Economie

Le beurre de pistache mauricien fait ses preuves

Depuis 1991, la compagnie Mammon Foodstuffs Ltd, engagée dans la fabrication de beurre de pistache, se bat pour se tailler une part du marché mauricien. Un de ses directeurs, Krishna Menon Manikkum, explique que des équipements fraîchement acquis n’attendent qu’une embellie dans cette filière pour viser le marché régional, voire international.

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Petite entreprise deviendra grande… La preuve avec Mammon Foodstuffs Ltd dont le directeur, Krishna Menon Manikkum, affiche une persévérance à toute épreuve. « Le marché du beurre de pistache est très porteur à cause de ses bienfaits pour la santé, notamment comme source de bons lipides et c’est un antioxydant qui combat le mauvais cholestérol », explique celui dont l’entreprise est située à Petite-Rivière. Cependant, avant d’en arriver là, sa famille, originaire de Port-Louis a dû faire d’énormes sacrifices.

Troisième enfant d’une fratrie qui en compte cinq, Menon a arrêté ses études prématurément pour commencer à travailler. « J’ai exercé tour à tour comme ferblantier, imprimeur et apprenti-électricien au Télécom avant que ma famille n’ouvre une imprimerie à la rue La Paix à Port-Louis », confie-t-il. A ce jour, l’imprimerie et l’emballage demeurent leur principale activité. Quelques années plus tard, Menon pressent que leur entreprise doit s’agrandir afin de pouvoir durer. Il trouve un terrain à Petite-Rivière. Pour l’acheter, il vend sa voiture sur un coup de tête.

Intégration verticale

« Tout comme l’acquisition de ce terrain, notre diversification dans le beurre de pistache est partie d’une idée et sans aucune étude de marché, avoue-t-il. Nous avons toujours investi sans compter.» Toutefois, au fil des années, la filière du beurre de pistache connaîtra différents développements, expertise à l’appui.

En fait, le plus important était dans la recherche d’une stratégie destinée à s’assurer un approvisionnement stable en pistaches de qualité. « Nous voulions mettre en place une politique de production d’intégration verticale afin de garantir un approvisionnement stable », ajoute Menon. Ce qui explique le choix de Madagascar pour une double raison. « Nous nous sommes rendus compte que les pistaches produits en Inde et en Chine étaient cultivées dans des champs bourrés de produits chimiques, avec pour conséquence, qu’elles ne supportaient pas les longs voyages dans des conteneurs ainsi qu’un climat tropical comme celui de Maurice. En revanche, à Madagascar, les terres sont encore préservées de produits chimiques, elles sont disponibles en superficie et enfin, le trajet n’est pas long jusqu’à Maurice ».

Grâce au soutien du gouvernement malgache, la société n’hésite pas à créer à Madagascar Maurimad Sarl, une société dont elle confie la gestion à Bala Krishna, un des fils de la famille. Dans un premier temps, la société achète un terrain de 100 hectares pour la culture de ses pistaches mais elle finit par laisser le champ sous la responsabilité et la gestion des Malgaches. « Nous avons beaucoup dépensé, tant pour l’acquisition qu’en travaux, se souvient encore Menon. Il a fallu défricher le terrain et le rendre cultivable. Nous l’avons fait avec des travailleurs malgaches et indiens, ces derniers connaissant parfaitement la culture de la pistache de même que sa qualité. »

Foires agro-alimentaires

Même si en termes de rendement à l’hectare, le culture de la pistache à Madagascar n’est pas supérieure à celle indienne ou chinoise, il reste que sa qualité est de plusieurs crans au-dessus du lot. « Nous n’avons jamais voulu prendre de risque avec des pistaches de qualité douteuse et c’est ce qui explique que nous recherchons toujours des expertises de partout, fait valoir Menon qui puise dans sa poche pour être présent aux foires agro-alimentaires à travers le monde. Nous sommes contraints de prospecter des marchés extérieurs car notre île est trop restreinte et en raison des marques importées, dont certaines produites en Chine contiennent de l’huile de palme. On sait maintenant que cette huile, réputée pour sa richesse en acides gras saturés, est mauvaise pour la santé. Il y a des années de cela, nous avons approché le marché réunionnais mais nous avons hésité à cause du loyer onéreux et des procédures administratives très contraignantes. Néanmoins, nous pensons à y retourner. »

Dans l’immédiat, une des priorités de la famille est de mettre en opération des équipements récemment acquis. « Nous ne voulons pas prendre des risques dans de gros investissements, nous voulons avant tout nous assurer de la stabilité du marché avec en amont, l’assurance que nos importations franchissent la douane sans être inquiétées. Par ailleurs, si le gouvernement mauricien souhaite vraiment promouvoir le label ‘Made in Mauritius’, il faudrait enlever la TVA sur les matières premières. C’est paradoxal que d’un côté, on tient un discours encourageant sur la nécessité de promouvoir l’autosuffisance alimentaire et de l’autre, il existe des mesures, dont la TVA, qui ne motivent pas les entrepreneurs mauriciens. Il faut être cohérent. »

Quant à la pérennité de l’entreprise, la famille peut compter sur les enfants. « Le fils de Krishna, qui a fait des études à la MITD, s’assure déjà du service maintenance, indique Menon. Ma fille, elle, travaille à Singapour pour une firme d’experts-comptables internationale et elle souhaite rentrer à Maurice pour nous rejoindre. »

 

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