réduction. Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement, a parlé de la source du problème. Il faut bien, dit-il, nettoyer et punir les pollueurs mais n’est-ce pas plus intelligent de réduire le problème à la source. Il a été rejoint par Sébastien Sauvage, d’Eco Sud, qui, lui, a affirmé qu’il « ne faut pas culpabiliser le citoyen mais celui qui produit des bouteilles ». « Il faut cesser de produire les bouteilles en plastique ». Il affirme qu’il faut « une loi plus ambitieuse ». Pamela Bapoo Dundoo, coordinatrice nationale au Global Environment Facility (GEF) Small Grants Program, s’étonne que « la pollution alimentaire ne soit pas prise sur le fond ». Elle a expliqué que 55 000 tonnes de fertilisants et 2 500 pesticides sont utilisés par an. Ces produits finissent dans la terre, dans les nappes phréatiques et atterrissent dans nos estomacs. 

« La solution, ce n’est pas de venir dire de cesser avec ces produits, mais proposer des alternatifs ». 


Zone côtière et environnement marin 

Un autre atelier s’est focalisé sur la gestion des zones côtières et de l’environnement marin. Yan Hookoomsing d’AKNL a parlé de « la nécessité de travailler ensemble ». Il cite le fait que « le ministère de l’Environnement n’accepte pas de contestation ou de consultation des demandes d’Environmental Impact Assessment (EIA) par la société civile ». Il a ajouté que, devant la Cour, le ministère ne fait que contester les arguments scientifiques des défenseurs de l’environnement. « Si cette situation continue, ces Assises ne seront qu’une mascarade », a souligné l’activiste.

Parlant de la gestion de l’environnement marin, le Dr Reza Nadal, directeur du Continental Shelf, a expliqué que la Zone Économique Exclusive de Maurice, comparée à l’île, est d’un ratio de 1:1000, la pression est grande, selon lui. La gestion de cet environnement marin est un défi, souligne l’expert. Il cite une des composantes de cette gestion : l’aquaculture. Plusieurs sites identifiés sont en conflit avec une demi-douzaine de zones protégées. Ces projets ont été éliminés. 

Il y a bien entendu une pression grandissante sur les zones côtières et la dégradation de ces zones affecte également le tourisme. Jocelyn Kwok, de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (AHRIM), souligne : « Nous avons déjà atteint certaines limites, et dans quelques cas, des situations irréversibles. Il y a eu 400 000 touristes de plus en quatre ans et la pression sur nos ressources et nos plages publiques est énorme. Si on ne fait rien, il n'y aura plus de plages bientôt ; les High-Water Mark sont remis en question, il faut diminuer la pression, renverser les tendances et recréer avec la carotte et le bâton », affirme Jocelyn Kwok. Souvent ajoute-t-il, à Maurice, il n’y a ni carotte ni bâton.

Pour lui, une des solutions de facilité imaginée par certains serait de taxer les touristes. Or, beaucoup l’ignorent, les hôteliers paient déjà un Environment Protection Fee de 0,85 % de leurs chiffres d’affaires. Selon Jocelyn Kwok, est-il normal que près de 85% des Rs 400 millions collectées à travers cette taxe dite nationale puissent provenir uniquement des hôteliers. Elle pourrait être explicitée, affirme-t-il et être réclamée directement aux touristes, mais ceux-ci refuseront. Ils verront que ce prélèvement n’est pas efficace. « Il n’y a qu’à voir autour de nous en termes de propreté et d’actions de conscientisation ; sommes-nous convaincus que notre pays fait les efforts nécessaires», dit-il

 

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