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Kailash Trilochun s’en prend à SAJ et Bodha : «Mo ena lamone sanze tou sa dimounn-la»

L’heure est à la riposte. Après son séjour en Afrique du Sud avec sa famille, l’homme de loi Kailash Trilochun est retourné au pays le jeudi 8 septembre. « Eski met enn case lakour pou kapav retourn larm mo mama ? » demande-t-il en évoquant les allégations qui ont été formulées à son encontre et qui ont fait souffrir sa mère.

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L’avocat Kailash Trilochun se défend bec et ongles. Il soulève plusieurs interrogations quant à l’implication de certains membres du gouvernement et de l’opposition dans toutes ces attaques. Assis dans son salon où sont présents plusieurs de ses proches, Me Kailash Trilochun, veste grise et un polo shirt bleu et noir, n’y est pas allé par quatre chemins. Le ton ferme, le poing serré, l’avocat jette un pavé dans la mare du gouvernement et égratigne au passage son beau-frère, le ministre Nando Bodha.

Il balaie d’un revers de la main les faits qui lui sont reprochés. « It has to stop », martèle-t-il. Au cœur de la polémique autour de ses honoraires dans un procès en réclamation de plus de Rs 1,1 milliard intenté par l’opérateur mobile Emtel à l’Information and Communication Technologies Authority (Icta), à Mauritius Telecom, à Cellplus et au ministère des Technologies de l’information et de la communication, il sort de son mutisme. Il explique qu’il n’a bénéficié que de quelques semaines pour se préparer. « Mo ena deux mois, même pas deux mois, mo ena trwa semaines pou ramas enn travay de 16 banané. Eoula ! Come on !...  Kouma Rs 4 millions inn vinn Rs 19 millions. Pa zis Kailash Trilochun ki travay lor sa zafer-la. Nou ti pe paye par ler tan », précise l’homme de loi.

« Fou li deor ! »

Selon ses dires, le Premier ministre sir Anerood Jugnauth était au courant de ces faits. Il affirme que le 6 avril, une réunion de haute instance s’est tenue avec la participation du Premier ministre. Or, le 1er septembre, lors d’une fonction à Balaclava, le Premier ministre a déclaré à la presse : « Mo ti fini dir bizin fou li deor partou kot li ete kom conseiller. » à cette attaque, Kailash Trilochun réplique : « Fou li deor ! Li pa pe rapel ki reunion ti fer et ki sannla la ti dir paye par ler tan. Me bizin dimann zot kestion es ki lepep pa pou fou zot deor. Li tro facil sa. »

Il fustige par la même occasion son beau-frère : « Misie Nando Bodha diboute koze. ‘Chokan !’ li dir. Al dimann Nando Bodha : ‘Be ou bofrer sa, zame li finn dir ou sa zafer 19 millions, sa zafer paye par ler tan la ?’ Si li ena enn tigit desans dan li, li pou dir ki monn dimann li intervenir pou ki bann-la pa desann dan sa path-la. Ki linn fer ? »

Et qu’en est-il des autres membres du board de l’Icta, s’interroge Kailash Trilochun.  « Enn Officer-in-Charge pa finn prepar enn estimate finn avoy board-la ? Ti dir al zwenn misie sir Anerood Jugnauth parski Kailash Trilochun mem pe dir sa pou kout zot pli cher. Ki fer pa finn fer sa bann zafer-la ? Kotsa sa bann mam board-la ete zordi ? Ki anonima ? Kailash Trilochun li koz kler. Eski  l’Icta pe fer tou pou mo perdi sa case-la ? Bizin al solisit zot asistans pou kapav fer case pou gagne. C’est incroyable, c’est le monde à l’envers. Parski mo pa koz souvan nek kapav pintir mwa kouma zot le. It’s not correct. »

Au sujet de l’agression du Chairman de l’Icta Bhanoodutt Beeharee, Kailash Trilochun a fait ressortir que ce ne sont que de simples allégations et qu’il faut avoir des preuves. « Bé la si mo dir X ti dimann mwa komision ladan, pou al aret li ? Si mo dire Y ti dimann mwa komision, bizin al aret li ? Si mo dire Z inn dimann mwa komision ? Dir Soodhun mo konn pran desizion mo demisione. Come on, e pa enn residivis ki pe dir sa, se Kailash Trilochun ki pe dir sa. Mo ena lamone sanze tou sa bann dimounn-la, me mo pa al dan bases. Mo gard mo lintegrite, mo gard mo focus », affirme l’homme de loi.  

Il concède avoir eu des différends avec Bhanoodutt Beeharee : « Misie Beeharee fer boukou. Ena kitsoz mo pa dakor. Mo eleve mo lavwa. Li pasvo enn Chairman Icta. »  Cependant, il tient à préciser qu’il n’a pas commandité l’agression de ce dernier. « Sa pa ve dir mo pou donn enn dimounn enn kout cutter. Se ki mo ena pou dir, mo ti deza fini dir li an fas. »


L’homme de loi irrite le gouvernement

Les déclarations incendiaires de Kailash Trilochun peu après  son retour au pays  sonnent probablement la fin de sa carrière au sein du Mouvement socialiste militant (MSM). C’est surtout son « Sa boug kinn dir fou li deor, pann ler lepep fou li deor ? » qui risque de lui coûter cher au niveau du Sun Trust. La cible est clairement le Premier ministre sir Anerood Jugnauth qui avait affirmé à des journalistes la semaine dernière que c’est lui qui avait donné l’ordre de « fou deor » l’avocat de toutes les instances gouvernementales où il touchait de l’argent, que ce soit comme conseiller légal ou comme président de la Financial Intelligence Unit.

Dans l’entourage proche de SAJ, l’on confie qu’il faut « laisser le Premier ministre prendre connaissance de la teneur exacte des propos de Kailash Trilochun. Il réagira à partir de là, car il est encore trop tôt pour faire des commentaires ». On souligne toutefois que lors de la réunion du 6 avril lors de laquelle le cas de Kailash Trilochun comme avocat de l’Icta dans l’affaire Emtel vs Icta, le Premier ministre n’avait nullement indiqué qu’il fallait payer l’avocat par heure.

Or, jeudi, Kailash Trilochun a affirmé que c’est le chef du gouvernement qui a demandé que l’homme de loi soit payé par heure de travail sur cette affaire et que c’est cette formule de paiement qui a fait gonfler le montant de Rs 4 millions à Rs 19,2 millions.

Au niveau de la direction du MSM, les paroles de Kailash Trilochun ne font pas rire du tout. Selon nos recoupements, une sanction n’est pas à exclure car non seulement, il s’en est pris directement au Premier ministre et leader de l’Alliance Lepep, mais aussi au ministre des Finances et leader du MSM, Pravind Jugnauth. Kailash Trilochun s’est aussi montré critique envers son beau-frère, le ministre et secrétaire général du MSM, Nando Bodha. Il a en effet déclaré aux journalistes que Pravind Jugnauth était présent à cette réunion « alors qu’il n’était même pas ministre ». L’insinuation est claire et pour certains au MSM, c’est inacceptable que l’avocat traîne dans la boue son propre leader. Pourtant, jusqu’ici, Pravind Jugnauth s’était montré, quant à lui, plutôt conciliant. Lors d’un congrès tenu à Vacoas la semaine dernière, le leader du Mouvement Socialiste Militant (MSM) avait vers la fin de son discours commenté toute la polémique entourant l’homme de loi, qu’il continue d’appeler « camarade ». Le leader du parti soleil avait affirmé, d’ailleurs, que ce n’est pas dans ses habitudes de juger prématurément une personne.


Kailash Trilochun à sa descente d’avion

Kailash Trilochun à sa descente d’avion

Ils étaient nombreux, amis et proches de Kailash Trilochun, à s’être donné rendez-vous, vers 11 heures jeudi, à l’aéroport de Plaisance, pour témoigner leur soutien envers l’avocat. Vyas Trilochurn, frère de l’ancien président du conseil d’administration de la FIU, était parmi les premiers arrivés. Il a déclaré aux journalistes présents qu’à ce stade, ce ne sont que des allégations qui ont été formulées contre son frère. « On a confiance dans la justice », leur a-t-il lancé.

Bien que l’homme de loi n’ait pas été arrêté à sa descente d’avion, des limiers du Central Criminal Investigation Department étaient eux aussi présents. Ces derniers se sont d’ailleurs entretenus pendant près d’une heure avec l’avocat.

Dans une brève déclaration accordée aux journalistes, Kailash Trilochun a dit : « Ena mari zoli soley deor. Mo kontan mo rant mo pei ek mo pe al mo lakaz. » Il a aussi tenu à préciser qu’il n’a reçu aucune convocation. Interrogé sur les allégations faites contre lui, l’avocat a répondu qu’une enquête est en cours. « Laissons la police faire son travail. »

Agression du Chairman de l’Icta : Sylvio Candahoo reconduit en cellule policière

Jacques Desiré Sylvio Candahoo, 43 ans, a comparu en cour correctionnelle de Port-Louis jeudi. Il a indiqué que personne ne lui avait rendu visite alors qu’il était en détention. Et ce, malgré la demande qu’il a formulée, lors d’une précédente audience, pour être entendu par un représentant du bureau des droits de l’homme. La magistrate Adila Hamuth a alors demandé aux policiers qui l’escortaient de faire le nécessaire. Le prévenu a ensuite été reconduit en cellule policière.

Ce mécanicien habitant cité-La-Cure fait l’objet de deux accusations provisoires dans le cadre de l’enquête sur l’agression de Bhanoodutt Beeharee, Chairman de l’Information and Communication Technologies Authority (Icta). Il est provisoirement accusé d’agression avec préméditation et d’entente délictueuse en vue d’intimider la victime.

C’est le 26 mai, à la rue Brabant à Port-Louis, que Bhanoodutt Beeharee a été agressé au cutter. Il avait dû être admis aux soins intensifs de l’hôpital Jeetoo. La police avait alors ouvert une enquête. Dans cette affaire, Jean Pascal Roy Collet, qui est le beau-frère de Sylvio Candahoo, et Gérard Christopher Benoit, un maçon de 30 ans, ont été provisoirement inculpés d’entente délictueuse. Un dénommé Steeven St Pierre a lui aussi été arrêté. Ces trois hommes sont actuellement en liberté conditionnelle.

 

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