Si la musique devait porter un nom à Maurice, ce serait Lebrasse. La musique coule dans les veines de cette famille. De père en fils et en fille, elle se transmet au fil des générations. Serge Lebrasse, pionnier du séga, a su partager sa passion pour la musique avec sa progéniture. Rencontres.
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« Aujourd’hui, la relève est assurée. Je suis là pour leur apporter de précieux conseils en tant qu’ancien »
« Dan dizef poul pa kapav gagn tikanar », chante Serge Lebrasse. Sa famille est la preuve vivante que la musique est une passion qui se partage. Elle se cultive et se transmet d’une génération à l’autre chez les Lebrasse. Certains en ont fait leur métier, alors que d’autres ont choisi une autre voie. Malgré cela, cette passion les unit.
Serge Lebrasse, ségatier de renom, ses fils Sego et Toto, mais aussi les filles de Toto : Fiora et Roxane se sont frottés à la musique, certains au niveau national et d’autres au niveau international. Et pour Serge Lebrasse, c’est une vraie fierté d’avoir pu transmettre son amour pour la musique à ses enfants et à ses petits-enfants.
« Quand je serais là-haut et que je ne serais plus de ce monde, je serais heureux d’avoir laissé un peu de moi. C’est aussi une preuve que ce que j’ai fait est bien et qu’il était important de partager ma passion », explique-t-il.
« Aujourd’hui, la relève est assurée. Je suis là pour leur apporter de précieux conseils en tant qu’ancien. Tout ce que je souhaite, c’est qu’ils soient toujours honnêtes dans leur travail et justes envers les autres. Qu’ils n’aient jamais la grosse tête », confie le chanteur âgé de 88 ans et arrière-grand-père.
La musique transcende les âges
Son fils Steeve alias Toto fait partie de ceux qui ont suivi les pas de leur père. Pour lui, la musique n’est pas une question d’hérédité, mais plutôt d’environnement. « Il est inévitable de tomber dans la musique lorsqu’on grandit dans une famille de mélomanes », indique-t-il.
Depuis tout petit, il a vu défiler les plus grosses pointures de la musique locale chez lui. Les enfants de Serge Lebrasse ont grandi dans cet univers. « Dès l’âge de 7 ans, je savais jouer à la guitare basse. Nous n’avions pas d’ampli donc on jouait contre une feuille de tôle. » Dans leur quartier à Plaisance, la musique résonnait dans les rues. On y trouvait les familles Heerah et Philogène.
« À l’âge de 10 ans, avec les jeunes de notre âge, nous avions créé un groupe et on jouait dans des soirées dans le coin enfant », raconte-t-il. Son père perd un des membres du groupe et se retrouve dans une impasse. Sego et Steeve décident alors de proposer leurs services, alors qu’ils n’avaient que 15 et 13 ans. « Nous étions encore à l’école, mais nous aidions papa à l’hôtel deux fois la semaine. »
Sego s’envole pour l’Australie où il continue à faire de la musique à temps partiel dans les événements. De son côté, Toto réussit à intégrer l’équipe d’animation d’un hôtel pour après gravir les échelons et devenir responsable des animations.
« Je ne voulais pas seulement faire de la musique, je voulais manager des orchestres. » Ce passionné de vieux jazz et de musique oldies, travaille principalement avec les hôtels Sun et fait ce qu’il a toujours souhaité : former les orchestres.
« Nous avons de très bons artistes dans la famille et certains ont percé dans le domaine. » Derrière le succès d’un homme se cache une femme : Ketty Lebrasse, directrice de la compagnie et chorégraphe, est d’un précieux soutien pour lui.
À quelques années de sa retraite, il ne souhaite pas arrêter de jouer de la musique, mais plutôt de rester actif dans le domaine musical. Ses filles lui ont aussi emboîté le pas.
« Nous avons de très bons artistes dans la famille et certains ont percé dans le domaine »
S’épanouir à travers la musique
Avoir un emploi est un facteur important dans la vie, mais il est préférable d’en trouver un qui permette de s’épanouir. Et ce n’est pas Fiora qui dira le contraire. La jeune femme de 27 ans, comme son père Toto, a fait de la musique son gagne-pain.
Elle a choisi de se consacrer pleinement à la musique dans la pénombre des hôtels où elle fait montre de son talent de chanteuse.
Pourtant quand elle était adolescente, elle était introvertie et surtout ne réalisait pas encore qu’elle avait du talent. « Je devais vivre perpétuellement avec les commentaires des gens qui me connaissaient comme la petite fille de Serge et la fille de Toto. On me lançait même “Sant enn ti sega”, pour me taquiner. »
C’est en grandissant que Fiora s’est découvert un style musical propre. À l’âge de 11 ans, elle tombe amoureuse de la musique rock, hard rock, métal. « On me disait que j’avais du talent, mais c’est en 2013 que tout a commencé. J’avais intégré la chorale, lors d’un grand événement, et j’ai tout de suite aimé être sur scène et j’y ai pris goût ».
Fiora n’ayant aucune envie de retourner travailler dans un bureau décide alors de suivre son père. « Il manquait une chanteuse à mon père et j’ai été propulsée dans le groupe. » Fiora passe de deux fois le mois à trois fois par semaine.
« C’est la musique qui m’a permis de m’ouvrir au monde. J’avais du mal à transmettre des émotions au début et la musique est devenue un exutoire. J’ai aussi appris à prendre confiance en moi, lorsque j’ai confronté le public. »
Fiora chante maintenant tous les styles du Old School, en passant par des chansons des années 70 à 90, du rock et de la pop qu’elle revisite à sa sauce.
Carrière internationale
L’aînée des sœurs Lebrasse a embrassé une carrière internationale. Roxane Lebrasse s’envole pour l’Australie, avec sa mère, alors qu’elle a à peine 4 ans, et grandit à Melbourne. Elle retourne à Maurice en vacances à l’âge de 15 ans et voit évoluer son père dans la musique.
« Un jour alors que j’étais à l’hôtel Saint-Géran, je rencontre Linzy Bacbotte qui m’invite à chanter avec elle. Personne ne savait encore que j’avais du talent ». Choquée et agréablement surprise par sa voix, à son retour en Australie, Roxane poursuit alors des cours de chant avec un des meilleurs professeurs de ce pays.
À l’âge de 18 ans, elle bouge pour Sydney où elle entame des enregistrements dans un style R & B et pop et collabore avec de grands producteurs et chanteurs. Puis en 2005, elle est propulsée au sommet lorsqu’elle participe à l’émission Australian Idol, lors de laquelle elle se classe huitième.
Cette participation fut pour elle un tremplin dans sa carrière, lui permettant d’enregistrer son premier single avec Universal Music en 2007. « J’ai travaillé avec de nombreux artistes, dont James Morrison. J’ai eu l’occasion de faire des tournées », relate-t-elle.
Shows télévisés, interviews, séances de photos et rencontres avec des fans, les événements s’enchaînent pour Roxane Lebrasse. Après avoir été coach vocal dans les émissions comme The Voice ou encore Australian Idol, aujourd’hui mère de deux enfants, elle a choisi de retourner sur son île natale avec son mari producteur pour se poser et lancer son premier album qui sortira dans quelques mois.
« J’ai senti qu’il était temps de me consacrer pleinement à ma carrière. À Sydney je travaillais seulement pour payer mes factures. Aujourd’hui, je ne suis pas la plus riche, mais je poursuis mon rêve. J’ai su me diversifier dans la musique », confie-t-elle. « When you have music in your life, everything runs perfectly », fait-elle ressortir.
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