Interview

Jayen Chellum : «Notre combat pour l’élargissement de l’espace démocratique se poursuit»

Jayen Chellum Jayen Chellum (secrétaire général de l’ACIM)

Le secrétaire-général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, persiste et signe. Malgré les explications fournies par le gouvernement, il est toujours opposé au projet Metro Express.

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« Nous demandons que le peuple ait son mot à dire dans tout projet qui risque d’hypothéquer l’avenir des générations à venir »

Faisant fi de la vague de protestation actuelle, le gouvernement va de l’avant avec le projet Metro Express. Qu’avez-vous à dire ?
Il est clair que depuis le début, le gouvernement a adopté la logique de «  Sa Majesté fait la loi  ». Il a imposé un projet, le Metro Express, projet coûtant des milliards sans consultation aucune avec la société civile et sans étude comparative avec les autres moyens alternatifs moins coûteux. C’est triste, surtout venant d’un gouvernement qui avait promis un élargissement de l’espace démocratique. Ce n’est qu’après avoir octroyé le contrat, qu’il annonce qu’il va engager des négociations avec les syndicats. N’est-ce pas mettre la charrue devant les bœufs ?

Donc, vous ne vous êtes toujours pas laissé convaincre par la présentation de ce projet et par les déclarations ministérielles ?
Absolument pas. Il y a eu trop de zigzags autour de ce projet par ce même gouvernement avant et après les élections. Durant la campagne électorale, l’Alliance Lepep se déclarait contre le métro léger. Pire, elle a même promis des référendums sur des projets de portée nationale. Mais une fois au pouvoir, on constate que ce n’était que des fausses promesses. Le gouvernement retire le métro léger des oubliettes et le baptise Metro Express.

Je maintiens qu’un projet d’une telle envergure ne peut coûter que Rs 18,8 milliards. L’avenir nous le dira. Cela dit, je ne suis toujours pas convaincu qu’il n’y aura pas de pertes d’emplois parmi les travailleurs du transport public. D’ailleurs, on est déjà témoins de la grogne parmi ces derniers et la menace d’une grève de la faim. Je prends aussi note de l’existence de plusieurs zones d’ombre qui subsistent sur le coût du ticket. Après avoir dit que le prix du métro sera aligné sur celui de l’autobus, on dit maintenant qu’il passera à Rs 50 dans trois ans et augmentera par Rs 10 tous les cinq ans.

Et maintenant que les dés sont jetés, continuerez-vous le combat contre le Metro Express et comment vous y prendrez-vous ?
Sans aucun doute. Nous poursuivons notre combat pour l’élargissement de l’espace démocratique. Il faut en finir une bonne fois avec des projets qu’on nous impose sans consultations préalables. À travers une pétition que nous lançons au niveau national, nous demandons que le peuple ait son mot à dire dans tout projet qui aura un grand impact sur l’économie et qui risque d’hypothéquer l’avenir des générations à venir. Nous resterons la voix des sans-voix. L’histoire retiendra que nous avons été aux côtés du peuple dans ce combat.

Ces derniers temps, on a enregistré des hausses de prix dont celui de la viande de mouton. Vos commentaires.
L’économie ultralibérale et le refus de tout gouvernement d’intervenir même, quand les profits sont outranciers, laissent une voie royale aux commerçants. L’illustration la plus flagrante est justement la hausse du prix de la viande de mouton sous prétexte que le coût à l’importation de l’Afrique du Sud a accusé une hausse.

Or, des recherches que nous avons menées auprès de Statistics Mauritius, nous apprennent que la majorité du volume d’importation de cette viande provient de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande et que 5 % viennent de l’Afrique du Sud. Le plus navrant est la passivité du ministère du Commerce et de la protection des consommateurs à ce sujet.

Que pensez-vous du rachat de Monoprix par IBL et son impact sur les consommateurs  ?
Il nous faut être tout le temps sur nos gardes. Veiller à ce que la concurrence ne soit pas déloyale et qu’un monopole ne pervertit pas les règles du jeu d’une concurrence saine sur le marché. La Compétition Commission of Mauritius (CCM) enquête et on attend son rapport avec impatience.

 

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