Henri, chauffeur de taxi à Mahébourg : victime de deux violentes attaques en 14 ans, le septuagénaire relate ses mésaventures

De nos jours, être chauffeur de taxi, n’est pas sans risques. Henri (prénom modifié), âgé de 75 ans, en sait quelque chose. Travaillant à Mahébourg, il a frôlé la mort à deux reprises en exerçant son métier. En 2010, il a été violemment agressé, ligoté, et sa voiture volée. Puis, 14 ans plus tard, sous la menace d'une arme tranchante, il est à nouveau dépouillé par un passager. Voici son récit glaçant.

Avec plus de 24 années d’expérience en tant que chauffeur de taxi, Henri en a vu de toutes les couleurs, frôlant le pire à deux reprises durant sa carrière. La dernière en date remonte au jeudi 23 mai 2024 quand il a été menacé et agressé par un passager. Une attaque qui lui rappelle un sombre souvenir datant de 14 ans, lorsqu'en effectuant une course, il avait vécu un cauchemar entre les griffes de deux passagers au comportement violent. Ces derniers l'avaient agressé et ligoté avant de voler sa voiture (voir hors texte). D’ailleurs, ayant survécu à cette attaque à main armée en 2010, il avait pris la décision de ne plus transporter d'inconnus par mesure de sécurité : « Depi ki problem la vini, li pa roule mem asoir, li pa fer course mariage, li just pe transport dimoune dan landrwa, me get ki dimoune dan landrwa in fer li », confie son épouse, toute bouleversée, au Défi Plus.

Menacé avec un cutter

Cependant, toutes ses précautions n’ont servi à rien. Le 23 mai, il a été à nouveau victime d’une agression. Au quotidien, le septuagénaire assure les trajets aller-retour Mahébourg - Rivière-des-Créoles. Ce jour-là, il a pris en charge trois passagers. Deux d'entre eux sont descendus à leurs destinations respectives. Le troisième a pris place sur le siège arrière et lui a demandé de le déposer près d’un cimetière, mais en chemin, il a attaqué Henri. Ce dernier relate : « Ti enn zenes-la, mo pas conne li. Li tir so cutter ek li met so la main lor mo poche, li pran largent cash ».

Le chauffeur de taxi a eu l'intelligence d'actionner les freins brusquement. Ensuite, déterminé à ne pas se laisser faire, il s'est défendu avec force. « Mo ti panikem me mon lager avek li. Mon resi trap so cutter ki bless li. Disan inn fane,lor mo chemis apre li dire mwa donn li kas », confie-t-il. Au final, c’est son agresseur qui a eu le dessus. Après avoir mis la main sur la somme de Rs 3 300 en possession de Henri, il a quitté à toute vitesse le taxi avant de prendre la fuite. Le septuagénaire, quant à lui, s’est précipité à son domicile où il a alerté son épouse âgée de 64 ans. Cette dernière relate : « Mo trouver so linz ena di sang mon gagn per, so pos dechirer mone croire lin faire accident, li dir moi voler ine agresse li ine pren so kass, mone gagne peur ». 

Le travail de la police salué

Sans tarder, le couple s’est rendu à la Criminal Investigation Division (CID) de Mahébourg où les policiers ont ouvert immédiatement une enquête, sous la houlette de l’inspecteur Jugasing et du sergent Goodur. Après avoir obtenu une description du voleur, les limiers ont arpenté les rues de Mahébourg et leurs efforts ont vite porté leurs fruits. En effet, après être parvenus à retracer le présumé voleur, ils interpellent ce dernier, un dénommé Ansley Emmanuel Dorcy, âgé de 23 ans. Blessé sur diverses parties du corps, il est soumis à un interrogatoire où il avoue avoir menacé et attaqué le chauffeur de taxi. « Mo finn kokin enn sofer taxi ek mo finn blese », a-t-il déclaré. La police a retrouvé sur lui l’argent dérobé à la victime. 

Henri, pour sa part, est sous le choc, car le suspect est issu du même quartier que lui. « Nou pa ti panse dimoune dan landrwa pou fer sa, nou kone so bann fami », explique-t-il, désabusé. Sa femme salue, elle, le travail effectué par la police. « Ban CID Mahebourg inn bien travay, inn resi gagne misie la, inn retourne mo misie so cash. Bann dimoune abitier kritik lapolis, selma CID Mahebourg inn fer enn tres bon travay », fait-elle ressortir. 

Le suspect, accusé de vol, demeure en cellule policière.