La vie d’un travesti en prison - Linzy, ex-détenu: «J’ai été traité comme une reine»

Les détenus travestis sont incarcérés en fonction de leur sexe et non de leur identité de genre. Le risque qu’ils subissent des violences sexuelles est bien réel. Un danger qu’un travesti de 25 ans n’a pas ressenti, car il dit avoir reçu un traitement royal en prison. L’univers carcéral, il connaît bien pour avoir séjourné à plusieurs reprises en prison. Lors de sa dernière incarcération, Linzy (prénom fictif), travesti à l’allure très féminine, avait été à l’ombre pendant trois semaines pour n’avoir pas payé une amende pour un cas de « solliciting ». Contre toute attente, ce dernier nous brosse un tout autre portrait de la vie en prison pour un jeune travesti. [blockquote]« Dan prison, bann detenu tret nou kouma ene la reine. Nou travesti parski nou soisir sa lavi la et nou senti nou fam corps ek âme. En dehor prison, nou mal aime et touzour viktim prezize. Mais dan prison, nou konsidere kouma enn fam et nou vre valer rekonnet », déclare Linzy, actuellement au chômage. [/blockquote]Avant de nous confier qu’il s’adonne à la prostitution pour subvenir à ses besoins. Il explique que l’arrivée d’un travesti dans une prison crée de l’émoi parmi les détenus. « Ou fine guett zako kouma agrippe ek fencing. Banne detenus la aussi fer pareil kan ene travesti rentre. Zot dire avoye li dan nou bloc », raconte Linzy. Une fois à l’intérieur, Linzy qui connaît bien les lieux, explique qu’il est courtisé par beaucoup de détenus, à la recherche de « faveurs sexuelles ». Pour éviter d’être violé et agressé, dit-il, il a jeté son dévolu sur un ‘boss’, qui occupe un bloc. Lors de sa dernière condamnation, c’est un Tanzanien qui était son « amant ». [blockquote]« Li pou donn mwa tou seki mo anvi. Kitsoz ki pas gagner en dehor prison gagner endan. Mo anvi whisky, cigaret, telefon ou mem avoye mo fami larzan, tou li donn moi. Li gate mwa byen ek an retour mo accord li faver sexuel kan li anvi », révèle l’ex-détenu.[/blockquote]

Vigilance de mise

Pour satisfaire les besoins de son amant, Linzy nous explique qu’il faudra passer la nuit dans la cellule du ‘boss’. Le matin, ajoute le travesti, il y aura un ‘échange’ de cartes de cellule. Mais un travesti en prison court également beaucoup de risques, indique notre interlocuteur. La vigilance est de mise, car certains détenus pervers surveillent ses moindres faits et gestes et ses déplacements dans la cour. « Zot vey ou kuma zot gagne ou tout seul zot viol ou ek mem agresse ou, si ou refiz donn zot faver sexuel. Ena osi bann travesti ki prostitie dan prison pou gagn cigaret, la drog ek lezot kitsoz », souligne Linzy.

Tentative de suicide

Les scènes de ménage, la jalousie et les affrontements parmi les prisonniers sont fréquents en prison et, il arrive que ce soit le détenu travesti qui en est responsable, affirme-t-il. « Ena travesti ki trompe zot amant avec lot detenu. Sa kre enn veritab senn de menaz, kouma dir mari ek fam pe lager. Ena donn kalot tout. » Pis, indique-t-il, si un détenu tente de séduire un travesti, l’amant de ce dernier ira affronter le « joli cœur » et, quelque fois, cela finit en bain de sang. « Une fois, un détenu avait tenté de se suicider en avalant une épingle et une lame de rasoir. La raison est que sa ‘copine travestie’ avait été transférée dans une autre prison », relate Linzy. Selon lui, beaucoup de travestis acceptent « de troquer leur liberté » pour retourner en prison à peine libéré. [blockquote]« Nou menn enn meyer lavi laba ek trait nou couma enn vre fam dan prison ek tou facilité konpare à lexterier », conclut-il.[/blockquote]