Jeunes engagés, ils ont choisi de faire bouger les choses. Dans tous les secteurs confondus, santé, éducation, artisanat, social et environnement, ils se battent pour faire entendre leurs voix. En marge de la Journée internationale de la jeunesse, découvrons quelques-uns qui se démarquent.
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Jonathan Arsene : ou la rage de réussir
Il est la persévérance personnifiée. Du haut de ses 28 ans, Jonathan Arsene a su briser les stéréotypes. Cet habitant de Résidence Barkly est, aujourd'hui, diplômé en Community Service. Il a su faire taire tous ceux qui ne croyaient pas en lui et qui ne lui prédisaient pas un avenir brillant. « À 11 ans, j'étais analphabète et c'est l'école complémentaire qui m'a permis de réussir mes examens de CPE, explique Jonathan. Lorsque j’ai voulu cesser d’aller à l’école, ma maman a insisté pour que je refasse ma Form III. » Malgré les obstacles Jonathan fonce. À 20 ans, il décide de venir en aide à ces jeunes qui, comme lui avant, connaissent des difficultés scolaires.
Il s'engage comme bénévole auprès du Centre of Learning. « Ma motivation était d'être un exemple pour eux, une source d'inspiration. » Il suit des cours de leadership et de volontariat au centre qu’il intègre ensuite en tant que Field Worker. « C'est la providence qui m'a poussé à travailler pour mon quartier et pour ces jeunes. »
Malgré son maigre salaire, Jonathan, plus déterminé que jamais, termine ses études secondaires et s'inscrit pour un diplôme en Community Service. Il est aujourd'hui responsable de projet au Centre of Learning. « J'ai toujours été entouré par des role models et je voulais en être un à mon tour », fait ressortir Jonathan. Il fait des plaidoiries dans des collèges afin d'encourager les jeunes à faire du volontariat. « Je veux rassembler un maximum de jeunes autour du social et leur expliquer l'importance de l'éducation. »
Bianca Labonté-Ramjaram Une meilleure prise en charge des enfants diabétiques
Bianca Labonté-Ramjaram a su, au fil de sa carrière, allier sa passion pour le social et sa vie professionnelle. Actuellement manager de T1 Diams, elle raconte : « Je suis tombée sur une annonce dans le journal et j'ai intégré l'équipe de T1 Diams en 2015 alors que je n’avais aucune notion du diabète chez l'enfant. » Un challenge que Bianca va relever haut la main et sans regrets. La manager de T1 Diams y découvre un univers qui l'interpelle.
« Des liens d’amitié se tissent avec les bénéficiaires au fil des rencontres et ils n’hésitent pas à venir vers moi lorsqu’ils ont besoin de conseils. » Au rythme de ses rencontres, sa passion pour son métier se développe en amour.
« Mon travail est plus qu’un métier, c'est une passion en plus de mon amour pour les enfants et les jeunes. Donner de son temps et de son énergie pour les autres sont des valeurs qui se font rares de nos jours. »
Aujourd'hui, Bianca lutte pour une meilleure prise en charge des enfants et des jeunes atteints du diabète de Type 1. « Nous souffrons d'un manque de structures appropriées dans les institutions scolaires, surtout pour les enfants en bas âge qui doivent faire leur injection d’insuline à l’école sans leurs parents. Une infirmière scolaire dans les écoles, c’est le minimum que nous demandons pour ces enfants. C'est un combat de longue haleine mais nous ne baissons pas les bras », précise Bianca.
Sean Fourmacou : faire beaucoup avec peu de moyens
Il est derrière le projet Youth Sceal, plus précisément le projet Esafodaz. Sean Fourmacou se fait le porte-parole des jeunes. Ce jeune homme a débuté dans le volontariat à 17 ans auprès des écoles complémentaires. « J'ai été exposé à la réalité des choses dès mon adolescence surtout dans les quartiers de Richelieu et Barkly, explique Sean. Tout cela a contribué à renforcer mon intérêt pour le social. » Après six ans d'engagement auprès de l'école complémentaire, il découvre un autre aspect du volontariat lors de ses années universitaires lorsqu'il rejoint AISEC. « Avec AISEC, j'ai appris à gérer les projets au niveau de l'Afrique. »
En août 2013 et face au manque d'informations sur les opportunités existantes pour les jeunes, Sean décide de regrouper une dizaine d'amis autour de Youth Sceal. Le choix de l'artisanat est évident parmi les nombreux projets présentés par l'association. Parmi les projets : Esafodaz à Vacoas, un incubateur d’entreprise au niveau des communautés vulnérables et Ekleraz à Sainte-Croix, une cellule conçue pour aider les jeunes Mauriciens dans leur orientation scolaire et professionnelle.
« Notre troisième projet, le blog Youth Sceal, existe depuis mars 2014 et partage le parcours de jeunes Mauriciens », explique Sean Fourmacou.
Comme lui, il souhaite ouvrir des portes à d'autres jeunes. « Ce que je fais me permet de développer mes compétences personnelles et professionnelles. Ces projets m'ont aussi permis de réaliser que l'on peut arriver loin et faire beaucoup avec peu de moyens. »
Sam Golam : ses amis, les bêtes
Son objectif : plus jamais de chiens et de chats errants sur nos routes ! Sam Golam est le président de l'association Second Chance Animal Rescue (SCAR). Ce passionné d'animaux, habitant de Terre-Rouge, raconte : « Tout jeune, je recueillais les animaux abandonnés de mon quartier et je les gardais chez moi en attendant de leur trouver un abri. »
Alors que les réseaux sociaux commencent à prendre de l'essor, Sam décide de faire des photos de ces bêtes et de les poster sur un groupe Facebook qu'il nomme ‘Pa laiss zanimo dan nou lendrwa maltraite’. « Deux ans plus tard, les gens me contactaient en grand nombre pour adopter des animaux abandonnés ou simplement pour aider », confie Sam.
Convaincu qu'il peut changer les choses et les mentalités, il décide de lancer l'association SCAR, qui est devenue une référence en matière de sauvegarde d'animaux. Sam délaisse alors son job pour se consacrer à temps plein à sa passion. « C'était quelque chose qui prenait beaucoup de mon temps et de mon énergie et je voulais vraiment tout donner pour ces animaux. »
Actuellement, il abrite chez lui 23 chiens et 45 chats sauvés à travers l'île, qui attendent tous d'être adoptés. Une cinquantaine de membres s'est jointe à SCAR. « La clé du problème, c’est la stérilisation et il est important pour nous de sensibiliser les Mauriciens sur le sujet », souligne Sam.
Pratima Neermaull au cœur de l'environnement
L'environnement lui tient à cœur. Pratima Neermaull est la fondatrice et la secrétaire de l'ONG Roches-Noires Eco Marine. Tout commence pour elle, il y a quelque six ans, lorsque l'ONG Reef Conservation, très active dans la région de Roches-Noires, décide de recruter des Eco Guides. « J'ai toujours été une amoureuse de la nature et avec un groupe d'amis, on organisait souvent des randonnées dans les caves et les marécages de la région. »
Pratima et une dizaine de jeunes s'inscrivent ensuite au cours Eco Guide Marine Training pendant trois mois. « J'étais plus souvent sur le terrain, mais à travers ce cours, j'ai appris à mieux connaître l'écosystème », raconte Pratima. En 2013 avec d'autres amis, elle fonde l'association Roches Noires Eco Marine dont le but est de sensibiliser le public sur l'environnement. Open day, journées de nettoyage, Pratima travaillait aussi avec plusieurs autres associations comme l’AISEC notamment pour le nettoyage de Volunteering Marine Conservation Area (VMCA).
À ses côtés aujourd'hui, une vingtaine de membres de même que de nombreux jeunes bénévoles actifs lors de chaque activité organisée. « D'autres Eco Guides ont été formés et ont rejoint notre ONG. » Le travail de Roches Noires Eco Marine leur a valu le troisième prix dans la catégorie environnement pour le Youth Excellence Award en 2013 et le premier prix pour l’Energy Globe Award 2015 pour le projet Discover our Lagoon.
« Si pena lenvironman pena narnien. Il faut être conscient que chaque action a ses réactions et qu'un simple sac en plastique jeté peut finir à la mer et être mangé par des poissons », souligne Pratima.
Anne-Lise Pigeot : un appel vers le social
Elle a eu le déclic alors qu'elle était scout. Anne-Lise Pigeot, manager de l'ONG Pont du Tamarinier, est altruiste dans l'âme. « C'est lors d'une journée d'embellissement dans un village pauvre que j'ai eu comme un 'wake up call', confie Anne-Lise. Ce fut un vrai 'eye-opener' pour moi et depuis mes 15 ans, j'ai une soif de faire encore plus de bénévolat. » Au fil du temps, Anne-Lise élargit son groupe d'amis et rencontre des jeunes qui font du social.
Elle intègre GASA et voit naître le projet Ecole Solidarité Justice, connu comme les écoles complémentaires. « J'y ai donné des leçons aux enfants défavorisés. » Bien qu'essayant de travailler dans un autre secteur, la providence la pousse à faire un diplôme en Community Service en Australie suivi d'un diplôme en Management avant de retourner à Maurice et pour faire face aux réalités et à la pauvreté. Après un passage au Centre de Solidarité, elle se voit proposer le poste de manager de l'association Le Pont du Tamarinier.
« J'ai toujours ressenti cet appel vers le social, je ne voulais pas rester dans un petit cocon. C'est une joie pour moi aujourd'hui d'aider à construire la communauté de demain. Sinon que restera-t-il pour les générations qui suivent ? » Son souhait, c'est que les 46 familles de Carré d'As soient aussi relogées comme celles du village Tamarinier, qui fête ses dix ans cette année.
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