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Jeux de hasard, courses et autres paris : fortunes diverses pour les parieurs

Gagner sa vie au poker ou en misant sur les jeux de hasard, sur les courses de chevaux ou sur les matches de football n’est pas l’affaire du citoyen lambda.

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Il faut déjà trouver les fonds pour jouer tous les jours et, surtout, avoir Dame Chance de son côté. Nous nous intéresserons aux paris sur les courses et les matches de football à l’étranger. Est-ce un moyen rapide de devenir riche ? Ou au contraire, source d’endettement, entre autres soucis…

« Only bet what you can afford to lose ». Ce n’est pas un adage dénué de sens… Bien au contraire ! Nombreux sont les parieurs invétérés qui se sont mordu les doigts en pariant des sommes faramineuses aux courses ou sur le football. Nous avons fait le tour de la question avec quelques parieurs et amis de ces joueurs compulsifs, qui parlent sous le couvert de l’anonymat.  

« Monn bizin van lakaz, terin, loto akoz zwe. Pa zis kazino, ena lekours ek football ! » L’aveu est de taille, mais John S., la quarantaine bien entamée, ne le cache pas. Le jeu a failli le détruire, sa famille avec… « Ti kapav perdi fam zanfan tou akoz zwe », poursuit cet habitant de l’Est. L’homme ne mise plus un sou sur un cheval, sur un match de foot, ni ne place un jeton à la roulette. « J’ai appris de mes erreurs. J’étais un joueur compulsif.

Après une journée aux courses, gagnant ou perdant, j’allais à un comptoir d’une maison de paris sur le football avant de me diriger vers le casino. Si la chance sourit, c’est tant mieux, sinon en rentrant à la maison, je tente le coup chez les bookies clandestins ou je mise encore sur les matches de foot. C’est un cercle infernal qui fait plus de tort que de bien », reconnaît cet ancien zougader. Il concède que nul ne pousse une personne à miser aux courses ou sur le football, « c’est l’envie de gagner plus d’argent, de sortir d’une certaine misère pour pouvoir vivre comme les autres, entre autres prétextes (ndlr, il pèse sur le mot prétextes) qui pousse les petites gens à jouer ». 

Et pour John S., Dame Chance n’a jamais été de son côté, « du moins, sur le plan zougader ». « J’ai dû vendre mes biens immobiliers, contracter un emprunt pour me refaire une santé. Heureusement, ma femme, qui n’en pouvait plus, est quand même restée à mes côtés dans ces moments durs. C’est sa ma chance… Aujourd’hui, jouer ne me dit plus rien. J’en ai fini avec », dit notre homme.

Comme John, ils sont nombreux qui vivent pareil drame. « Oui, c’est un drame », laisse-t-il entendre. Il dit connaître des businessmen, propriétaires de chevaux, voire d’écurie, qui ont été ruinés par leur passion du jeu. Combien de personnes rentrent chez elles bredouilles, à pied, le ventre vide après avoir tout perdu au jeu, demande-t-il, tout en remerciant le ciel de lui avoir permis de sortir de ce guêpier. « Les nuits sans sommeil, je ne les comptais plus… J’étais au bord du gouffre. Je pensais à toutes sortes de combines pour expliquer pourquoi il n’y avait plus d’argent à la maison. Mais sans la famille, cela aurait été difficile de remonter la pente », dit John.

Et les chanceux dans tout ça…

Contrairement à ce quadragénaire, certains n’ont pas eu la même chance. Citons le cas d’un bookmaker qui, dans les années 90, fit faillite aux courses. Les faits sont racontés par l’un de ses amis. Désespéré, dans la soirée, il prit ce qu’il lui restait comme argent pour aller tenter sa chance au casino, où il perdit le tout. Incapable de faire face à cette situation, il mit fin à ses jours par pendaison.

Ou encore ce cas raconté par l’ami d’un ancien habitant d’un faubourg de la capitale, qui avait fait des paris sa seule religion. En quelques mois, il perdit sa maison et sa femme le quitta. Aujourd’hui, il serait à l’étranger, où il s’est quelque peu assagi.

Si on a dépeint le côté néfaste de la chose, il y a des chanceux qui n’ont pas à miser gros pour se faire un max de sous. « Que ce soit au casino, aux courses ou pour le football, il ne suffit que d’une once de chance pour toucher le pactole », dit David V. Ce jeune homme dit miser au moins Rs 50 par jour sur les matches de football et Rs 300 par semaine aux courses. « Ce sont quand même quelques milliers de roupies que j’aurais pu économiser, mais que voulez-vous ? Se enn ti vis a par sa ! » dit-il. « Si lasans porte, ou zoli. Ek Rs 50, monn deza gagn Rs 27 000 lor leve pile foutborl. Lekours, mo met Rs 100 lor de favori ek Rs 50 lor de awtsyder. Si de favori la rantre, mo korek. Si bom la pase, enn bonis sa. Pa bizin par miyon pou fer leker kontan… », poursuit David qui, malgré son jeune âge, privilégie le responsible betting.

« Pourquoi ? C’est simplement parce que je connais des gens qui ont tout perdu et d’autres qui contractent des loans pour payer des dettes de jeu. Cela fait cliché, mais je suis du genre à suivre ce conseil, qui dit : Bet only what you can afford to lose ». 

Un autre jeune dit, lui, avoir touché gros grâce à un  ‘tuyau’ qu’un inconnu lui avait refilé.  « Je rentrais à la maison quand j’ai rencontré cette personne. Sa moto était tombée en panne.

Je me suis arrêté pour lui venir en aide. Le motocycliste, reconnaissant, m’a donné le nom d’un cheval et m’a invité à miser dessus. Le cheval était coté à Rs 6 000 pour une mise de Rs 100 ». Il a misé et a gagné près de Rs 150 000… « Cela vous arrive une fois dans votre vie. J’ai investi tout l’argent dans la construction de ma maison. Et pour tout vous dire, je ne misais pas plus de Rs 110 avant que cette personne ne me donne ce ‘tuyau’. Et depuis, j’ai repris mes bonnes vieilles habitudes. Pa plis ki Rs 110 lor enn seval (rires) ».

Pour résumer, John et David s’accordent à dire que la passion du jeu est un couteau à double tranchant. « Au jeu, tout est une question de chance. Tout peut arriver en moins de deux minutes (aux courses) ou en 90 minutes (au football). Je connais cette souffrance de perdre tout son argent. Mon conseil (si ce n’est pas d’arrêter avec les paris), c’est de jouer tout en sachant quitter la table au bon moment », dit John.

Quant à David, il dira simplement que le dur labeur et les sacrifices sont les seuls moyens (honnêtes) pour avancer dans la vie.  

« Mais bon, moi je joue pour le moment, car je n’ai pas de grosses responsabilités. Je sais que, quand je vais fonder une famille, il va me falloir couper avec ce monde. Li impe parey kouma al diskotek. Ariv enn laz kot ou pou nepli envi ale », dit-il dans un petit rire.


Gopal Gujadhur, Totelepep : «Le GM perd beaucoup d’argent avec les mises à l’étranger»

Le Dr Hemant Gujadhur est le directeur de Globalsports Ltd, société qui gère Totelepep. Il nous livre ses impressions sur l’Internet Betting.

Comment opère l’Internet Betting ?
Il n’y a pas d’Internet Betting à Maurice. La loi ne le permet pas, mais un Mauricien peut le faire avec une compagnie basée à l’étranger, comme Bet365, Ladbrokes… Le gouvernement perd beaucoup d’argent, tout comme le Mauritius Turf Club. Nous perdons beaucoup de clients à cause de cela.

Sur Bet365, vous pouvez, par exemple, miser sur un cheval pendant la course, à 600 mètres du but. Je l’ai vérifié. Vous n’avez aucune taxe à payer. Si vous optez pour un levé pilé sur trois chevaux et que les deux premiers ont gagné, vous pouvez toujours cash out, si vous sentez que le troisième risque de perdre.

À Maurice, on ne peut le faire avec notre système de Tote. Les bookmakers non plus. Le live betting ne se fait pas pour les courses hippiques locales. Comment le faire de toute façon ? Il faut être équipé. Par contre, cette option existe sur Bet365. Et il est facile maintenant pour n’importe qui d’ouvrir un compte sur Bet365. Il suffit de produire votre carte d’identité et une carte de crédit.

Quelles sont les conséquences ?
J’ai entendu dire que les Mauriciens misent des millions de roupies chaque semaine. On mise 4 à 5 millions de roupies chaque semaine sur des courses hippiques locales, sur Bet365.

Pourquoi promulguer des lois bien strictes, imposer une taxe de 10 % sur le betting, alors que le parieur mauricien peut miser en toute liberté auprès d’un compagnie étrangère ? Le gouvernement ne perçoit pas un sou, tout comme le Mauritius Turf Club. On ne parle que d’une seule compagnie étrangère. Il y a aussi Racebet.com et autres avec lesquelles on peut parier sur les courses hippiques de Maurice.

Nous, nous devons payer Rs 40 000 par appareil. Si nous voulons en installer d’autres, cela prend trois mois entre la demande auprès des autorités et l’installation. Et c’est toujours Rs 40 000 par machine, peu importe le nombre de journées restantes.

La taxe versée l’an dernier est de plus de Rs 50 millions. Si le gouvernement nous facilitait la tâche, il encaisserait encore plus. Par contre, si on nous complique la tâche, les parieurs se tourneront vers les compagnies étrangères. Ce sera un manque à gagner pour le gouvernement et pour le MTC. À mon avis, le MTC devrait conclure un accord avec les firmes étrangères pour ce qui est du fixed odds betting, puis essayer d’obtenir du gouvernement un permis pour un international pool betting pour le Tote. En même temps, il faudrait interdire aux Mauriciens de miser auprès des compagnies étrangères. Cela amènera des millions dans les caisses du gouvernement.

Avez-vous abordé cela avec les autorités ?
Oui, mais c’est plus compliqué qu’on ne le pense. Si on introduit le Internet Betting ici, la banque imposera une charge de 2 % ou 3 % au parieur. Il préfèrera miser chez une compagnie étrangère... D’où la raison de bloquer d’abord l’accès à ces compagnies. Ensuite, il faudra réviser tout le système de taxation sur les paris. Accorder une licence pour l’Internet Betting n’est pas aussi simple. Il faudra discuter avec tous les acteurs du jeu.

Les paris en ligne ont la cote

« Les paris en ligne (online betting) prennent de l’ampleur. S’ils ne sont pas encore promulgués à Maurice, il est autorisé pour les non-résidents. L’argent recueilli va en Angleterre, aux Bahamas, à Gibraltar… Tout passe par la carte de crédit.

Dans ce processus, c’est le gouvernement mauricien qui perd de l’argent », indique une source proche d’une betting company. Les banques devraient-elles bloquer l’utilisation des cartes, se demande notre source. Pour contrecarrer cela, il faudrait, dit notre interlocuteur, accorder un droit de Internet Betting aux compagnies mauriciennes. Il rappelle qu’il n’y a pas de taxe sur les jeux à l’étranger, ce qui attire les parieurs.


Guillaume Hardy, Supertote : «La majorité des parieurs sont animés par la passion du jeu»

« Mizé Pou Amizé », c’est le logo de Supertote, propriété de d’Automatic Systems Limited. Guillaume Hardy, la propriétaire, souligne que la majorité des parieurs « sont animés par la passion du jeu et non par l’avidité des gains ». « C’est exagéré de dire qu’on en fait une nation de zougader. Ces parieurs sont des passionnés, ils veulent juste s’amuser. D’ailleurs, il n’y a aucune étude pour affirmer que les gens misent sur les courses et les matches de foot dans le seul but de gagner de l’argent.

J’insiste sur le fait que le parieur doit le considérer comme une distraction, il doit parier pour le fun », déclare-t-il. « Il y a une différence entre parier sur les courses et les matches de foot et le fait de fréquenter le casino », ajoute-t-il.

Supertote dispose de 24 succursales équipées pour les paris. Pour miser sur les matches de foot, Supertote dispose d’une entité spécialisée, le Superscore. Comme l’autre maison de Tote, Supertote est lui-aussi un siège des paris mutuels. L’argent est redistribué aux parieurs gagnants à partir d’un pool, selon le dividende déterminé pour chaque course. Guillaume Hardy affirme qu’en général, 75 % des mises repartent vers les parieurs. Il précise que pour 2017, pour les courses, 73 % des mises sont allés aux parieurs gagnants, alors pour les matches de foot, 82 % des mises sont allés aux parieurs gagnants.

 

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