Actualités

Le juge Eddy Balancy: «La formation des avocats et avoués laisse à désirer»

C’est sans langue de bois que le ‘Senior Puisne Judge’ Eddy Balancy a abordé des points sensibles ayant trait au judiciaire, au micro de Jean-Luc Émile.

Publicité

Le ‘Senior Puisne Judge’ (SPJ), Eddy Balancy, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, le jeudi 25 février, au Grand Journal. À commencer par la formation. « Je suis persuadé que la formation des avocats, avoués et notaires à Maurice laisse beaucoup à désirer. C’est un crime que l’on commet contre ces enfants. » Déjà, à l’époque où les cours étaient dispensés par le Council of Legal Education, cette formation était, selon lui, « bien inadéquate ». Depuis quelques années, c’est l’université de Maurice qui s’est vu confier la responsabilité de former les conseils légaux. « La situation a empiré là-bas, car il n’y a pas les compétences nécessaires et une absence de contact avec des praticiens capables. » Le SPJ déplore aussi le fait que la formation soit davantage théorique que pratique. Par conséquent, dit-il, les étudiants échouent aux examens. Le no2 du judiciaire précise, cependant, que les avocats qui ont étudié à l’étranger ne sont pas nécessairement meilleurs que ceux qui ont été formés localement. « Ceux qui ont étudié le droit mauricien directement ont un avantage sur ceux qui ont étudié le droit français ou britannique, mais souvent ce sont les meilleurs candidats qui vont étudier à l’étranger. Si ces derniers apprenaient à Maurice, peut-être qu’ils seraient encore meilleurs. » Y a-t-il des interférences dans le travail des juges ? à cette question, le SPJ répond qu’« il n’y a plus aucune tentative d’interférence ». Toutefois, il reconnaît que sous deux anciens chefs juges, il y avait eu « des interférences avec ma liberté d’opinion et je n’ai pas apprécié. Il y a eu des boycottages et des passe-droits quand j’ai refusé d’être un ‘yes man’. J’en ai payé le prix, mais c’était très peu payé pour défendre mon indépendance d’esprit ». Et de préciser que « c’était difficile de bien accomplir mon travail en toute quiétude ». Il précise, néanmoins, que lorsqu’il a travaillé sous les quatre autres chefs juges qu’il a connus, il n’a jamais eu de souci d’interférence quelconque. Le SPJ Eddy Balancy souhaite que le judiciaire soit indépendant financièrement. « Nous préconisons des réformes depuis longtemps, mais nous n’avons pu aller de l’avant pour diverses raisons, notamment financières. » Si le judiciaire n’est pas indépendant financièrement, il est toutefois « certainement indépendant d’esprit. Il est bien protégé par la Constitution ». Qu’en est-il de la pression politique ? « Je n’en ai jamais vraiment ressenti. » Me Eddy Balancy estime qu’il serait temps de revoir le système de « legal aid », car ceux qui figurent au bas de l’échelle sociale sont parfois considérés comme des clients de troisième grade parce qu’ils ne peuvent payer les services d’un avocat ou d’un avoué. Idéalement, il faudrait un système où des avocats « seraient disposés à travailler gratuitement par humanité ou par amour de la justice pour des cas méritants ». Me Eddy Balancy a également abordé sa candidature au conseil économique et social des Nations unies pour lequel il est appuyé par le gouvernement mauricien. « J’ai toujours considéré les Droits de l’Homme comme mon dada(…) Il y aura de très bons candidats, car toute l’Afrique est concernée », a-t-il souligné.

Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !