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Jean Michel Pitot, président de l’AHRIM : «Si la Workers Rights Act n’est pas revue, le tourisme est condamné»

Un toast entre le ministre du Tourisme et le président de l’AHRIM.
  • Pas de reprise dans l’industrie avant 2023
  • Les hôteliers favorables à l’abandon de la quarantaine 

Que le gouvernement ait le courage de venir de l’avant avec de nouvelles lois du travail. C’est ce que réclament les hôteliers. Ils se prononcent aussi en faveur de l’abandon de la quarantaine. Gros plan sur leurs demandes lors de la 47e assemblée générale de l’Association des hôteliers et des restaurateurs (AHRIM), le jeudi 5 novembre, à Hennessy Park, à Ébène.

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Révision de la loi 

Si la Workers Rights Act est appliquée, dans sa forme actuelle et dans toute sa rigueur, l’industrie touristique sera condamnée. C’est sur un ton ferme que Jean-Michel Pitot, reconduit au poste de président de l’AHRIM, l’a fait ressortir lors de la 47e assemblée générale de l’association. 

Il a lancé un appel aux autorités pour avoir le « courage de réfléchir à de nouvelles lois du travail qui permettront la pérennisation de l’industrie ». « L’État doit libérer les hôtels de toute contrainte qui pourrait gêner cette inévitable transition. Cela relève de l’urgence économique », estime-t-il. 

À l’heure des questions, il a donné plus de précisions sur ses attentes concernant les lois du Travail. En effet, il estime que l’aide que l’État a mise en place vise à éviter des licenciements dans les hôtels. Cependant, la réflexion doit se pencher sur après la réouverture des frontières. « Nous aurons à remplir les hôtels tout en gérant notre personnel et les biens minimes que nous aurons à ce moment-là », explique-t-il. Ainsi, des lois adaptées, qui permettront par exemple d’employer des travailleurs à temps partiel peuvent selon lui être très utiles pour le secteur. D’autres pays ont cette flexibilité au niveau de l’emploi.

Steven Obeegadoo : « préparer Maurice pour le tourisme de l’après Covid-19 »

Le tourisme est dans une impasse depuis plusieurs mois. Le reconfinement de plusieurs pays d’Europe a jeté un froid sur le secteur, repoussant toute ambition de relance. Est-ce le moment de miser sur le tourisme interne ? À en croire, Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme, le moment est venu de donner une nouvelle dimension au tourisme local. « Le potentiel et les différentes facettes du tourisme de Maurice et de Rodrigues peuvent être explorés pour la période des festivités », a-t-il fait ressortir lors de l’assemblée générale de l’AHRIM. 

Cela pourrait être une réponse à l’absence de touristes étrangers sur le sol mauricien. Une absence qui sera sans aucun doute prolongée alors que Steven Obeegadoo a précisé que « la réouverture des frontières ne se fera pas dans les prochaines semaines ». Le gouvernement a pris les dispositions nécessaires pour contenir la propagation de la Covid-19 et ainsi protéger la population. D’où l’importance de la quatorzaine et des tests PCR. « Nous avons eu des cas de contamination durant la quatorzaine », tient à préciser le numéro deux du gouvernement. 

La pandémie entrainera du changement. De ce fait, Maurice doit se préparer pour l’après Covid-19. Le ministre du Tourisme avance qu’il y a « tout un avenir à inventer ». Pour y parvenir, il mise sur le dialogue public-privé. Il invite ainsi à la solidarité des partenaires du tourisme pour réfléchir en ce sens. 

Pour un plan de relance 

Jean-Michel Pitot est catégorique. Il est grand temps d’engager un véritable plan de relance du tourisme. « Il nous faut abandonner graduellement un plan de soutien qui n’est pas soutenable dans la durée, et tendre vers un plan de relance qui prépare l’avenir », recommande le président de l’AHRIM. Maintenir cette aide artificielle au-delà des six prochains mois mettra en péril les entreprises, avance Jean-Michel Pitot. Car, ajoute-t-il, les hôtels se verront non seulement forcer d’assurer à 50 % les salaires d’un effectif important et majoritairement en chômage technique, mais aussi d’importants coûts fixes d’entretien. D’où son appel au gouvernement pour entamer une réflexion sur un plan de relance pour le tourisme. « C’est permettre à nos hôtels de se restructurer durablement. C’est desserrer les contraintes légales dans lesquelles ils fonctionnent et faciliter une réorganisation de leurs ressources humaines. C’est accepter que le marché du travail puisse fonctionner plus librement selon l’offre et la demande, sans interférence prépondérante de l’État. C’est en somme inventer un nouveau modèle économique pour nos hôtels », a-t-il indiqué.

Le tourisme, la dernière activité qui connaîtra la reprise   

Jean Michel Pitot, le président de l’Association des hôteliers et des restaurateurs, n’a pas mâché ses mots vis-à-vis de ceux qui disent que le pays peut s’en sortir sans le tourisme. « On entend dire qu’il est préférable de sécuriser dans l’immédiat 75 % de l’activité économique, plutôt qu’ouvrir les frontières et risquer de tout mettre en péril. À ces personnes, j’ai envie de demander : est-ce qu’on peut rouler longtemps avec une voiture à trois roues ? Ne nous leurrons pas : le pays n’est pas près de trouver une alternative au tourisme », a-t-il déclaré. Car, avance-t-il, la crise touche le tourisme au cœur, dans ce qui fait sa spécificité aller à la rencontre de l’autre, promouvoir le contact social, l’échange, rechercher l’éloignement de chez soi… « C’est parce que la Covid-19 interdit tout cela que le tourisme sera la dernière des activités économiques à reprendre », prévient-il. 
À quand donc la reprise ? « Pas avant 2023, disent les analystes avec de plus en plus d’insistance. Les plus généreux osent parler d’une reprise à hauteur de 25 % des activités en 2021, et peut-être de 50 % en 2022… », explique Jean Michel Pitot. 

Abandon de la quarantaine : une option à étudier 

Il est urgent de poursuivre l’ouverture de nos frontières, insiste Jean-Michel Pitot. « Il peut paraître peu pertinent d’en parler, alors que l’Européen semble avoir perdu en ce moment l’intérêt pour le voyage. Mais cela ne va pas durer. Il nous faut être prêts », fait ressortir le président de l’AHRIM. Il faut imaginer un dispositif sanitaire d’accueil sympathique et convivial à l’intention du touriste et montrer que le pays sait vivre avec la Covid-19. L’AHRIM se montre aussi favorable à l’abandon de la quarantaine. « Tahiti, pour ne citer que cette destination, l’a abandonnée. Elle l’a remplacée par trois étapes : un test trois jours avant le vol, un formulaire de santé en ligne et un autotest remis à chaque voyageur, à réaliser quatre jours après l’arrivée sur place. Cette septaine n’est pas forcément la voie à suivre, mais elle mérite d’être observée », propose Jean-Michel Pitot. 

Chiffres à retenir 

  • -125 000. C’est le nombre d’emplois directs et indirects que compte l’industrie qui représentait 25 % du Produit intérieur brut avant la Covid-19. 
  • Le Wage Assistance Scheme couvre jusqu’à 50 % des salaires des employés d’hôtels. Ce qui représente qu’un quart des dépenses mensuelles actuelles. « L’État a versé, sur les six derniers mois, plus de Rs 3 milliards, mais les opérateurs en ont déboursé, eux, Rs 9 milliards », soutient l’AHRIM. 

Fabrice Larétif  

 

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