Latif Ladid, président d’IPv6 Forum: «Rien n’a été fait à Maurice pour déployer l’IPv6»

Une nouvelle voix vient dénoncer le retard de Maurice dans le déploiement d’Internet Protocol version 6, seul moyen d’éviter une future pénurie d’adresses IP. Il s’agit de Latif Ladid, président d’IPv6 Forum, qui était à Maurice dans le cadre de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) Emergi-tech 2016 à l’hôtel Ravenala Attitude à Balaclava, du 3 au 6 août.

Quelle est l’importance d’adopter l’IPv6 à Maurice ?
Le déploiement d’IPv6 à Maurice est la base pour les objets connectés et est donc nécessaire pour la plateforme dédiée aux Smart Cities. L’IPv6 est la nouvelle version du protocole internet (IP) pour gérer la réduction de l’espace des adresses IP, qui s’est produite en février 2011 à l’échelle mondiale. Le déploiement dans certains pays a déjà été complété à moitié, comme en Belgique, alors qu’à Maurice rien n’a été fait pour l’heure. Le ministère de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation (TCI) doit encourager les fournisseurs d’accès à Internet locaux à proposer l’IPv6 pour assurer la viabilité du projet Smart City.

Il est inacceptable de prendre du retard avec la vitesse à laquelle la technologie évolue. Le meilleur moyen d’accélérer le processus de déploiement serait que le gouvernement, en tant que plus grand client des fournisseurs d’accès à Internet, demande la mise en place d’IPv6 pour ses ministères. Le Cloud Computing, la 4G, les objets connectés, le Smart Grid ou encore la plateforme pour Smart City seront ainsi conçus avec les dernières technologies dans l’optique d’attirer les grandes entreprises internationales spécialisées, faisant de Maurice un pôle entre l’Afrique et l’Asie.

Le ministère de l’Éducation pourrait déployer un National Research Network (NRN) qui collaborerait avec des réseaux de recherche internationaux comme l’Européen Géant, les NRN des États-Unis et les NRN asiatiques, permettant ainsi à toutes les institutions d’enseignement supérieur ainsi que les écoles et collèges à se connecter à ces centres et d’avoir accès à la connaissance à un coût réduit. Investir dans l’éducation s’avère primordial pour placer Maurice au même niveau que les autres pays.

Quels sont les projets de l’IEEE déjà mis en œuvre impliquant Maurice et ceux qui le seront à l’avenir ?
La tenue de la conférence EmergiTech 2016 permet d’attirer les différentes parties prenantes et d’annoncer les nouveaux projets. Le ministère de la Technologie, de la Communication et de l’Innovation et celui de l’Éducation ont été en faveur de cette conférence et ont même demandé des recommandations à partir des résultats obtenus. Parmi ces recommandations, il faut demander aux principaux fournisseurs d’accès à Internet de déployer l’IPv6 d’ici fin 2016 pour le NRN, le secteur éducatif et les particuliers. Concernant le gouvernement et les entreprises, cela devrait être fait d’ici fin 2017.

Dans le cadre des projets de Maurice pour développer les Smart Cities ainsi que le secteur des objets connectés, quelles sont les conditions que les secteurs public et privé doivent respecter ?
Ce projet ambitieux ne vise non seulement à définir un Smart City Plan, mais aussi un Smart Mauritius Plan, comprenant tous les Smart Villages, Smart Towns et Cities, Smart Factories, Smart Ports, Smart Enterprises, Smart Schools, Smart Universities, Smart Environment et Smart Agriculture, entre autres. Les technologies existent et ont été déployées avec plusieurs niveaux de réussite. Il sera très crucial d’adopter les meilleures solutions pour réduire les risques d’échec. Une délégation mauricienne pourrait être dépêchée à Seville Smart City en Espagne, qui utilise exclusivement l’IPv6, afin d’apprendre de ce cas. Les personnes impliquées dans le développement des projets de Smart Cities à travers l’IEEE Smart Cities Initiative peuvent aussi être mises à contribution, si le besoin se fait sentir.