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Kidnapping à Madagascar - Yanish Ismaël : «Ces 23 jours ont été un cauchemar»

Le fils de Danil Ismaël, propriétaire du Trianon Shopping Park à Maurice, avait été enlevé à Madagascar le 14 mai. Ce n’est qu’après 23 jours, soit le 5 juin, qu’il a été relâché après la rançon versée par son père. Yanish revient sur son calvaire.

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Yanish Ismaël, 26 ans, revient sur les conditions de son rapt le 14 mai. Ce jour-là, son neveu de 12 ans l’accompagnait. Il se rend au cimetière d’Illafy, près du Tana, pour des prières en hommage de ses grands-parents. Ses cinq gardes-du-corps n’étaient pas en sa compagnie. Ensuite, l’oncle et le neveu s’apprêtent à rentrer.

« En regagnant ma voiture, à quelques mètres du cimetière, des véhicules m’ont entouré pour bloquer mon chemin, raconte Yanish. Des gens encagoulés, armés de pistolets et de Kalachnikov, m’ont approché. Mon neveu était effrayé. Je suis descendu, ils m’ont demandé si je suis le fils de Danil Ismaël et j’ai dit oui », relate Yanish. Au cours du rapt, un policier présent au cimetière a été tué par les ravisseurs, alors qu’il tentait de s’interposer.

Yanish est agressé. « Ils m’ont donné trois coups de poing à la tête et bandé les yeux avant de me conduire dans une petite pièce sombre. Ils m’ont délesté de ma montre et de mes lunettes. J’ai dû obéir à tout de peur qu’ils ne me tuent et je me suis muré dans le silence. Je n’arrivais pas à dormir. J’étais angoissé. Je ne pensais qu’à ma famille, à leurs inquiétudes. Je me suis aussi souvenu qu’un cousin, qui a été enlevé, n’avait jamais été retrouvé. »

C’est le début du calvaire pour Yanish. Il refuse de s’alimenter même si ses ravisseurs lui amènent de l’eau et de la nourriture. « J’étais moralement torturé car ils menaçaient de me tuer si mon père ne payait pas la rançon exigée. » Yanish prie et médite jour et nuit pour se calmer. Il est bouleversé de ne pouvoir communiquer avec ses proches qu’il devine aussi effrayés qu’abattus.

«Nous étions en larmes»

Il faut savoir que le kidnapping est devenu un sport national à Madagascar et que ce sont surtout les grandes familles indiennes qui en sont victimes. Après une semaine, ses ravisseurs appellent son père Danil, riche industriel et homme d’affaires malgache à la tête de la Société malgache de transformation des plastiques (SMTP), pour lui réclamer une rançon de plusieurs millions de roupies.

« Ils m’ont fait parler à mon père et je me sentais un peu soulagé. Je suis tombé malade, on m’a donné du paracétamol, mais je gardais espoir d’être libéré. Les jours étaient très longs. J’avais toujours les yeux bandés, sauf lorsque j’ai commencé à manger ou quand j’allais aux toilettes, mais j’étais toujours accompagné. Je n’ai jamais vu le visage de mes ravisseurs ni entendu leur voix car ils ne parlaient jamais en ma présence. Ces 23 jours ont été un vrai cauchemar ! » se remémore Yanish.

Après trois semaines en otage et le paiement d’une rançon, Yanish est enfin relâché. « Mes kidnappeurs m’ont déposé en bordure d’une route non loin de mon domicile. » Le jeune homme fait quelques pas et il voit ses proches venir à sa rencontre. « Nous étions tous en larmes, mon père m’a serré fort dans ses bras et ces retrouvailles sont les plus beaux jours de ma vie. »

Une messe célébrée

Le père de Yanish ne souhaite pas révéler le montant de la rançon. L’important, souligne-t-il, c’est que son fils est sain et sauf. Yanish confie que son neveu, qui se trouvait avec lui lors de l’enlèvement, est gravement affecté. « Il s’est renfermé dans sa chambre pendant deux semaines, il ne parlait à personne et a perdu six kilos. Ma fiancée, qui se trouvait à Londres, en a souffert aussi. Elle a aussitôt pris l’avion pour venir à Madagascar. » 

Yanish n’est pas près d’oublier sa mésaventure. « Je ne sors plus jamais seul. Mes proches et moi souhaitons quitter Madagascar pour nous installer à Maurice. Je remercie Dieu et tous ceux qui ont prié pour moi et ma famille durant cette épreuve. » Une messe a été célébrée mardi au retour de Yanish. Dans le cadre d’une enquête, huit personnes ont été interpellées par la brigade criminelle de Madagascar.

Danil Ismaël : « Mon fils était encagoulé et enfermé dans une chambre sombre »

Danil Ismaël en compagnie de ses deux fils Yanish et  Shahim.

Bouleversé, perturbé mais soulagé. Voilà comment Danil Ismaël, propriétaire du Trianon Shopping Park à Maurice, résume comment sa famille a vécu à Tana le kidnapping de leur fils Yanish, âgé de 26 ans.

« Yan était ligoté, encagoulé et séquestré dans une petite pièce sombre et humide », souligne amèrement l’homme d’affaires malgache. Danil Ismaël qualifie les 23 jours de séquestration de son fils pire qu’un film d’horreur.

Le patron de la Société malgache de transformation des plastiques (SMTP) poursuit son récit : « Il n’a pas non plus vu la lumière durant sa séquestration. Les bandits lui enlevaient sa cagoule seulement lorsqu’il devait manger ou allait aux toilettes.» Durant sa captivité, Danil dit avoir pu parler brièvement à son fils à deux reprises. « C’était dur. Le but de ces conversations était de me mettre la pression. »

Des retrouvailles émouvantes

La famille Ismaël croyait dur comme fer à une issue positive et gardait espoir de revoir Yanish : « C’était le lundi de la Pentecôte. Yan nous a appelés pour nous dire qu’il était sur l’autoroute et qu’il a été libéré. C’était dans la soirée. Nous venions dans le sens inverse et nous avions vu Yan, seul, en bordure de la route. » Les larmes de joie n’ont pas manqué lors des retrouvailles.

À ce stade, la famille Ismaël n’a qu’un seul objectif : retrouver sa stabilité. « Nous sommes dégoûtés. Mon fils n’a plus la même passion pour la Grande île. Nous envisageons de partir après ce triste événement. Yan retournera au Royaume-Uni ou aux états-Unis. Quant à nous, nous pourrions nous installer à Maurice. »

L’homme d’affaires ne pipe mot sur le montant de la rançon. Soit près d’un million d’euros (Rs 40 millions), selon les médias malgaches.

 

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