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Impact de la Covid-19 sur le secteur touristique : un jeune père de famille contraint à se reconvertir

Thierry Sooben
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À 33 ans, alors qu’il a toujours travaillé dans le domaine touristique, il s’est retrouvé obligé de chercher ailleurs afin de subvenir aux besoins de sa famille. La pandémie a eu un impact direct sur son métier. Cet ancien guide peine aujourd’hui à s’en sortir, et espère que les autorités apportent de l’aide concrète à ce secteur. 

Thierry Sooben
Thierry Sooben garde le sourire malgré 
les difficultés.

Les jours passent et se ressemblent. Pour Thierry Sooben de Belle-Rose, chaque jour devient un peu plus difficile. Même s’il ne veut pas se plaindre et s’apitoyer sur son sort, sachant que d’autres personnes sont dans des situations encore plus complexes que lui, il ne peut s’empêcher de rêver de pouvoir, bientôt, reprendre du service dans son domaine de prédilection, le tourisme. 

Cela n’a pas été si facile, mais heureusement que j’ai pu trouver quelque chose dans le domaine de la livraison en ligne."

Le jeune homme a travaillé comme guide touristique pendant des années, mettant sa passion au service des touristes. Loin de n’être qu’un travail, ce fut l’occasion pour lui d’apprendre sur les autres pays et de faire découvrir les faces cachées de notre belle île aux étrangers. « Je m’occupais également du transport des touristes, des arrivées et des départs à l’aéroport » explique Thierry. Malgré sa vie de famille bien remplie, il se donnait corps et âme à son métier. « Je me rendais au travail tous les jours dès 5 heures du matin, et souvent, je n’étais pas de retour avant 22 heures. Je travaillais aussi les weekends ». 

Rs 1,6 million pour son véhicule 

Cependant, la Covid-19 est venue tout changer. « Du jour au lendemain, je me suis retrouvé à la maison. Les premiers jours, j’étais content de me retrouver avec ma petite famille. Je passais beaucoup de temps avec mon fils et cela lui faisait plaisir de me savoir à la maison. Cependant, les problèmes financiers se sont vite fait ressentir. Nous avons eu des difficultés à honorer les mensualités, surtout pour le véhicule que j’avais acheté dans le cadre du travail. » Cela a coûté Rs 1,6 million à Thierry. « Puis, d’autres problèmes financiers ont fait surface. J’ai dû m’appuyer sur ma femme pendant quelques mois et heureusement que nous avons aussi eu le soutien de quelques proches. » 


Thierry SoobenNe pouvant plus garder la tête hors de l’eau, Thierry décide de chercher de l’emploi dans d’autres secteurs. « Cela n’a pas été si facile, mais heureusement que j’ai pu trouver quelque chose dans le domaine de la livraison en ligne. Cela m’aide beaucoup. Cependant, avec le retard accumulé pour le paiement de mon véhicule, je n’ai pas pu le garder. J’ai bien essayé de négocier et de demander un moratoire, mais en vain. Ils m’ont menacé de venir saisir le véhicule et je n’ai pas eu d’autres choix que de le leur retourner ». C’est avec le coeur gros qu’il l’a fait, nous dit-il, « car j’ai perdu tout l’argent que j’avais investi. » 

Estimant que le secteur touristique ne décollera pas avant au moins deux ans, il explique que, pour subvenir aux besoins de sa famille, il est prêt à faire d’autres jobs. Son objectif en ce moment, affirme-t-il, est de survivre. Il avoue, cependant, qu’une fois que le tourisme redémarrera, il sera ravi d’y retourner, même si ce secteur restera désormais un secteur à risque. Cependant, il aura beaucoup de mal à reprendre. « Sans mon véhicule, qui est mon outil de travail, ce sera dur. Mais je ne baisse pas les bras. » Il souhaite que les autorités le soutiennent et plaide pour un moratoire pour les personnes comme lui qui sont à genoux aujourd’hui à cause de la pandémie. 

Il ne peut s’empêcher de rêver de pouvoir, bientôt, reprendre du service dans son domaine de prédilection, le tourisme."

En attendant, le père de famille ne compte pas baisser les bras. C’est avec la joie de vivre chaque matin, qu’il se rend au travail, content de pouvoir en avoir un. 
 


La situation des self-employed toujours critique, selon Ti Travayer Malere 

Les personnes qui travaillent à leur compte, surtout dans le secteur touristique, voient rouge, selon le porte-parole de Ti Travayer Malere, Stephane Maurimoothoo. Cette plateforme a vu le jour pendant le confinement et compte de plus en plus d’adhérents et de sympathisants. « À ce jour, le constat est alarmant. Dans le secteur touristique, beaucoup d’entreprises se retrouvent dans le gouffre. Certains ont mis la clé sous le paillasson, d’autres sont endettés jusqu’au cou et ont perdu tout leur investissement. » 

Il ajoute que ces personnes se sentent abandonnées aujourd’hui, car il n’y a pas de soutien concret pour leur venir en aide. « Ena ban sekter inn gayn Rs 100 000 me pa tou dimoun kinn gayne ». Il estime que les autorités auraient dû venir avec des mesures pour aider ces individus. « Aujourd’hui, ils sont en train de tout perdre, car ils sont repoussés par les secteurs financiers alors qu’ils essaient d’échapper à la fermeture. Les banques ne leur accordent pas de crédit et les maisons de crédit refusent de traiter leurs dossiers. » 
Selon lui, il faut réorganiser ou complètement réinventer ce secteur. « Ena lezot sekter pe soufer, kot ou panse zot pou gayn travay. Mo panse ban otorite kapav soukontrakte sertin sekter ». Il déplore que, sans soutien, avec la Covid-19 et la dévaluation de la roupie, certains secteurs ne pourront pas redémarrer. 

Stephane Maurimoothoo avance qu’il a envoyé un courrier au Bureau du Premier ministre et à celui du ministre des Finances pour faire part de leurs doléances, et demander des moyens de subsistance ou des alternatives.

 

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