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Immigration : le Canada ferme le robinet au détriment des Mauriciens

Immigrer au Canada risque d’être plus compliqué.

Le gouvernement fédéral réduira le nombre de travailleurs étrangers temporaires au Canada. Ceci aura un impact conséquent pour les Mauriciens qui souhaitent émigrer au Canada.

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Mauvaise nouvelle pour ceux qui ont des plans pour s’installer ailleurs. Destination d’émigration préférée des Mauriciens, avec environ 5 000 demandes en 2023, le Canada resserre ses conditions d’immigration à partir de septembre. 

Le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé, lundi, que le gouvernement fédéral réduira le nombre de travailleurs étrangers temporaires au Canada après une hausse historique qui, selon certains experts, a contribué au chômage parmi les immigrants et les jeunes. En outre, une diminution du nombre de résidents permanents et d’étudiants étrangers est également envisagée.  Ceci aura un impact conséquent pour les Mauriciens qui souhaitent émigrer au Canada. Ceux qui sont déjà au Canada ne devraient toutefois pas être trop affectés. 

Ce changement marque une rupture après des années d’augmentation des niveaux d’immigration sous le gouvernement libéral canadien. Celui-ci avait assoupli les restrictions pour les travailleurs étrangers temporaires (TET) lors d’une grave pénurie de main-d’œuvre post-COVID-19 - une décision qui a conduit, en particulier, à une augmentation du nombre de travailleurs à bas salaire. Le nombre de permis émis sous le régime Temporary Foreign Workers (TFW) sera fortement réduit.

Amalsingh Badal, directeur de Lifetime Immigration, une des principales agences facilitant l’immigration de Mauriciens au Canada, concède que c’est un coup dur pour ceux qui veulent venir. « Presque la totalité des Mauriciens viennent sous un permis de travail à bas salaire. À partir du 3 septembre, ils ne pourront plus venir, car les autorités canadiennes arrêtent temporairement de process ce type de permis. Sous le régime TFW, il y a deux catégories, celles concernant les permis de travail à bas salaire, c’est-à-dire que ces travailleurs viennent pour être payés en-dessous du salaire médian canadien. L’autre catégorie concerne ceux qui sont recrutés à des salaires supérieurs que le salaire médian. Or, presque la totalité des Mauriciens vient via un permis de travail à bas salaire », explique Amalsingh Badal.

Ce constat est partagé par une autre agence. « Il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact, mais je pense qu’il sera important. Ce sera plus compliqué pour les Mauriciens d’aller au Canada sous un permis de travail, à moins que les employeurs ne décident de payer des salaires au-dessus du salaire médian », explique la directrice d’une des grandes agences de la place.

Il y aura cependant quelques exceptions. Dans les zones où il y a un taux de chômage de moins de 6 %, les employeurs pourront encore embaucher des TET à bas salaire avec des exceptions limitées pour les « secteurs de la sécurité alimentaire » comme l'agriculture, la transformation alimentaire et piscicole ainsi que la construction et les soins de santé où des pénuries aiguës de personnel existent encore. Toutefois, il s’agit ici de villes et villages plutôt isolés et peu populaires auprès de ceux qui veulent s’installer au Canada.

Par ailleurs, les employeurs ne pourront plus recruter plus de 10 % de leur personnel via le programme TET, et les contrats pour les travailleurs à bas salaire seront désormais limités à un an, contre deux ans actuellement. Le Premier ministre Justin Trudeau a justifié ces mesures en soulignant : « Nous avons besoin que les entreprises canadiennes investissent dans la formation et la technologie plutôt que d’augmenter leur dépendance à une main-d’œuvre étrangère à faible coût. Ce n’est pas juste pour les Canadiens qui ont du mal à trouver un bon emploi, et ce n’est pas juste pour ces travailleurs étrangers temporaires, dont certains sont maltraités et exploités. »

Les étudiants mauriciens aussi

Le taux de chômage des immigrants est désormais de 11,6 %, contre 6,4 % pour l’ensemble de la population. Les jeunes, âgés de 15 à 24 ans, sont encore plus touchés avec un taux de chômage de 13,5 %. « Un des soucis est que les Canadiens ne parviennent pas à trouver un emploi pour débuter leur carrière car les places sont déjà prises par des immigrants. Cela finit par créer de la frustration. C’est une façon pour eux de corriger certaines anomalies », affirme Amalsingh Badal. Amalsingh Badal estime que le nombre de Mauriciens détenteurs d’un permis de travail au Canada est de 10 000. Beaucoup espèrent obtenir ensuite un permis de résidence permanente. 

En 2021, 1 041 Mauriciens étaient au Canada avec un visa étudiant. Les permis d’étudiants seront également réduits de moitié pour éviter les abus et la pression sur le marché du logement, où les loyers ont fortement augmenté. 

« Avec la venue en masse d’étrangers avec des permis de travail à bas salaire et des permis d’étudiants, le marché du logement n’a pu suivre avec comme conséquence une très forte hausse des loyers », dit le directeur de Lifetime Immigration.

Depuis trois ans, le nombre de résidents non permanents au Canada a plus que doublé, atteignant près de 2,8 millions. Selon les données de 2021, la diaspora mauricienne au Canada est estimée entre 26 200 et 60 000 familles. Le recensement de 2021 indique 13 755 Canadiens d'origine mauricienne.

 

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